Il y a de cela une bonne année, je vous avais présenté le 15mm f/2.4. Irix nous propose également un 11mm f/4. J’ai eu l’occasion de passer quelques semaines avec lui. Voyons ensemble ce qu’il a dans le ventre dans la vraie vie, hors des labos.
Firefly.
Cet objectif de construction robuste existe en 2 versions : Blackstone et Firefly. J’ai reçu la Firefly, qui est la version « light ». Cela se traduit en mensurations de 118mm x 103mm pour 730 grammes. A l’intérieur, on y retrouve 16 lentilles, réparties en 10 groupes, comprenant 3 lentilles asphériques, 2 verres ED et 3 verres HR ainsi qu’un diaphragme circulaire composé de 9 lamelles. Le champ de vision couvert est de 126°. Je précise qu’il s’agit d’une optique rectilinéaire et non d’un fish-eye.
La mise au point est manuelle et l’ouverture est contrôlée électroniquement depuis le boîtier.
En pratique, ça se traduit par un objectif très peu encombrant et assez facile à caser dans le sac. La prise en main inspire à la confiance et donne une impression de robustesse. On sent bien qu’Irix n’a pas ergoté sur la finition. Les inscriptions et repères sur le fut sont clairs et très lisibles. S’agissant d’un objectif à mise au point manuelle, c’est assez appréciable. Monté sur un Nikon D810 équipé de son grip, on obtient un ensemble jouissant d’un bon équilibre et d’un très bon confort d’utilisation.
La lentille frontale étant bombée, et entourée d’un pare-soleil intégré, il n’est pas possible de monter des filtres dessus. Les concepteurs ont de ce fait prévu un porte-gélatine carré à l’arrière de l’objectif.
Vous avez la possibilité de régler la dureté de la bague de mise au point de même que vous pouvez la bloquer dans une position.
On se trouve vraiment en face d’un bien bel objet, bien pensé et bien réalisé.
Une fois qu’on le prend en main, c’est un objectif qui respire la robustesse et inspire la confiance. On n’a qu’une seule envie : sortir prendre des photos.
Ca déforme ?
Un UGA par définition, ça voit large. Et avec 126° de vision, une fois que l’on porte son œil dans le viseur, y a pas à dire, on voit dans les coins ! Avec cet angle de vue, il faut être bien soigneux sur ses compositions mais les résultats que vous obtiendrez en valent vraiment la peine.
Au début ça surprend un peu. Il faut dire que j’utilise le plus souvent des focales supérieures à 100mm. Mais au final, on se fait vite à cet angle de vue et on apprend assez rapidement à visualiser les photos potentielles.
La principale (très) bonne surprise lorsque l’on commence à composer ses images, c’est que la déformation est quasi inexistante. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit : elle existe mais elle est vraiment très légère (+/- 3,7% mesurée en labo) et pas vraiment gênante sur le terrain. Un très bon point pour les ingénieurs de chez Irix !
Par contre, ça vignette pas mal et ce, a quasi toutes les ouvertures. Si on aime, ça ne vous posera pas de problème et vous économisera même un peu de temps en développement en vous évitant de devoir rajouter du vignettage. Si vous n’aimez pas ou que cela soit vraiment gênant sur certaines photos, il se corrige assez facilement en post-production. Surtout si vous utilisez Lightroom (si le profil n’est pas dispos dans votre version, il est disponible sur le site Irix).
Ca pique ?
Il faut bien l’avouer, cet objectif assez bluffant à ce sujet…. au centre. C’est moins le cas sur les côtés mais cela reste malgré tout plus que très acceptable considérant la focale de cet objectif. Pour voir utilisé le 12-24 f/2.8 de Nikon il y a quelques temps, on se situe dans le même genre de performance dans les coins, si ce n’est même un peu mieux. Et le plus surprenant de tout ça, c’est qu’il offre ce formidable piqué dès la pleine ouverture.
Avec un angle de vue de 126°, on se retrouve assez souvent avec des lumières vives dans le champ de visée, que ce soit des spots en intérieur ou tout simplement le soleil, et par conséquent, face à la présence de flares. Et cela n’a pas raté, comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous.
Cela dit, mettre le soleil de midi à cette place n’était sans doute pas l’idée du siècle. Par la suite, en gardant en tête l’image ci-dessus, je ne suis me retrouvé que rarement avec un flare sur mon image. Et quand ce fut le cas, il venait toujours du soleil. Les sports des intérieurs que j’ai photographiés, de même que des lights de disco lors d’un mariage, ne m’en ont jamais produit.
Il a également la présence d’aberrations chromatiques selon les conditions de prise de vue, mais tout comme le vignettage, cela se corrige très facilement au développement.
La distance de mise au point minimale est de 27 centimètres, ce qui est peut et beaucoup à la fois. Cela vous ouvre de belles perspectives de créativité.
Au final, les images produites sont vraiment d’excellente qualité, contrastées juste comme il faut, avec de jolies couleurs. Bref, un vrai plaisir, surtout si on prend en compte…
Ca coute ?
… le prix !
En effet, cet objectif est proposé à moins de 600€ dans sa version Firefly (comptez 100€ de plus pour sa version Blackstone). Certes ce n’est pas rien. Mais si on considère les performances qu’il vous offre, ce n’est pas cher payé. D’autant plus que sur le marché, les concurrents ne sont pas légion, surtout à ce rapport qualité/prix.
En conclusion, si vous cherchez un objectif qui vous permet d’être « large », je ne peux que vous recommander cet Irix 11mm f/4. Je n’ai qu’un seul regret par rapport à lui : avoir dû le renvoyer chez Irix.