Aujourd’hui, un article un peu spécial, qui va jongler entre l’article d’information et le test terrain.
En effet, il y a quelque temps de ça, je vous avais écrit un article sur le marché de l’occasion – à lire pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait -, où je vous annonçais que je ferais un billet spécial sur le matériel reconditionné.
Je profite donc que Leica Suisse a eu la gentillesse de me prêter un Leica S, appareil photo moyen format, pour joindre l’utile à l’agréable et vous livrer un petit test de ce modèle et vous faire connaitre le marché des appareils reconditionnés.
Pourquoi le faire ainsi ?
La raison est simple, Leica va me prêter très prochainement (en septembre) leur tout dernier bébé, le Leica S 007, premier boîtier moyen format de la marque qui aura un capteur CMOS, en attendant, ils m’ont prêté une version plus ancienne du Leica S, afin que je puisse voir les évolutions et les différences avec le S 007
Comme il s’agit justement d’une version que l’on trouve sur le marché des appareils reconditionnés, je pensais pertinent de faire d’une pierre deux coups, vous parler de ce marché spécifique et vous faire profiter d’un petit test de ce Leica, ce qui me permet en prime de vous présenter la marque.
Je tiens à préciser que le test n’ira pas aussi en profondeur que mes tests habituels, ceci pour deux raisons:
- Comme cet article aborde deux sujets, pour qu’il ne traine pas en longueur je prends sur moi de ne pas l’alourdir.
- Comme je vais tester le tout dernier Leica S courant septembre, je profiterai de ce moment-là pour vous faire un article vraiment détaillé en m’appuyant sur celui-ci pour mettre en avant les différences.
Voyez ce petit test comme une sorte d’introduction du blog dans le monde de Leica qui, je l’espère, aura de nombreux tests ici même.
Avant de commencer avec le test de la bête …
Un peu d’histoire :
Qui ne connait pas Leica? Je pense que très peu de monde est ignorant de la marque cerclée de rouge, qui est l’une des plus mythiques de notre passion.
Le logo est reconnaissable entre mille et même les plus néophytes le connaissent.
Mais combien de personnes connaissent vraiment l’histoire de cette marque, combien de personnes savent pourquoi elle est justement aussi mythique et que la simple évocation de son nom est devenue synonyme de qualité.
Sans entrer dans un cours d’histoire barbant, il faut savoir que c’est Leica qui a imposé le standard 24*36 à la photo, c’est en effet Oskar Barnack qui a eu la riche idée de prendre les négatifs utilisés au cinéma, de les tourner dans l’autre sens pour les adapter à la photo, et ainsi pouvoir créer des appareils bien plus compacts et faciles à utiliser.
La photo, qui était difficile car les appareils étaient grands, lourds et encombrants, va devenir, grâce à cette bonne idée, bien plus facile d’utilisation.
Cette riche idée couplée à leur savoir-faire en matière d’optique de haut vol, à poussé la marque en avant et à réussi à séduire des photographes majeurs de l’histoire de la photo, comme Henri Cartier-Bresson et Robert Capa.
Il n’en fallait pas plus pour que la marque entre dans la légende, rende la photo plus simple, avec une qualité superlative qui est la marque de fabrique de Leica.
Mais revenons à notre test du …
Leica S :
Si la plupart des gens connaissent Leica, ils ont plus en tête leurs appareils télémétriques qu’autre chose, pourtant, Leica ne se contente pas de ses télémétriques.
En effet, Leica a décidé, il y a déjà de ça plusieurs années de montrer son savoir faire dans le domaine du moyen format numérique.
Pour ça, ils partent à la base du Leica R et vont, dans un premier temps, le doter d’un capteur carré, avant de rapidement changer et y placer un capteur moyen format de 30 * 45 mm avec une résolution de 37,5 millions de pixels, qui est resté la même depuis pour toutes les évolutions du Leica S.
Le nombre de pixels choisi par Leica n’est pas tout à fait du hasard, il est là pour obtenir un nombre de photosites suffisamment grand pour offrir une qualité d’image dans la plupart des conditions de prise de vues.
C’est tellement vrai, que même le dernier-né, le Leica S 007 garde également 37,5 millions de pixels.
Il faut dire que Leica n’est pas tributaire des fabricants de capteurs, les CCD ou CMOS de la gamme S sont réalisés par la marque.
Le Leica S a été réfléchi pour sortir des studios, c’est ainsi que Leica lui a donné une forme basée sur un reflex.
Pour pratiquer la photo MF au quotidien, je dois bien reconnaitre que l’idée est très bonne, et ceci pour plusieurs raisons que je détaillerai dans la partie ergonomie.
Ils l’ont également bien protégé, avec des joints aux endroits stratégiques afin qu’il soit moins sensible aux éléments extérieurs tels que la pluie, la poussière et les chocs et finalement, ils l’ont doté d’une vitesse d’obturation de 1/4’000 de seconde pour répondre à une large palette de besoins.
Les objectifs de la gamme S sont à obturateur central, ce qui permet une synchro flash jusqu’à 1/500s et comme on peut monter d’autres objectifs sur l’engin grâce à des adaptateurs, il est aussi pourvu d’un obturateur à rideau traditionnel.
Mais pour mieux le découvrir, regardons ensemble les détails en commençant par son …
Ergonomie :
La première chose que l’on remarque quand on se penche sur l’ergonomie du Leica S, c’est son apparence de boitier reflex. Cela peut sembler anodin, mais c’est un vrai plus.
En effet, de la taille d’un boîtier expert/pro “normal”, difficile de savoir que l’on a entre les mains un moyen format, un peu de gaffer bien placé et nous voilà en mode “discret”.
Si on compare aux MF du type PhaseOne ou Hasselbad, l’apparence est bien plus sobre et dans certaines situations, c’est un confort non négligeable, car en plus d’être discret, la prise en main gagne en ergonomie avec ce type de boîtier.
Le deuxième point que l’on remarque tout de suite, c’est son côté minimaliste.
En effet, comme on peut le constater, très peu de boutons se trouvent sur le boîtier et il faut avouer que lorsqu’on voit les autres appareils qui ont presque une acné juvénile, on se demande s’ils n’ont rien oublié.
Mais non, tout est là, sauf que les ingénieurs de Leica ont juste fait un travail très poussé sur l’ergonomie de l’engin, ce qui permet de diminuer le nombre de boutons tout en gardant un contrôle parfait et aisé de tous les paramètres, ce qui est plus que très bien pensé.
Sur le dessus de l’appareil, une simple molette avec l’indication des vitesses et un mode auto. Sur la face arrière, on trouve une roue codeuse “cliquable”, qui va nous permettre de gérer les différents mode, P, S, A, M. On trouve également un bouton configurable (que personnellement j’ai utilisé pour la mise au point) et finalement, 4 boutons autour de l’écran pour naviguer dans les menus.
Au-delà de ça et mis à part le sélecteur pour allumer l’appareil, il n’y a rien d’autre.
Tout est fait de façon ultra simple et logique, j’irais un peu plus en profondeur lors du test du Leica S 007, mais ce qu’il faut retenir, c’est que Leica a pensé l’appareil de façon un peu différente de ce que l’on voit habituellement, ça peut paraître légèrement déroutant, mais au final, cette logique fait sens.
Pour ce qui est de la prise en main, on a droit à une très belle poignée bien dessinée avec un grip de qualité, qui offre une très bonne préhension.
La répartition du poids est très bien équilibrée pour un bon confort, même sur une longue période d’activité.
L’écran LCD sur le capot supérieur est en couleur, petite astuce, qui permet de reconnaitre en un coup d’œil très rapide où se situe les différentes informations dont on a besoin, car elles ont chacune leur code couleur et leur taille spécifique selon le mode choisi.
Pour ce qui est de la taille et du poids, comme expliqué plus haut, on est proche des “gros reflex”, type Canon EOS 1Dx ou Nikon D4s, le grip vertical en moins.
Autant dire, et nous le verrons d’autant plus en septembre, que l’ergonomie est particulièrement soignée, en est-il de même pour …
La qualité d’image:
Le Leica S est pourvu d’un capteur CCD de 37,5 millions de pixels pour une taille de 30*45mm, ce qui est un peu plus petit que les capteurs “plein format” des systèmes Hasselblad et PhaseOne, comme on peut le voir sur l’illustration:
Il est très proche en taille des capteurs que l’on trouve sur le PhaseOne IQ250 ou encore le 50C de Hasselblad, qui font 44*33mm, comme on peut le constater, on joue dans la même catégorie.
Ce qu’il faut savoir, c’est que Leica a fait le pari de présenter un appareil moyen format en limitant volontairement le nombre de pixels, avec 37,5 ils obtiennent des photosites de 6µ, ce qui permet une meilleure gestion du bruit numérique et une montée en ISO de fait plus efficace à capteur équivalant.
Leica reste d’ailleurs dans l’idée de ne pas surpixeliser leurs appareils, le nouveau Leica S 007 gardera le même ratio de pixels que les anciens modèles.
Sur le papier, c’est très joli, mais la grande question est de savoir si, dans la réalité des faits, ce surplus de qualité reste tangible.
Je ne vais pas vous étonner en vous disant que la réponse penche plutôt du côté du oui.
Si à bas ISO la différence n’est pas réellement visible, quand on monte dans les valeurs, on peut constater qu’il en a encore sous le coude et qu’on peut envisager sereinement une photo à 800 ISO.
Ce qui donne l’eau à la bouche quand on imagine ce que cela pourra donner avec un capteur CMOS, qui gère encore bien mieux la montée en hauts ISO.
L’autofocus :
Leica annonce que les boîtiers S ont les meilleurs AF du marché en moyen format.
Pour avoir testé beaucoup de boîtiers MF, je dois reconnaître qu’ils ont plutôt raison et qu’il est rapide sans être une bête de course, on est loin de la qualité et de la réponse d’un reflex.
L’AF n’a qu’un capteur central, bien discriminant et plutôt rapide sur ce genre de boîtier.
Il ne faut évidement pas compter suivre un oiseau en vol, mais il saura réagir promptement sur un shooting portrait, de plus, la possibilité de configurer le bouton arrière pour contrôler l’AF rend l’utilisation très agréable.
Il est clair que l’on rêve tous d’un MF avec un vrai AF digne de ce nom, en attendant ce “miracle” Leica s’en sort haut la main!
Et finalement ?
Certes, ce test est très court et ne vas pas en profondeur, mais comme expliqué plus haut, je réserve un test bien plus développé pour la nouvelle version du Leica S, où nous verrons par le détail ce qu’il a dans le ventre.
Ce que je peux dire pour l’appareil que j’ai testé, c’est que j’ai eu entre les mains un boîtier qui a vraiment su me séduire, la façon dont il est pensé, les détails de construction et d’ergonomie, la qualité des fichiers me font “craquer” pour cet appareil, un moyen format avec toutes les qualités (ou presque) d’un reflex.
Je vais être un peu redondant, mais promis, lors du test de septembre, je serais bien plus généreux sur les détails du Leica S 007 avec les différences entre la nouvelle et l’ancienne génération mises bien avant, ce qui permettra d’avoir une vision bien plus complète.
Maintenant, penchons-nous sur l’acquisition de tels appareils avec …
Le reconditionnement :
Comme je l’ai expliqué dans plusieurs de mes billets, le moyen format fait rêver bon nombre de photographes, malheureusement, le ticket d’entrée dans ce monde est plutôt coûteux, ce qui pour beaucoup est synonyme que leur rêve de MF ne restera qu’un rêve.
Il existe pourtant un moyen d’accéder “plus facilement” au Graal, et pour ça, il faut se tourner du côté du marché de l’occasion.
Attention, je parle ici d’un marché de l’occasion un peu spécifique, vu qu’il ne s’agit pas de vente de particulier à particulier, ni de vente d’un magasin, qui aurait fait un rachat à un particulier pour pouvoir le revendre.
Je parle ici de boîtiers d’occasion proposés directement par la marque, dans notre exemple du jour, Leica.
Pour s’orienter sur ce type de marché, il faut évidement accepter de ne pas toujours vouloir le dernier modèle et c’est plus facile sur le moyen format, en effet, même s’il y a une certaine évolution dans cette gamme, elle est toujours un peu plus mesurée que sur les reflex, bien que certaines marques ont clairement freiné le renouvellement de leur gamme.
Si on prend le Leica S, entre le Leica S2 P et le Leica S 006, les différences sont ténues, bien sûr, entre le S 006 et le S 007 il y aura un plus gros changement, au vu de la mise en place du CMOS en remplacement du CCD, mais pour le reste, encore une fois, les grandes lignes sont les mêmes.
Alors, la grande question que l’on est en droit de se poser, c’est de savoir quelles sont les différences entre …
Le marché de l’occasion traditionnelle et le reconditionnement :
Pour le marché de l’occasion traditionnelle, vous pouvez aller lire mon article sur le sujet: Cliquez ICI, ainsi vous aurez une bonne idée des points les plus importants.
La différence avec le reconditionnement est en fait très simple, imaginez la situation suivante.
Un client a acheté le Leica S 006 neuf, après l’avoir utilisé quelque temps, il veut passer au Leica S 007 pour avoir le dernier modèle.
Leica va alors proposer une reprise, l’appareil va retourner à l’usine ou il sera contrôlé de fond en comble, toutes les pièces seront révisées et/ou remplacées au besoin.
De là, s’il passe les “tests” et que sa qualité est optimale, il va être reconditionné et repartir sur le marché, directement mis en vente par Leica.
Voilà comment on peut envisager l’achat d’un appareil “presque” neuf pour moins de 20% du prix de vente catalogue!
Ce qui dans le cas du Leica S, nous permet d’envisager notre ticket dans le monde du moyen format pour le prix d’un système reflex pro, soit l’équivalent d’un Canon EOS 1Dx et un objectif de qualité, comme le 24-70mm f/2,8 L USM II.
Alors certes, cela peut sembler encore un peu cher pour certaines bourses, mais bien plus envisageable que le prix du neuf pour des appareils à la qualité exceptionnelle, presque neuf.
Conclusion:
Je connais au moins 6 de mes lecteurs, qui envisagent sérieusement de passer au moyen format, mais qui ne pouvaient envisager ce genre d’investissement au prix du neuf.
Avec cette petite astuce, l’idée de faire un premier pas dans ce cosmos un peu particulier devient vraiment envisageable.
Je dirai que malheureusement, c’est bien dommage que le même genre de pratique n’existe pas avec des appareils plus modestes.
Pour finir, j’espère vraiment que cette façon un peu originale d’avoir présenté les choses vous aura fait plaisir.
N’hésitez pas à me donner un retour sur cette façon de faire, car j’envisage sérieusement de présenter certains tests de façon un peu plus innovante, suivant une astuce en plus d’un test.
Bon courage et bonnes photos