Test Terrain: Nikon D4

Le Nikon D4, voilà un reflex que beaucoup de nikonistes attendaient, le renouveau du haut du panier, le passage du 3 au 4 tout un symbole.

La fiche technique des Nikon D3 (s et x) était déjà un must en soi, qu’est-ce que le petit nouveau allait nous apporter de plus ?

Les points les plus importants de cette fameuse fiche technique que tout le monde connaît sont les suivants:

Une fiche technique prometteuse avec quelques belles évolutions qui donnent tout de suite envie. La curiosité nous pousse quand même à nous demander ce qu’a vraiment dans le ventre le nouveau vaisseau amiral de la marque jaune…

Sur le terrain ça donne quoi ?

Je vais essayer de répondre à toutes les questions que vous pouvez vous poser avec ce test complet, et comme vous le savez maintenant…

Je parle bien d’un test terrain, pas d’un essai de deux jours, où l’on photographie quelques mires avant de faire quelques pas autour du local pour faire quelques clichés des maisons toutes proches.

Je parle d’un test terrain sur la longueur, un test où l’on pousse le boîtier dans ses derniers retranchements, et où les nombreux jours que l’on a passés avec nous permettent de voir ce que l’engin a vraiment dans le ventre!

Un test qui tient compte de votre activité quotidienne, celle qui se passe loin des labos et de leurs mires.

Prenez place, on commence…

*(N’hésitez pas à cliquer sur les images pour les voir dans un format plus grand)

Pre-Test:

*Nikon D4 | Nikkor 14-24mm f/2,8 | f/2,8 | 1/100s | 100 ISO

Quand j’ai reçu un colis de Nikon Suisse, je savais que se trouvaient à l’intérieur plusieurs petits trésors, dont l’attendu Nikon D4. J’ai ouvert avec une impatience non contenue le carton pour en sortir le précieux appareil.

Ma première prise en main de ce superbe reflex a été un moment fort sympathique.

Le boitier fidèle à son statut de reflex pro est un très solide monobloc qui fait vraiment son poids, on sent dès la première rencontre que c’est un dur à cuire prêt à supporter beaucoup.

Le sourire aux lèvres, mon test pouvait commencer !

Ergonomie:

Le Nikon D4 a bien changé par rapport à son prédécesseur. Sa ligne est plus en rondeur, plus fine, et l’ergonomie a vraiment été repensée pour être encore améliorée.

Quelques boutons ont déménagé, comme celui pour la sélection de la mesure d’exposition, et d’autres ont fait leur apparition, comme le bouton d’enregistrement direct.

On notera aussi que deux joysticks ont été ajoutés en plus du pad habituel, plus besoin de retirer l’appareil de l’œil ou de jouer les contorsionnistes pour changer de capteur AF durant la prise de vue en position « portrait ». A également été repositionné le bouton AF-ON pour une meilleure accessibilité en position verticale.

L’écran a aussi eu droit à une refonte et il est maintenant bien plus grand (8,1cm), très lisible, et ceci dans presque toutes les situations. Quelques boutons ont migré de part et d’autre de l’écran.

Le grand écran est complété par deux afficheurs LCD, un sur le dessus de l’appareil qui donne les infos habituelles, comme on peut le voir sur l’illustration à gauche du texte, et l’autre sous l’afficheur principal qui est là pour les infos telles que la qualité des fichiers, la balance des blancs, etc.

Les habitués de la gamme Nikon s’y retrouveront aisément. Ils n’auront pas grand-chose à réapprendre, les quelques différences ne sont pas bien difficiles à gérer, au bout de quelques heures tout sera de nouveau bien en main.

Pour les non nikonistes, l’ergonomie du D4 peut être déroutante. Il y a des boutons partout sur le boitier et les commandes ne sont pas centralisées. À chaque bouton sa fonction, très bon point. Mais pour chaque fonction, un endroit différent sur le boitier… moins bien. Je prends pour exemple le sélecteur de mode AF qui se trouve près de la monture d’objectif et le sélecteur de la mesure lumière qui se trouve quant à lui sur le barillet.

Pour le reste, l’ergonomie des menus est celle de Nikon, les menus sont très complets, ainsi que les nombreux réglages que l’on peut faire (on verra cela plus bas).

La tenue en main de l’appareil est très bonne. Autant en position verticale qu’en position horizontale, les commandes se trouvent facilement, du beau travail. Un seul regret, le renfort en caoutchouc juste sous la molette de réglage en position verticale qui empêche un peu le pouce d’aller chercher cette fameuse molette.

Dans l’ensemble, le travail ergonomique est exceptionnel et, si j’ai mis en avant quelques points de détails à mon avis moins favorables, ils n’auront que très peu d’influence sur le terrain.

Le viseur:

J’ai presque hésité à faire un chapitre complet sur le viseur tant c’est une pièce maîtresse d’un appareil photo. Et quand on est dans cette catégorie d’appareil, le viseur se doit d’être des plus performants, n’oublions pas que c’est à travers lui que notre regard se pose sur le sujet, grâce à lui que l’on compose nos images, que l’on agit le cas échéant pour corriger la mise au point afin qu’elle soit parfaite. Le viseur doit nous informer en temps réel sur tous les aspects qui vont nous permettre de réussir nos images.

Fidèle à sa réputation, Nikon a doté le D4 d’un viseur exceptionnel. Large et très clair, il permet d’avoir un contrôle parfait de l’image. On peut sans problème faire une mise au point manuelle précise en se fiant à ce que l’on voit dans le viseur.

En surimpression on peut à loisir demander des quadrillages de composition, des démarcations pour différent type de cadrage DX 5/4 3/2…etc.

Les collimateurs actifs sont rétroéclairés en rouge, et les capteurs adjacents sont signalés par un point rouge (selon réglage de l’AF).

Seul petit reproche, je trouve dommage qu’on ne puisse pas afficher en gris clair tous les capteurs disponibles. Mais c’est vraiment un tout petit détail pour ce viseur exceptionnel !

Poids et prise en main:

Je vous parlais de la prise en main boitier nu. Avec un objectif les sensations sont toujours différentes.

Le Nikon D4 est un gros monobloc, il fait donc son poids. Mais comme je ne me lasse jamais de le répéter, ceci est loin d’être un désavantage. Que l’on soit avec un 50mm f/1,4, avec l’exceptionnel 14-24/2,8 ou encore avec un gros 300mm f/2,8 VR II, l’équilibre est toujours parfait et la prise en main très agréable.

La préhension est très bonne, en grande partie grâce à un travail ergonomique soigné et aussi grâce au revêtement très agréable qui offre vraiment une bonne tenue en main.

Le D4 est bien pensé et sur le terrain, après un petit temps d’adaptation, on arrive très facilement à accéder à tous les réglages nécessaires, et dans la grande majeure partie du temps, sans avoir à décoller l’œil du viseur, un vrai plus ici !

D’autant que l’on peut très facilement personnaliser ce boitier pour en faire un outil parfaitement adapté à nos besoins. Je reviendrai plus en détail sur ce point un peu plus loin dans le test.

Pour finir avec la prise en main, il faut savoir que le D4 est une vraie brique et qu’il peut surmonter beaucoup de désagréments comme chocs, poussières, intempéries, froid, humidité, etc.

Comme on peut le voir sur l’image ci-dessous, ce n’est pas une petite pluie qui risque de lui faire peur !

La qualité d’image:

Plusieurs choses rentrent en ligne de compte pour offrir la meilleure qualité d’image qui soit dans toutes les situations possibles.

Nous allons donc détailler ces trois points en regardant les réactions du Nikon D4 loin des labos de test, mais bien sur le terrain. Commençons par…

La qualité d’exposition:

Nikon D4 | 50mm f/1,4 | f/4 | 1/5’000s | 100 ISO

Quand je teste un appareil photo, je commence toujours par parler de l’AF. Ici je fais une nouvelle fois exception, car l’AF du D4, tout comme celui du 1Dx, est étroitement lié à l’exposition, exposition que Nikon a tout particulièrement soignée… On va penser que mes articles se suivent et se ressemblent.

La mesure d’exposition du Nikon D4 est une mesure matricielle « 3D » qui s’appuie sur un capteur de 91 000 pixels en RVB soutenu par une base de données de 30 000 scènes différentes.

Avec une vision en couleur et ce catalogue d’images, l’appareil photo est à même de reconnaître au mieux la plupart des situations de lumière et de réagir en conséquence. Que l’on soit à contre-jour ou à la tombée de la nuit, l’engin saura vous donner le meilleur de lui-même et vous offrir une expo aux petits oignons.

*Nikon D4 | Nikkor 14-24mm f/2,8  | f/2,8 | 1/30s | 2’500 ISO

Il est donc très difficile de piéger le D4 et ceci quelle que soit la situation, le seul moment où il va « déclarer forfait », c’est quand les limites de la dynamique de son capteur seront atteintes. Autrement c’est du tout bon !

Un travail vraiment impressionnant, d’autant plus impressionnant que toutes les infos récoltées pour l’expo vont servir à améliorer…

L’autofocus:

*Nikon D4 | Nikkor 300mm f/2,8 VR II | f/2,8 | 1/4’000s | 100 ISO

L’autofocus a toujours été le point fort de Nikon, le D4 se devait donc de garder ce prestigieux point fort.

Sur le papier, les spécifications semblent très alléchantes.

L’AF a 51 collimateurs et annonce une sensibilité à -2 IL. En prime et pour ne rien gâcher à notre bonheur, 11 des 51 collimateurs sont utilisables à f/8 ce qui est un vrai plus, surtout avec des objectifs comme les 600 mm f/4 ou 500 mm f/4.

Pour épauler cet AF qui semble déjà bien musclé, le module de mesure lumière qui reconnait les formes et les couleurs et analyse les scènes grâce à sa banque d’image va permettre d’améliorer le suivi et la mise au point en général.

Les possibilités de paramétrer l’autofocus sont très simples, pas de fioriture, on trouve exactement 5 choix :

La mise au point ponctuelle AF-S pour les objets statiques, et la mise au point dynamique, pour les objets en mouvement où 4 réglages sont possibles.

On peut aussi fixer le temps avant que l’appareil refasse la mise au point au cas où le sujet est occulté par un objet.

Les réglages sont d’une simplicité enfantine et n’importe quel photographe, même débutant, saura paramétrer l’AF du D4. Sur le terrain, cette bête de course ne rate presque aucune photo. Son AF est très précis, nerveux et d’une réactivité incroyable. Pour autant que l’on choisisse le bon mode au bon moment, on est presque certain de ramener la plupart de ses photos nettes.

Je vous propose de cliquer sur l’image pour voir un petit crop de l’image:

Nikon D4 | Nikkor 300mm f/2,8 VR II | f/2,8 | 1/2’000s | 500 ISO

Comme vous pouvez le constater, c’est une véritable lame de rasoir !

L’AF du D4 est difficile à mettre en défaut, il lui faut des situations vraiment extrêmes pour qu’il vous laisse dans la panade. Il est d’une réactivité impressionnante et son AF saura vous satisfaire.

J’ai confronté cet appareil à beaucoup de situations, et je n’ai jamais été déçu de son efficacité, l’un des tout meilleurs AF du marché ! Et je ne connais qu’un appareil qui peut lui tenir tête, son concurrent direct le Canon EOS 1Dx. Mis à part ce redoutable adversaire, le D4 est bien l’appareil avec le meilleur AF du marché.

Mais un AF ne fait pas tout, pour qu’une photo soit au top, il faut aussi se pencher sur…

La qualité des images fournies et la gestion de la montée en ISO:

Petit passage délicat pour le Nikon D4, car si la question du piqué est plus que bien gérée comme l’a montré le crop sur l’œil de l’oie à tête barrée (Merci Jeanbart pour la précision) dans la partie sur l’AF et si l’on ne peut qu’applaudir cette qualité incroyable, il n’en est pas de même pour le rendu des couleurs.

Après des milliers d’images à me dire que je trouvais la colorimétrie du Nikon D4 un peu chaude, un peu comme la couleur de sa marque, je me suis dit qu’il fallait un comparatif pour savoir à quel point j’avais les yeux en face des trous.

J’ai donc pris un solide trépied, puis deux objectifs 300 mm f/2,8 un en marque Nikon et l’autre en marque Canon, accompagnés respectivement de leur boitier, le D4 pour Nikon et le 1Dx pour Canon.

Je choisis ce charmant volatile que vous pouvez voir juste au-dessus, même cadrage, mêmes réglages et une différence de moins d’une minute entre les deux images. Et le résultat est sans appel, bien que ce soit léger, le Nikon tire irrémédiablement sur le jaune. Dans l’absolu, ce n’est pas un drame, mais cela peut parfois être un inconvénient, bien rapidement résolu en post-traitement avec un réajustement du la balance des blancs.

La gestion des ISO:

*Nikon D4 | 50mm f/1,4 | f/1,4 | 1/80s | 5’000 ISO

Si vous cliquez sur l’image pour voir le crop 100 % d’un détail de la photo, vous pourrez vous rendre compte que le Nikon D4 n’a pas peur de la montée en ISO et que les 5 000 ISO affichés du cliché sont plutôt très propres !

Comme je l’avais expliqué dans un précédent test, j’ai abandonné l’idée de photographier un objet tout en faisant varier la vitesse ISO pour avoir une idée du résultat.

En effet, un éclairage qui donne un 1/5 de seconde à f/5,6 pour 100 ISO, donnera 1/2500 de seconde à la même ouverture pour 51 200 ISO, ce qui est loin d’être la situation lumineuse la plus catastrophique. De fait, le fichier présenté ne souffrira que très peu du manque de lumière, ce qui sur le terrain est bien différent. En règle générale, on utilise de telles valeurs pour remédier à un manque de luminosité.

Il faut donc pousser la machine plus loin, il faut lui en demander plus, la mettre face à des scènes difficiles avec très peu de lumière, car qui peut le plus, peut le moins!

*Nikon D4 | 14-24mm f/2,8 | 14mm | f/2,8 | 30s | 51’200 ISO

Au vu de la photo et des EXIF qui vont avec (j’espère que vous avez cliqué sur l’image pour la voir en plus grand), on voit bien qu’ici les 51 200 ISO n’étaient pas de trop.

J’aurais très bien pu vous présenter une image pour chaque valeur ISO avec son crop 100 %, mais toujours dans l’idée que « celui qui peut le plus peut le moins » je me suis dit qu’il était bien plus parlant de vous montrer une photo dont l’ambiance lumineuse mettrait tout appareil à rude épreuve.

Il fallait une ambiance sombre où très peu de lumière filtrait pour avoir des zones d’ombres prononcées, là où la montée en ISO fait le plus mal.

Cette photo est prise à 51 200 ISO, il n’y a aucun travail de post-production dessus (je tiens le fichier RAW à disposition des plus curieux), on a donc pas mal de latitude pour améliorer les choses.

Je vous invite à lire les EXIF, puis à cliquer sur l’image ci-dessous pour avoir un crop 100 % plutôt parlant :

*Nikon D4 | 50mm f/1,4 |f/2 | 1/60s | 51’200 ISO

Même test que pour le 1Dx, et résultat incroyablement proche, le D4 est une merveille dans les hauts ISO. Quand on sait que le fichier pourrait encore passer à la moulinette d’un programme spécialisé pour nettoyer l’image, on ne peut que constater que faire des photos à 51200 ISO n’est pas une utopie.

La montée en ISO du D4 est particulièrement bien gérée et permet d’atteindre des valeurs comme 6400 ISO sans le moindre remords.

Le travail accompli pour gérer le bruit numérique est superbe, et les gens ne pourront qu’être satisfaits de pouvoir exploiter des valeurs comme 12 800 ISO, plus haut, cela demandera un travail en post-prod pour assurer un fichier qui soit réellement propre, et encore, tout ceci dépend de la destination finale de l’image et de votre sensibilité au bruit.

Mais il est clair que les valeurs de plus de 100 000 ISO sont à réserver à du dépannage et sinon ne pourront pas être réellement exploitables.

Personnalisations:

Comme tous les photographes, j’ai mes petites manies, ma façon de faire bien particulière et cela se ressent jusque dans la manipulation de mon appareil photo. Je préfère que tel bouton serve à telle chose, que celui-là à encore autre chose… etc. Par exemple, j’ai cette manie de faire le point avec le pouce et ne pas vouloir que l’AF se mette en route quand j’appuie sur le déclencheur à mi-course.

Le D4 permet tout cela, car on peut le personnaliser à l’extrême. Chaque bouton, chaque molette peuvent se voir assigner une fonction bien différente de celle prévue à l’origine.

C’est quelque chose de capital pour le photographe qui utilise ce boitier comme un outil, une possibilité indispensable !

Conclusion:

Je n’ai pas eu le Nikon D4 aussi longtemps que le Canon EOS 1Dx, mon test s’en ressent sans doute un peu, parfois j’ai l’impression d’avoir manqué d’un peu de temps pour l’emmener dans toutes les situations où j’aurais désiré le placer.

Le boitier est très complexe, il m’a donc été difficile de vous présenter le Nikon D4 de façon exhaustive, encore une fois je n’ai pas parlé de toutes ses possibilités, et de ses astuces bien sympathiques comme :

• Les boutons rétroéclairés pour un usage efficace quand il fait sombre.
• Le niveau dans le viseur et sur le live-view.
• La vidéo
• ..etc.

Ce que je peux dire de cet appareil après avoir passé malgré tout pas mal de temps avec, c’est que c’est un véritable « must have ».

J’ai fait un test sans concession, un test où je note les points positifs comme les points négatifs. Si le Nikon D4 a quelques petits détails qui pourraient être à mon avis un poil améliorés, il n’en est pas moins un appareil exceptionnel qui saura sans le moindre doute donner satisfaction à tous les utilisateurs qui auront la joie de pouvoir se l’offrir.

Cet appareil a clairement tout pour lui:

• Une construction robuste.
• Un viseur de très grande qualité.
• Un AF de course.
• Une gestion de l’exposition infaillible.
• Une montée en ISO impressionnante… etc.

Mais comme pour tout ce qui frise la perfection, cela a un prix, et le D4 n’est pas parmi ce qui se fait de moins cher en FF, une telle qualité se paye. Mais croyez bien que si vous décidez de dépenser votre argent pour ce boitier, vous ne le regretterez pas une seule seconde.

On en tombe très vite amoureux, peut-être même un peu trop vite…

Bon courage et bonnes photos, avec ou sans D4 !