Darth's Blog

Test terrain : Nikon D7100

Voilà un appareil que pas mal de monde attendait. Le nouvel APS-C de Nikon; après la sortie successive de trois plein-format; c’était pour le moins espéré par les fans de ce format.

Pourtant, la plupart des Nikonistes amoureux de l’APS-C espéraient plutôt le renouvellement du Nikon D300s plus vieux que le D7100.

Malheureusement pour eux, au même titre que le 7D MKII chez Canon, la sortie d’un hypothétique Nikon D400 semble de moins en moins certaine.

Alors la grande question, est-ce que le “petit” D7100 saura satisfaire les attentes des Nikoniste en matière d’APS-C ?

C’est ce que l’on va essayer de voir avec ce test.

Pré-test:

Quand mon ami Andi de Nikon Suisse m’a fait savoir qu’un D7100 était disponible en test, je fus vraiment content et très impatient de me lancer encore une fois sur le terrain pour vous ramener mon ressenti.

Mais petite exception cette fois, moi qui adore jouer avec de très beaux objectifs, d’un commun accord avec Nikon nous avons décidé de faire ce test avec le matériel qui sera le plus souvent monté sur ce boîtier, soit:

Quelque chose de simple, mais certainement la configuration la plus utilisée avec ce type d’appareil.

La fiche technique à première vue semble prometteuse…

Fiche technique

  • Capteur d’image CMOS APS-C de 24,1 millions de pixels (sans filtre passe-bas)
  • Processeur de traitement d’images EXPEED 3
  • Sensibilité de 100 à 6400 ISO, extensible jusqu’à 25 600 ISO
  • Système AF de 51 points AF, dont 15 en croix
  • Prise de vue en rafale à 6 images par seconde
  • Fonction de recadrage 1,3x vitesse accrue (jusqu’à 7 img/s)
  • Capteur de mesure RVB 2016 photosites avec reconnaissance de scène
  • Video Full HD : 1920 x 1080 à 24p/25p/30p jusqu’à 50i/60i
  • Viseur 100 % et grossissement de 0,94x.
  • Écran arrière 1 229 000 pixels et 8 cm de diagonale
  • Boîtier en alliage de magnésium résistant à la poussière et aux intempéries.
  • Double logement pour carte mémoire SD
  • poids 675 g

Comme son grand frère le D800E il n’a pas de filtre passe-bas, je vous en parlerai un peu plus en détail plus loin dans la test.

Nous allons donc passer à …

L’ergonomie :

Le D7100 ressemble au boitier qu’il remplace, au premier coup d’œil difficile de voir les différences. Ce n’est qu’en s’attardant sur les détails que l’on peut voir que les deux appareils ne sont pas les mêmes.

Par exemple, la touche pour la mesure d’exposition s’est un peu décalée sur la gauche et est plus en retrait du déclencheur pour laisser la place au bouton d’enregistrement direct.

On notera également (très bon point) que la molette de sélection est maintenant sécurisée, ce qui évitera les changements par erreur.

Pour les autres changements, le dos perd un commutateur laissant plus de place pour le revêtement à l’arrière.

Pourvu d’un grand écran de contrôle très bien défini il permet de visualiser l’image même en plein soleil.

Tropicalisé au même niveau que le D800, le petit D7100 saura braver tous les temps sans le moindre problème.

Le viseur :

Comme toujours chez Nikon le viseur est de très bonne qualité!

Très clair et offrant 100% du cadre, toutes les infos nécessaires sont là.

Vous le savez maintenant, pour moi le viseur est un point clef de l’appareil, et ici malgré le format APS-C il est très agréable à utiliser, avec un bon dégagement qui permettra même à ceux qui portent des lunettes de l’utiliser sans le moindre problème.

Un très bon point pour cet appareil.

Prise en main :

Le D7100 est un boitier léger et très agréable à manipuler, malgré sa compacité il reste très bien proportionné.

Un revêtement de qualité et un dessin ergonomique soigné de la poignée offrent une très bonne préhension, de ce côté Nikon reste fidèle à ses habitudes en offrant un appareil à l’ergonomie parfaitement réalisée.

Pour ce qui est du placement des différentes commandes, on reste en terrain connu, le schéma étant le même que sur la plupart des autres boîtiers de la marque.

Signe de fabrique des jaunes, ils éparpillent un peu partout les commandes avec une logique qui leur est propre.

Au final cela reste déconcertant, mais on se familiarise très vite, si je la trouve toujours étrange, la disposition des commandes ne me perturbe plus, sauf peut-être le bouton ISO que je trouve encore et toujours mal placé ! Oui, je connais toutes les remarques des fans de la marque pour justifier ça, mais reste qu’un bouton dédié proche du déclencheur serait un vrai plus !

Les menus restent fidèles à Nikon,soit un peu fouillis et d’une logique toute personnelle à la marque jaune. Mais rassurez-vous, on en vient vite à bout après quelques jours et pour les Nikonistes de longue date, c’est déjà inscrit dans leur ADN…

Dans l’ensemble, sur le terrain le Nikon D7100 est superbement réalisé, mis à part les deux trois petits soucis ergonomiques que j’ai relevés, toutes les commandes tombent facilement sous les doigts et les réglages sont aisés.

Joli travail ergonomique, à défaut d’être ce qui se fait de mieux, c’est au moins agréable et facile à utiliser

 Capteur :

Voici un chapitre que j’avais inauguré avec le test du D800 et qui revient pour le D7100 pour ses similitudes avec son grand frère. Si je m’attarde ici tout spécialement sur le capteur, c’est pour deux raisons

  • Son nombre impressionnant de pixels, élevé sur un capteur APS-C (bien que ce ne soit pas le premier à atteindre ce chiffre)
  • Le fait que comme son grand frère le D800, le D7100 n’a pas de filtre passe-bas.

Les petites explications que je vais vous donner ici n’entrent pas dans les détails et sont fortement simplifiées pour que vous puissiez comprendre sans que nous nous perdions dans les détails techniques ou des notions de physique compliquées, qui n’intéresseraient que peu de monde.

Si vous voulez plus de détails, n’hésitez pas à m’en faire la demande dans les commentaires. Je répondrai avec plaisir au cas par cas.

Ceci étant dit nous allons commencer par…

Son nombre de pixels :

Vu comme ça on peut se dire que 24 millions de pixels ce n’est pas énorme au final.

Sauf que sur un capteur APS-C (15,7*23,6mm) cela représente des photosites d’environ 3,9 µ soit presque 1 µ de moins que ceux du D800 que je trouvais déjà “trop petit”.

Pour bien comprendre à quel point le nombre de pixels est important, il faut imaginer que la résolution du D7100 reporté au format 24*36 donnerait 6’115*9’153 pixels, autrement dit, un capteur plein format qui afficherait pas moins de 56’000’000 de pixels! Presque autant que le capteur PhaseOne IQ260 pourtant 4 fois plus grand !

Le revers de la médaille est le même que sur le D800, la densité de pixels et leur taille vont provoquer deux choses:

  1. Une diffraction en dessous de f/8
  2. Une plus grande sensibilité au flou de bougé

Ceci n’est pas une simple « impression » mais un phénomène physique.

De plus la taille extrêmement petite des photosites demande des optiques de haut vol capables d’avoir un pouvoir séparateur supérieur à 107 paires de lignes par mm.

Autant dire que le 18-105mm que j’avais en duo avec le boîtier, bien que de très bonne qualité, ne pouvait pas offrir un tel rendement!

De fait s’ensuit en toute logique un manque de piqué dont je parlerai plus tard, et ceci malgré le fait que Nikon a retiré le …

Filtre passe-bas :

Avant d’entrer dans le vif du sujet, voici ce qu’est un filtre passe-bas pour ceux qui l’ignorent:

Un filtre passe-bas, autrement appelé filtre anti-aliasing (A-A), est une astuce des constructeurs pour éviter un phénomène d’apparence proche de celui de l’aberration chromatique (bande de couleurs) qui se produit sur des motifs répétitifs. Pour remédier à ce problème qui n’est pas très esthétique sur une photo, on place ce filtre qui va « élargir » le rayon lumineux avant qu’il n’atteigne le capteur, ce qui empêchera ce fameux phénomène de se produire.

À nouveau, nous sommes face à une réalité physique. Sans filtre passe-bas le piqué est meilleur, il devient même exceptionnel, par contre, revers de la médaille, un effet de « moiré » peut être observé.

Mais de façon un peu paradoxale, et au vu du nombre de pixels et de leur taille, ici, plus de problèmes de moiré, mais plus non plus de piqué exceptionnel.

En effet, la taille des photosites est si petite que le capteur demande beaucoup à l’optique qu’on va lui mettre devant, à tel point que le 18-105 n’est pas assez défini pour donner le meilleur que ce que peut apporter ce CMOS.

Du coup, c’est directement l’objectif qui va jouer le rôle du filtre passe-bas. De ce fait, et bien qu’ayant cherché à reproduire un effet de moiré, il m’a été tout simplement impossible de le faire.

Et je pense qu’à moins de lui offrir des optiques telles que le 400mm f/2,8 VR II, le  Nikon D7100 n’aura pas le moindre souci de ce côté-là, car très peu d’objectifs seront capables de faire ressortir le meilleur du CMOS qu’il embarque et du coup provoquer une sensibilité au moiré.

Un mal pour un bien ?

La qualité d’image :

Comme on l’a un peu compris avec le chapitre précédent, avoir beaucoup de pixels n’est pas forcément gage de qualité.

Alors, malgré les petits points noirs mis en avant, que donne l’engin sur le terrain?

Plusieurs choses rentrent en ligne de compte pour offrir la meilleure qualité d’image qui soit dans toutes les situations possibles.

  • La qualité de l’exposition.
  • La qualité de l’AF et son suivi.
  • La qualité des images fournies et la gestion de la montée en ISO.

Nous allons donc détailler ces trois points en regardant les réactions du Nikon D7100 loin des labos de test, mais bien sur le terrain. Commençons par…

La qualité d’exposition :

Avec un capteur de mesure dédié qui voit en couleur sur 2016 photosites et avec reconnaissance de scène, difficile de prendre à défaut le dernier né de la marque jaune.

Il faut dire qu’à l’heure actuelle et avec l’expérience qu’ont les grandes marques dans ce domaine précis, il serait presque étonnant, voire surréaliste, de trouver un appareil qui soit totalement à côté sur ce sujet.

Si la qualité d’exposition est un peu moins précise (surtout dans les scènes sombres) que ses ainés les Nikon D800, D600 et autre D4, le petit D7100 s’en sort tout de même très bien et il n’y a pas de réel reproche à lui faire de ce côté-là.

Vous pouvez lui faire confiance sans trop d’arrière-pensées, d’autant plus facilement si vous photographiez en RAW, car les petits décalages d’exposition qui restent possibles seront facilement rattrapables en post-traitement.

Passons maintenant à l’…

Autofocus et Piqué :

Ces deux paramètres sont la pierre angulaire d’une image de qualité. Sans l’un ou l’autre, les photos que l’on va produire vont nous sembler « molles ». Pour que l’image « croustille », qu’elle nous offre de beaux détails, il nous faut les deux!

Penchons-nous en premier lieu sur le piqué.

Je vous en ai déjà parlé un peu plus haut, et je dirais que si on met un objectif exceptionnel devant le capteur du D7100, qu’on veille à ne pas avoir de flou bougé, on aura une image exceptionnellement piquée.

Le problème ici, c’est qu’en réalité ce n’est pas vraiment ce qui va le plus souvent se retrouver devant son CMOS, et du coup, avec un objectif standard, bon ou même très bon, on aura un léger (voir plus) manque de piqué, comme on peut le voir sur le crop de la photo d’illustration (cliquez sur l’image) où le manque de piqué est bien présent malgré un diaph fermé et une lumière suffisante (flash studio).

Et ce léger manque de piqué ne pourra pas être mis sur le dos de l’Autofocus qui lui est exceptionnel de par sa qualité.

Imaginez un dérivé de l’AF du D4 directement transposé à un capteur APS-C et vous pouvez constater la couverture très large et une précision à toute épreuve.

La chose est aussi simple que ça, vous verrouillez la cible, et plus moyen de la perdre !

Le gros point faible du système reste la rafale ultra limitée !

En effet, les 6 images par seconde semblent plus que correctes, pour ne pas dire largement satisfaisantes… Sauf que la rafale en RAW même avec les cartes les plus rapides ne va pas au-delà de 6 images avant de ralentir à environ 1 image par seconde ! C’est un peu mieux en JPEG, sans être pourtant extraordinaire.

En résumé, ne comptez pas trop sur votre rafale pour obtenir THE image, car celle-ci risque de vous lâcher avant d’avoir la photo tant attendue !

Quelque part, cela rappelle de sympathiques souvenirs d’argentiques.

La gestion de la montée en ISO:

Voici une partie très importante et de la prise de vue.

La montée en ISO nous permet de surmonter le manque de lumière, mais pour que cela soit un vrai plus, il faut que cette montée en ISO se fasse proprement !

Comme je le dis dans la presque totalité de mes tests d’appareils photo, toutes marques confondues, cela fait un moment que j’ai pris parti de ne plus faire une série de photo à chaque valeur ISO pour vous les présenter.

Je pense simplement que prendre un objet en augmentant la valeur ISO n’est pas un compte rendu juste de la réalité du terrain!

En effet, un éclairage qui donne un 1/20 de seconde à f/5,6 pour 100 ISO, donnera 1/1’250 de seconde à la même ouverture pour 6’400 ISO, ce qui est loin d’être la situation lumineuse la plus catastrophique. De fait, le fichier présenté ne souffrira que très peu du manque de lumière, ce qui sur le terrain est bien différent. En règle générale, on utilise de telles valeurs pour pallier un manque de luminosité.

De ce côté là Nikon gère plutôt bien la chose, surtout au vu de la taille des photosites.

Car il faut savoir que plus les photosites sont petits, plus la montée en ISO est difficile.

Ici, pas trop de problèmes, on peut monter jusqu’à 1’600 ISO sans remords, passer à 3’200 ISO avec un peu de travail et 6’400 ISO avec un peu plus de travail, le reste sera réservé au dépannage ou à l’affichage web (sans dépasser les 1’200px pour la partie la plus large) comme on peut le constater sur l’image d’illustration à 25’600 ISO. Je vous invite à cliquez sur l’image pour voir le crop.

Les petits plus :

Pour ne pas manquer à la tradition, le Nikon D7100 a pas mal de petits plus, certains sympathiques, d’autres qui me semblent un peu plus inutiles, comme le HDR que je préfère faire en post-traitement. Mais ici, c’est un avis tout personnel.

Dans les petits plus sympathiques, notons la possibilité de faire directement à la prise de vue un recadrage de *1,3. Possibilité bien connue des Nikonistes sur les plein-format avec la fonction DX qui ici à l’avantage de garder encore beaucoup de pixels sous le coude (un peu plus de 15 millions) et d’avoir une couverture AF sur la presque totalité de l’image.

Un 300mm se transformera ainsi en un très sympathique 585mm !

Dans les autres fonctions on notera un mode vidéo très bien pourvu avec plusieurs options et même une possibilité d’enregistrer des vidéos en HD à 60 images/s, vraiment top pour la partie vidéo!

Conclusion :

Je pense que vous l’aurez compris, cet appareil n’est pas vraiment mon préféré dans la gamme Nikon .

La fiche technique semble si prometteuse qu’on en vient à espérer qu’il soit un possible remplaçant du D300s, mais la réalité du terrain est plus difficile que ça.

Je pense qu’il souffre surtout de quelques petites lacunes qui auraient pu être surmontables, un buffer plus costaud pour permettre une rafale un peu plus longue, ou encore un peu moins de pixels pour offrir un piqué exceptionnel avec la plupart des objectifs.

Ainsi, il aurait vraiment été un appareil hors norme tout à fait exceptionnel et qui aurait ravi plus d’un photographe !!!

Ce qu’on peut retenir, c’est qu’à défaut d’être le boitier idéal, il est un bon appareil qui saura satisfaire la plupart des utilisateurs.

Si vous avez déjà un D7000, le passage au D7100 ne vous apportera pas grand-chose, à moins d’être fan de vidéo.

Si vous attendiez LE successeur du D300S, désolé, mais il faut encore attendre.

Si vous avez envie de vous offrir votre premier Nikon , ou si vous voulez monter d’un cran en partant d’une gamme plus modeste, cet achat pourra parfaitement vous satisfaire.

Au final, ce petit D7100 est une légère évolution presque trop timide du D7000, et j’avoue que j’attendais un peu plus de lui…

Dans tous les cas, et quelle que soit votre décision, je vous souhaite bon courage et bonnes photos !!!

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