Une fois n’est pas coutume, je me permets de vous présenter un photographe que j’admire beaucoup et par son style et par sa façon de voir les images, mais aussi par sa personnalité attachante, c’est quelqu’un que j’apprécie énormément !
Il a fait de son art un enchantement pour nos yeux. Un festival de petites perles qu’on ne se lasse pas de regarder !
Il joue avec la PDC comme un grand musicien de son instrument. Ses flous tout en douceur mettent en avant le sujet de son image avec une dextérité que je lui envie.
Que ce soit en couleur ou en noir et blanc, il sait nous toucher avec ses photos pleines de douceur et de poésie.
Il m’arrive souvent de faire des images en m’inspirant des siennes, comme un fan que je suis.
Je vous présente Jérôme Delfosse !
Vous avez certainement croisé quelques une des ses réalisations dans des magazines comme Chasseur d’Images.
Mais pour faire plus ample connaissance, je vous propose une petite interview de Jérôme.
Darth : En premier lieu, merci Jérôme d’avoir accepté cette interview !
Jérôme : Avec grand plaisir Darth. Il suffit de me lancer dans une discussion sur la photographie, et on ne m’arrête plus ! Alors, sur ton blog où, par définition, les lecteurs s’intéressent au sujet …
Darth : La question de base, comment es-tu arrivé à la photo ?
Jérôme : Naturellement.
Je veux dire que nombreux sont ceux d’entre nous qui éprouvent viscéralement le besoin de “créer”. Parmi ceux-ci, pourquoi certains sont plus attirés par la représentation en deux dimensions ?
Aucune idée, mais c’est mon cas. Et j’ai eu beau obtenir un 18/20 en dessin au baccalauréat, je vous certifie que je n’ai aucun talent pour cela.
J’ai dû le ressentir très jeune car, aussi loin que je me souvienne, je me suis intéressé à la dimension esthétique de la photographie. Même s’il m’importe culturellement, le versant documentaire de la photo n’est pas mon propos.
A la lecture de petits fascicules expliquant les bases techniques de la prise de vue, l’interrelation du couple diaphragme/vitesse d’obturation, je me suis senti frustré de ne pas pouvoir accéder à ces paramètres sur les instamatics et autres 110 de mon enfance.
Alors, à 14 ans (il y a donc 36 ans), je me suis offert sur mon argent de poche mon premier 24×36 avec « réglages », un Savoy-Royer d’occasion, équipé d’un 50 mm 1 :2,8 Berthiot.
Ma première planche contact consistait en successions de variations techniques sur un même sujet : pour résumer, je voulais constater de visu la différence entre la PO et l’hyperfocale. Et déjà, j’étais enthousiasmé par le rendu visuel d’un sujet net, comme « en relief », se détachant sur un arrière plan de dégradé progressif harmonieux.
Darth : As-tu tout de suite trouvé ton style ou c’est venu petit à petit ?
Jérôme : Disons qu’il y a longtemps que je tourne autour de la même idée de rendu, mais qu’il n’y a qu’une petite dizaine d’années que j’y reviens systématiquement, mais pas exclusivement.
Darth : Est-ce que tu continues à explorer de nouvelles idées, ou préfères-tu rester maitre de ton domaine ?
Jérôme : J’aime isoler un détail dans le cadre. La PO est une technique que je privilégie mais j’apprécie également la technique du clair obscur et celle du flou de bougé avec fixation du sujet au moyen du flash déclenché sur le second rideau. Je tourne pas mal autour de ça.
J’aime également beaucoup les sujets extrêments nets isolés dans un environnement dépouillé, à l’ultra grand angle pour augmenter la difficulté !
Darth : Curiosité de photographe, quel matériel utilises-tu ?
Jérôme : Exclusivement numérique depuis maintenant 6 ans, après un passage par le scan des diapositives.
Justement, à l’époque des pellicules, je m’étais équipé en canon après être resté longtemps fidèle à l’olympus OM1 acquis avec mon tout premier salaire, alors j’ai fait la bascule vers le numérique en restant chez canon.
Actuellement, j’ai un Canon EOS 5D à capteur 24×36 (très important pour moi) et les objectifs suivants :
17/40 1:4
50 1:1,2
200 1:2,8
Darth : En es-tu satisfait, ou envisages-tu d’évoluer ?
Jérôme : Pour le réflex, je ne compte pas changer dans l’immédiat, car il me comble véritablement. Bien sûr, son successeur à des atouts supplémentaires dont j’aurais bien l’usage, surtout l’anti-poussière, mais cela m’obligerait à changer mon ordinateur, et je préfère différer.
Par contre, j’ai passé il y a maintenant deux mois commande ferme du nouveau 24 1:1,4 et je suis très impatient de le recevoir.
Darth : Question difficile, quelle place accordes-tu au matériel justement ?
Jérôme : La place qu’il mérite ! Ça me passionne.
Je suis le premier à reconnaître qu’un chef d’œuvre peut sortir de n’importe quel matériel, même d’une boîte à sténopé.
J’ai par exemple passé de merveilleux moments, il y a plus de 30 ans, à gratter la surface de polaroids SX70 pendant le processus de développement.
Mais pour ce qui m’attire le plus en photo, le bokeh *- et certainement pas le flou gaussien qu’on peut générer en post-traitement – il est difficile de se passer d’objectifs très lumineux…
Et comme beaucoup de gens passionnés par une activité, le matériel permettant de l’exercer et devenu chez moi partie intégrante de la passion !
* tiré de wikipedia : bokeh – du japonais boke – flou – s’explique par une faible profondeur de champ dont l’aspect dépend de la conception de l’objectif et de la forme de son diaphragme. Ainsi, les plus grandes ouvertures permettent souvent les plus beaux bokeh grâce à l’aspect bien rond donné par le diaphragme et une transition plus franche avec la zone nette.
Darth : Dans ta production d’image, quelle est l’importance du posttraitement, et comment envisages-tu cette étape ?
Jérôme : Avec délectation car l’ordinateur permet de revenir aux fondamentaux de la photographie ; j’ai retrouvé tout le plaisir d’interprétation des négatifs sous l’agrandisseur avec un agrément d’usage sans commune mesure.
Raide dingue du noir et blanc, qui sublime formes et matières, je me régale à reconstituer l’émotion esthétique ressentie à la prise de vue d’après le magma sorti du capteur, ce qu’on appelle le fichier “raw”.
En effet, notre cerveau transfigure ce que voient nos yeux, et l’appareil photo n’en donne de prime abord qu’une bien fade version…
Darth : On trouve tes images sur ton site internet (Voir ICI) et aussi dans différents numéros de chasseur d’image, envisages-tu une expo, un livre ?
Jérôme : Attention ; je suis amateur.
De toute façon, je n’ai jamais su vendre. J’ai toujours du remords, l’impression de voler si je demande un bénéfice.
Paradoxalement, je suis toujours très fier de vendre un de mes tirages à qui l’apprécie.
J’ai deux expositions programmées cette année :
En mai-juin, je présenterai à la Galerie « la Maison de Brian », à Simiane la Rotonde, Alpes de Hautes-Provence, les carrés 50 x 50 et 60 x 60 de ma série « Epures au bord de l’eau » que j’avais exposé en septembre dernier lors des 3 jours de la manifestation « Arts Contemporains » de Serres, Hautes-Alpes.
Et en septembre, à Serres justement, lors de la session 2009 de la même manifestation, je présenterai un travail fait en commun avec mon ami sculpteur Eugène Pinéro-Balestegui (son site : http://www.eugenepinero.com/ ). Il s’agit de « portraits » de ses sculptures pris au travers d’un vieux miroir tout piqueté et présentés en vis-à-vis des œuvres, sur papier « fine art » et sous maries-louises en fer rouillé . Tout un programme !
Darth : Tu vas un peu partager ton expérience maintenant, si tu avais un conseil à donner à débutant, qu’elle serait tes mots et recommandations ?
Jérôme : On part du principe qu’il s’agit d’une personne qui aime faire des photos, qui a des désirs en terme de rendu graphique, mais à qui manquent les bases techniques ?
Faire des gammes !
C’est facile avec le numérique.
Acheter un reflex à capteur 16 x 24 avec un objectif de 50 mm 1:1,7 ou 1:1,8, soit moins de 600 € neuf. Sans parler de l’occasion.
Ne pas s’occuper de post-traitement dans un premier temps.
Expérimenter :
– Cadrage, composition, étagement des plans,
– variations autour de la profondeur de champ en jouant avec l’ouverture de diaph et la distance de mise au point,
– tester toutes les variantes liées à la vitesse d’obturation, depuis la possibilité de figer le mouvement, en s’aidant du flash éventuellement, jusqu’au « filé » accompagnant le déplacement du sujet,
– utilisation des situations de clair obscur avec la mesure spot sur le sujet éclairé, à contrario sous-exposition d’une scène illuminée pour faire ressortir la matière et les couleurs …
Il y a de quoi faire, et quand on commence à maîtriser tout ceci, c’est-à-dire quand on l’applique presque sans y penser, on s’aperçoit que le résultat obtenu correspond plus souvent à l’intention de départ ; quand je fais une sortie, je suis satisfait si j’en rapporte une « bonne photo ».
Darth : Quels sont les photographes que tu admires ?
Jérôme : Cartier-Bresson, Jean-Loup Sieff, Ansel Adams, Patrick Caloz (http://www.stenopes.com/Accueil.html), Michael Kenna … et tellement d’autres.
Darth : Qu’elle est ta photo préférée, de ta production et d’un autre photographe ?
Jérôme : La mienne, la prochaine je l’espère.
Bon, c’est une pirouette car ce n’est pas si simple.
Pour m’en tirer, je vais dire quelle est celle de mes photos que je préfère actuellement. C’est celle-ci :
D’un autre photographe ?
J’ai toujours été fasciné par les reflets, les cadres dans le cadre, alors je dirais : « Reflets de moi-même et de mes falaises » 1966, Bill Brandt.
Darth : Que peut-on te souhaiter pour ton avenir photographique ?
Jérôme : Du temps. Le reste, l’envie et les idées, je ne pense pas les perdre.
Darth : Un dernier mot ?
Jérôme : Je suis sincèrement très flatté de l’attention que tu veux bien accorder à mes images. Merci beaucoup !
Darth : Encore une fois merci de m’avoir accordé un peu de temps pour cette interview.
En conclusion je dirais, courez sur son site voir ses magnifiques photos !
Personnellement je suis fan, je suis certain que vous allez l’être aussi!
Bon courage et bonne photo.