Voilà deux appareils qui ont fait, et continuent à faire couler beaucoup d’encre.
Le Canon EOS 1Dx tout d’abord, annoncé en octobre l’année passée, et qui ne sera au final disponible que fin avril, et ensuite le fameux serpent de mer, connu sous le nom de Canon EOS 5D Mark III que l’on avait pu voir en escapade début janvier (voir ICI) et dont on ignorait tout, même le nom.
Ce n’est que le 2 mars que Canon annonçait officiellement la sortie de l’engin, que tout le monde appelle déjà simplement MKIII.
Pour votre plus grand plaisir, et surtout le mien, Canon a eu la bienveillance de me prêter ces deux engins, voici ce qu’il ressort de cette prise en main !
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il me faut faire un petit clin d’œil à mon ami Gordon à qui je dédie cet article !
Information importante
Il est à noter que les deux boitiers que j’ai pu tester sont des exemplaires de présérie. Je ne suis donc pas autorisé à fournir des images qui viendraient de ces appareils photo.
Je vous remercie de votre compréhension quant au fait que contrairement à mon habitude, je ne fournirai pas cette fois d’image d’exemple pour illustrer mes propos.
Canon EOS 5D Mark III :
La question que beaucoup de photographes vont se poser est la suivante :
Est-ce que le 5D MKIII apporte un vrai plus par rapport à son prédécesseur, le vénérable 5D MKII ? Est-ce que cela vaut la peine de passer le pas ?
La question est légitime, pourquoi changer s’il n’y a pas de vrais plus ?
J’avais eu la même réflexion quand le 1D MKIV était sorti, devais-je changer mon 1D MKIII pour le nouveau ?
Dans le cas qui nous intéresse, les avancées sont telles que je ne prends aucun risque en disant que personne ne regrettera le passage de l’un à l’autre.
Maintenant, entrons dans le vif du sujet.
La fiche technique du nouveau 5D MKIII est longue et comporte beaucoup de choses, mais arrêtons-nous surtout sur les points qui semblent être de vraies avancées.
Par exemple :
- Le capteur de 22 millions de pixels. Certain dirons seulement, là où d’autre (dont moi) se félicitent de l’arrêt à la course aux pixels.
- Le viseur, qui passe enfin à 100% et qui intègre pas mal de petites choses bien sympathiques dont je vous parlerai un peu plus bas.
- La sensibilité iso qui s’étend beaucoup, puisque le 5D MKIII affiche fièrement une plage de 50 à 102’400 iso.
- Une nouvelle mesure de lumière bien plus efficace.
- Un AF 61 points digne de ce nom.
- Rafale à 6 images par seconde.
- Une construction enfin tropicalisée.
- …etc.
Comme vous pouvez le voir, beaucoup de points ont été revus et offrent maintenant au 5D MKIII un vrai pedigree de boitier pro, ce qui n’était pas toujours le cas du 5D MKII.
Mais tout ceci, c’est sur le papier, dans la réalité, qu’en est-il vraiment ?
Sur le terrain :
Étant données les circonstances, ce n’est pas un véritable test terrain que je vous offre, contrairement à mon habitude, mais bien une bonne prise en main d’un appareil non finalisé.
Pourtant, ce boitier “sample” n’a pas à rougir de ses capacités.
Premièrement, quand on prend le bébé en main, on est tout de suite dans une autre catégorie que le 5D MKII ; le grand frère se veut bien mieux fabriqué, plus robuste, on sent qu’il a été fait pour travailler de longues heures, c’est un boitier solide qui accuse 950g sur la balance… Mais ce presque kg est rassurant, on sait qu’il ne va pas tomber en panne à la première pluie.
D’autres choses ont été repensées, par exemple le bouton du test de profondeur de champ qui se trouve cette fois à droite, donc au bon endroit.
Puis des petites astuces très bien pensées, comme la molette arrière qui est normale, mais qui en mode vidéo fonctionne de façon tactile, ce qui permet de changer les réglages sans que cela s’entende sur le film !
Et il y a encore quelques autres petites choses, comme la sécurité pour empêcher de tourner la molette de sélection, mais il serait difficile d’en faire une liste exhaustive ici.
Dans les bonnes nouvelles de conception, il y a aussi l’ajout d’un double slot pour les cartes mémoire, une SD et une CF.
Certains vont nous expliquer qu’ils auraient dû mettre deux slot CF comme sur le 1Dx , mais Canon ne l’a pas fait pour trois raisons, selon ce qu’ils m’ont expliqué :
- La disposition de la trappe ne permet pas de mettre deux cartes CF trop profondes (pas assez de place).
- Ils laissent aussi la possibilité de mettre des SD, car beaucoup de personnes qui achètent le 5D viennent de boitiers plus modestes.
- Finalement, certaines cartes SD permettent d’accéder au Wi-Fi .
J’avoue que si je peux comprendre ces raisons, j’aurais tout de même préféré y voir deux slot pour CF… mais on ne peut pas tout avoir.
Question viseurs, c’est une des très bonnes surprises !
Il est enfin digne de ce nom, clair précis et confortable, il offre enfin une vision de 100% du champ. Et le must, on peut afficher en surimpression un quadrillage ainsi qu’un horizon artificiel double axe pour ne plus jamais avoir de photos qui penchent.
Le viseur avec l’affichage des 61 points AF (dont plus de 40 sont en croix et 5 en double croix) nous conduit directement dans le cœur du boitier avec ces performances.
L’AF a été revu et corrigé, et le 5D MKIII à eu droit au must, le même AF que son ainé, le 1DX.
Ce nouvel AF est d’une performance incroyable !
Autant dire qu’on a droit à un AF qui sait se sortir de toutes les situations (ou presque) et qu’il est extrêmement difficile de mettre en défaut, tout comme la gestion de la lumière qui est vraiment très performante.
Le tout couplé à une rafale plutôt rapide pour un appareil de ce type (6 images par seconde) et on a un appareil vraiment polyvalent !
Le Canon EOS 5D Mark III a pas mal de petites fonctions qui pour ma part me semblent plus marketing qu’utiles, mais qui, j’en suis sûr, sauront trouver leur utilité chez certains photographes.
Je parle entre autres de la possibilité de faire des HDR directs du boitier (ce qui rend le boitier inutilisable le temps que l’image se compile), ou encore le développement direct des RAW.
Par contre d’autres options sont tout simplement incroyables comme la prise de vue silencieuse qui n’usurpe pas son nom et qui est vraiment silencieuse, on pourra même envisager de faire des photos au théâtre voire dans certains concert classique.
Question qualité d’image, on est à nouveau dans le superlatif, c’est juste impressionnant !
Disons-le franchement, quand on a essayé l’engin, on est bien content que Canon ne se soit pas encore une fois lancé dans une course au pixel, et qu’il se soit contenté de 22 millions de photosites.
Je dirais que si monter à 102’400 iso est clairement du dépannage, on peut sans remord pousser la bête à 6’400 iso, voire 12’600 iso avec un petit travail de post-traitement et obtenir un très bon tirage A2+.
À 25’000 iso, on fera des images tout à fait présentable sur un écran d’ordinateur, ou sur du tirage A4, mais pas certain que ça passe au-delà… Quoi que certains arrivent à obtenir de très belles choses avec un post-traitement soigné.
Dans tous les cas, le grain provoqué par la montée en iso n’est pas désagréable.
Pour finir je dirais que ce nouveau venu qui aura mis presque 4ans à se renouveler nous offre une vraie belle évolution, et à mon sens, il mériterait bien plus le nom de Canon EOS 3D en mémoire du mythique EOS3 qui lui ressemble plus, plutôt que celui de 5D MKIII.
Pour tout dire, c’est un vrai petit 1Dx, il a pris beaucoup des forces de son ainé !
Et justement, si on parlait de son grand-frère…
Canon EOS 1Dx :
Vous me connaissez bien maintenant, et vous savez donc que des deux appareils le 1Dx est celui qui m’intéressait le plus, car c’est lui qui va très certainement venir remplacer mon 1D MKIII en fin d’année.
Quand l’EOS 1D MKIV est sorti, j’ai hésité un moment à me l’offrir, puis au vu de sa fiche technique et des essais que j’ai pu faire avec cet appareil, j’ai renoncé à cet achat, pour moi il n’apportait assez d’évolutions pour que je mette au placard mon vieux 1D MKIII.
Quand j’ai lu la fiche technique du Canon EOS 1Dx j’avoue être tombé immédiatement sous le charme de ce boitier qui sur le papier offrait tout ce que j’espérais.
Mais l’avoir en main fut pour moi un pur bonheur.
Je vais peut-être à peine exagérer, mais j’ai eu cette impression qu’un ingénieur de Canon s’était aventuré dans ma tête pour y piocher toutes les idées d’amélioration auxquelles j’avais pensé.
Alors, imaginez mon enthousiasme quand on sait qu’on m’a permis de tester l’engin avec en prime le nouveau Canon EF 400mm f/2,8 L IS USM II (dont je parlerai certainement dans un prochain article).
Mais entre l’admiration pure et le plaisir enfantin de tenir le jouet de nos rêves, qu’en est-il vraiment ?
Le mieux est de rester objectif et de vous expliquer comment il se comporte vraiment…
Sur le terrain :
Pour ne pas changer les bonnes habitudes, nous allons commencer par l’ergonomie.
Le 1Dx à première vue ne change pas beaucoup par rapport à ses prédécesseurs.
Le design reste presque le même, mais si on fait un peu attention, on se rend vite compte que pas mal de choses ont changé.
L’écran plus grand prend maintenant beaucoup de place, car il est plus grand, il affiche 8cm de diagonale.
Mais ce qui saute directement aux yeux, c’est surtout que toutes les commandes ont été repensées pour être accessible plus facilement, et elles sont toutes doublées pour le cadrage vertical ou horizontal.
Quand on le prend en main, on sent qu’il y a aussi eu un véritable travail pour que la tenue soit parfaite, encore plus agréable que sur les anciennes versions.
Le mouvement le plus naturel quand on tient l’appareil, est de porter le viseur à l’œil, et là, grosse et très bonne surprise !
Que dire sinon que ce viseur est exceptionnel !?
Très grand, clair, confortable avec une superbe visée, le tout agrémenté des mêmes petit plus que celui du 5D MKIII cité plus haut.
À la différence près que le viseur du 1Dx est vraiment un cran au-dessus, si ce n’est plus. Un vrai must et certainement l’un des meilleurs de sa catégorie.
Pour le reste, autant dire que le Canon EOS 1Dx est construit pour durer, c’est le vrai baroudeur et on sent qu’il peut affronter pluie, neige et autres poussières sans broncher.
Il a d’ailleurs un obturateur que le constructeur annonce comme capable de tenir 400’000 déclenchements, autant dire que c’est vraiment énorme.
Mais il faut bien ça pour supporter les 12 images par seconde de sa rafale, qui peut même monter à 14 images secondes si la mesure de l’expo est bloquée sur la première image et que le miroir reste relevé.
Pour supporter ce traitement et gérer toutes les infos sans que la bête ne faiblisse, le 1Dx à droit à deux digic 5+ (alors que le 5D MKIII n’en a qu’un) ainsi qu’un digit 4 qui n’est là que pour gérer la mesure d’expo.
Autrement dit, rien ne vient perturber cette machine de guerre quand il s’agit de fournir des images et ceci même dans les pires conditions.
La gestion de l’expo et l’AF sont juste incroyable, je n’avais jamais rien vu de tel… Que dire de plus sinon que je n’ai pas réussi à mettre l’engin en défaut !
L’AF est le même que celui du 5D MKIII, mais en prime il est couplé au module de gestion de la lumière qui a son propre capteur et qui prend en compte la forme et la couleur du sujet, on sent que le tout est survitaminé avec trois processeurs (deux de plus que le 5D MKIII), et malgré que le petit frère soit terriblement efficace, le 1Dx est encore plus performant… On finit même par se demander si c’est possible !
De plus Canon a eu la fine idée cette fois de prévoir des réglages de l’AF qui soient simples, et pas une sorte de torture intellectuelle pour laquelle il fallait un mode d’emploi juste pour le régler comme sur les anciennes versions.
Ici, on a droit à des pictogrammes avec une explication en clair ce qui permet de régler de façon très efficace son AF pour toutes sortes de situations.
Couplé à un objectif de haut vol comme le Canon EF 400mm f/2,8 L IS USM, on peut dire que l’on se sent prêt à affronter les pires scènes dans les pires conditions, on sait que l’appareil répondra présent !
Les images que produit le 1Dx sont superbes, et grâce à sa densité de pixel plus faible que le 5D MKIII (18Mo/pix contre 22Mo/pix pour le 5D MKIII) il peut aller encore plus haut en iso.
C’est grâce à ça qu’il affiche fièrement une plage iso de 50 à 204’800 iso, juste incroyable.
Mais je vous rassure, comme pour le 5D MKIII les valeurs les plus hautes sont à réserver pour du dépannage.
En fait, je pourrais presque copier le chapitre qui parle de la qualité des images en haut iso que j’ai écrit plus haut sur le 5D MKIII et décaler le tout d’un cran pour le 1Dx.
En effet, le Canon EOS 1Dx semble bien encaisser un cran de plus que le 5D MKIII… mais tout ceci est à prendre avec des pincettes, étant donné que les deux appareils sont des exemplaires de présérie.
Mais comme en règle générale les boitiers sample ont souvent droit à des améliorations, je pense que l’on va rester dans cet ordre d’idées.
Cet appareil a tellement de potentiel qu’il mériterait bien un article juste pour lui tout seul, mais ce sera le cas plus tard.
Pour finir et pour la….
Conclusion :
Je peux dire que ces deux appareils sont de vrais bijoux et Canon a frappé fort juste avant les Jeux olympiques.
Pour ma part je n’ai pour le moment que peu de reproches à faire à ces deux boitiers.
Une des choses qui m’embête vraiment, c’est que Canon n’a pas jugé utile de continuer à faire fonctionner l’AF à f/8 avec le capteur central comme c’était le cas sur les anciennes versions des 1D.
Pour le reste, j’avoue avoir été enchanté et le plus difficile est certainement de rendre tout ce matériel… On a presque envie de partir très loin pour tout garder.
J’ai vraiment hâte de pouvoir essayer ces deux boitiers dans leur version définitive et ainsi partager avec vous, comme à mon habitude, des images produites avec les appareils que je teste.
Alors, comme vous l’avez compris, je vous donne rendez-vous dans quelques mois pour les vrais tests terrain de ces deux appareils prometteurs !
Pour le reste, si vous avez des questions, n’hésitez surtout pas, j’essayerais d’y répondre au mieux.
Sur ce, je vous dis, bon courage et bonnes photos.