Revenons donc au sujet qui nous intéresse le plus, la photo.
Comme vous le savez certainement, chaque début de mois je vous propose un jeu nommé “Mais Qu’est-ce”, celui qui gagne a le droit de me proposer un sujet d’article.
Dernièrement, c’est notre ami et excellent photographe blogueur, Pyrros qui à remporté la victoire et qui m’a demandé d’écrire un article sur un sujet sensible:
Je souhaite que tu abordes le thème de ”l’ego du photographe” dans un article du même nom en au moins deux parties qui aborderont le matériel du photographe et de la diminution du coût des photos par l’utilisation massive des microstocks, des concours et autres miroirs aux alouettes
Autant dire qu’il y a de quoi écrire, mais qu’il est tout de même difficile de présenter un tel sujet.
Mais je suis pour relever les défis, alors, allons-y!
En premiers lieux, et avant de faire une analyse de la situation actuelle, il nous faut entrer dans les méandres de nos têtes en essayant d’expliquer ce qu’est…
L’égo du photographe:
On peut presque se demander si le simple fait d’aimer la photo, quelque part, ne fait pas de nous des personnes qui apprécient que l’on flatte leur égo?
Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je ne dis pas que tous les photographes ont un égo surdimensionné, mais il faut reconnaitre que certaines choses nous flattent.
Par exemple quand quelqu’un nous dit que notre photo est très belle, quand un magazine nous offre une publication, quand quelqu’un achète l’une de nos photos…etc.
Que l’on vive ou non de la photo, certains événements nous flattent, bien entendu, les événements qui nous flattent n’ont pas la même portée d’un individu à l’autre.
Dans la grande majorité des cas, si les photographes aiment les compliments et autres reconnaissances, cela n’est pas une obsession et se trouve être un plaisir des plus normal.
Comme on dit: ni trop, ni trop peu, le juste milieu.
Malheureusement, certains ont un vrai besoin de reconnaissance, une sorte de quête sans fin pour qu’on les remarque.
Aujourd’hui nous allons nous attarder, selon la demande de Pyrros, sur deux cas précis, commençons par…
Je flatte mon égo à travers mon matériel:
C’est un des cas les plus classiques et qui à tendance à me faire sourire.
Je comprends qu’une personne puisse être “fière” de son matériel.
On achète un bel objectif, on est content de son achat, quelqu’un nous fait une remarque du genre: “Wouha, ça, c’est un bel objectif” on va sentir poindre une pointe de fierté.
Toutefois, l’achat n’aura pas été dicté par ce que vont penser les autres, mais bien pour l’utilité que l’ont va retirer d’un tel objet.
Mais certains ne voient pas la chose de la même façon et achète du matériel photo, surtout pour parader avec, montrer qu’ils ont le dernier boitier, le dernier objectif.
On les reconnait facilement, ils parlent beaucoup de leur matériel et ne font que très peu de photos. D’ailleurs, les seules photos qu’ils ont tendance à nous montrer sont des images faites pour prouver la qualité de leur acquisition.
Ils ont aussi cette tendance à aduler un jour et détester le jour d’après.
Je me suis offert le dernier Canikon 324xd c’est ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle, c’est un appareil sans défaut, la perfection sur terre.
Et avant même l’annonce du prochain, ce pauvre appareil commence à avoir tous les défauts du monde, tout ce qui faisait sa force a subitement disparue.
On trouve aussi ceux qui ont la manie de switcher de marque en marque, s’offrant du matériel dans la marque Nikanon, puis trouvant le concurrent bien meilleur, revend le tout pour repartir chez Canikon!
Entre ces deux types de personnes, on trouve toute une palette de gens avec plus ou moins les mêmes tendances que je viens de “caricaturer“.
D’un côté on peut presque se dire que c’est ce qui fait le charme de notre activité, trouver tant de personnalités qui se côtoient.
Le sujet de l’égo du photographe en rapport avec son matériel peut faire sourire, peut nous pousser à nous poser des questions sur les motivations de ces personnes, mais au final, cela n’a que peut de conséquences, sur notre pratique de la photo.
Mais le cas que nous allons voir à présent est plus délicat!
L’égo du photographe à travers ses publications:
Ici nous entrons dans un sujet pour le moins brulant qui est empreint de craintes, d’ignorance et parfois de mauvaise foi.
Avant de sauter tout le chapitre en vous disant que vous savez d’avance ce que je vais dire, prenez le temps de lire jusqu’au bout, la fin pourrait peut-être vous étonner…
Quand on est amateur, il y a certaines reconnaissances qui montrent que l’on est un photographe accompli.
- Une publication dans un magazine ou un journal.
- La vente de ses images.
- Gagner des concours photo.
- Vendre sa prestation de photographe.
Ces différents points sont bien entendu de bonne source de fierté.
Qui ne serait pas fière qu’un magazine tel que Géo publie l’un de vos reportages? Qui ne serait pas heureux qu’une agence de pub achète quelques-unes de vos photos? Qui ne sauterait pas de joie en obtenant la première place d’un concours photo prestigieux? Et au final, qui ne serait pas heureux qu’on lui demande de couvrir un événement important?
Si tout le monde ne “fantasme” pas sur tous les points cités plus haut, forcément l’une ou l’autre de ces éventualités vous parlent, et l’idée d’un jour obtenir ce genre de “consécration” doit certainement vous faire un peu frissonner.
Pour autant, pour la plupart d’entre nous ce n’est pas un but absolu, mais un doux rêve qui aura une belle saveur quand il se réalisera.
Pour d’autres, cela devient une quête, un but, une sorte de mission.
Une partie de ces personnes vont obtenir le “Graal” à force de travail et de persévérance.
Mais pour les autres, l’envie de réussir va les faire prendre des chemins qui semblent plus faciles…
Malheureusement, il n’y a jamais de vrais raccourcis (surtout si l’on ne connait personne qui peut nous offrir ces raccourcis).
Alors, très vite le photographe en recherche de gloire éphémère va se tourner vers des moyens de facilité et faire des choses sans réfléchir aux conséquences, et sans comprendre que cela ne va pas l’amené là où il désire vraiment aller, mais simplement lui donner l’illusion qu’il y arrive.
Il me faudrait beaucoup de temps et je pourrais remplir beaucoup d’articles en essayant de vous exposer point par point chaque raccourci qui ne sont pas de bonnes idées, par exemple:
- Accepter qu’un magazine ou un journal publie l’une de ses images sans rémunération, si ce n’est que votre photo sera vue par beaucoup de personnes.
- Vendre ses clichés pour trois fois rien à des microstock tels que Fotolia (je vous conseille de lire cet article sur le sujet: 10 bonnes raisons d’éviter les microstock )
- Participer à un concours photos qui va spolier vos droits sur vos images tout ça pour qu’ils puissent à moindres frais remplir leur banque d’images. (Un article que je vous conseille de lire et qui vous en dira long sur le sujet: De l’art d’enrichir sa photothèque…)
- Et pour finir, accepter une prestation photographique pour une somme dérisoire, comme couvrir un mariage complet pour moins de 300€.
Si dans l’absolu je pense que ce genre d’agissements tue doucement, mais sûrement le métier de photographe, que cela est pour le moins une pure arnaque pour les pauvres photographes qui se prêtent à ce genre de jeu et qui pour quelques moments de gloire éphémère tue un métier, une conversation avec un ami blagueur…heu, je voulais dire blogueur sfphotos.fr m’a fait ouvrir les yeux quant à l’avenir de la photo.
En effet, je lui expliquais que les grands noms de l’industrie de la musique et du cinéma devaient arrêter de se plaindre du piratage et trouver un nouveau modèle économique plutôt que de rester dans l’obscurantisme d’un passé révolu.
Il m’a alors fait remarquer avec intelligence que c’était bien ce que faisaient la plupart des photographes professionnels, essayant de sauver un modèle économique qui court à sa perte.
Vivre de la photo au jour d’aujourd’hui devient de plus en plus difficile.
Essayer “d’éduquer” les amateurs qui se laissent souvent berner par un manque d’informations est une bonne chose, mais c’est une entreprise qui semble bien difficile! D’autant que même certains grands noms de la photo ne sont plus protégés des tentatives cherchant à les spolier pour certaines prestations, comme nous le montre très bien cet article: Vandystadt – la Grenouille d’avril
La photo telle que nous la connaissons n’a plus la même reconnaissance qu’avant. Le nombre incroyable de photos publiées chaque jour sur le net donnent l’impression que ce n’est plus un métier, mais quelque chose qui est à la portée de tous.
Est-ce que je veux dire par là que l’on doit baisser les bras et accepter de voir mourir un métier?
NON!
Loin de moi cette idée, car il faut essayer de toutes ses forces de sauver cette activité qui fait encore rêver beaucoup de gens!
Mais pour autant, il ne faut pas se laisser submerger par le temps, et il faut malheureusement déjà réfléchir à une alternative, à un nouveau modèle économique qui nous permettra de vivre de ce qui à la base est une passion pour nous tous!
Conclusion:
Cet article qui m’aura été “commandé” par Pyrros m’aura permis de faire une sorte d’introspection sur l’activité photo en général.
Celle-ci est composée, comme beaucoup d’autre activité, d’une palette très large et complète de personnes et personnalités qui en font une passion… passionnante!
Il y a les bons et les mauvais côtés au nombre croissant d’amateurs qui sont arrivés avec la démocratisation de la photo numérique.
Les bons côtés sont bien entendu le fait que l’on soit de plus en plus nombreux à partager cette activité qui nous tient tant à coeur, le partage, toutes ces choses que nous ont apportées le nombre et internet, et cette facilité que l’on a pour correspondre et parler entre nous.
Le mauvais côté semble bien être la fin de la photo professionnelle telle qu’on la connait aujourd’hui.
S’il restera toujours des photographes pour les événements tel que les mariages, les grands événements sportifs la pub…etc. Les photos d’illustrations en générales, que ce soit pour des articles de magazines (hors reportage) ou encore des catalogues et autres illustrations, risquent de ne plus être faites sur commande, mais bien récupérée dans des banques d’images, comme les microstock ou autres photothèques qui auront été alimentés grâce aux doux rêves de certains photographes.
Pourtant, si les perspectives d’avenir ne sont pas réjouissantes pour le métier, cela ne signifie pas pour autant la fin de la photo professionnelle, mais bien un nouvel air pour celle-ci.
À nous de nous défendre, de trouver le meilleur moyen d’envisager l’avenir et un modèle économique qui nous convient.
La route est longue et un peu difficile, mais je ne doute pas du Happy End!
Alors, bon courage et bonnes photos, que vous les fassiez pour le plaisir, ou pour en vivre!