Il y un peu moins d’un an, j’avais le plaisir de vous présenter un test tout à fait particulier, celui d’un appareil que l’on ne croise pas souvent et qui pourtant fait rêver beaucoup de photographes au même titre que les fans d’automobiles sont en admiration devant des voitures aussi prestigieuses que Rolls-Royce ou Ferrari, je parle du PhaseOne IQ180 et de son boîtier le 645DF. Si vous n’avez pas lu ce test et que vous ne connaissez pas l’univers du moyen format, je vous invite à le faire avant d’aller plus loin dans cet article.
Depuis, Phase One n’est pas resté les bras croisés et a travaillé pour sortir une nouvelle série de dos, les IQ2 ainsi qu’un nouveau boîtier, le DF645+ .
Comme l’idée de ce test vous a plus qu’emballés et que les derniers commentaires sur ma page Facebook et sur mon compte Twitter le démontrent, vous attendez avec impatience ce billet, vos vœux sont donc exaucés.
Pré-test :
Nous avions vu pour le test du IQ180 quelles étaient les différences entre un appareil photo standard et le moyen format, ainsi que ces possibilités et le type de photo où il est le plus à son aise.
Toujours dans l’idée de rendre ce test intéressant pour tous, nous allons continuer à apprendre certaines choses sur le monde du Moyen Format numérique, tout en comparant les avancées entre le système IQ1 et IQ2.
Ainsi, nous pourrons voir les qualités de cet ensemble, son évolution par rapport à la version précédente tout en découvrant des choses intéressantes sur l’univers du moyen format.
Le boîtier 645DF+ :
Comme nous l’avions vu lors du test du IQ180, un ensemble moyen format est composé de trois parties :
- Le dos numérique : Ici le IQ260
- Le boîtier : Ici le 645DF+ qui est une évolution du 645DF
- L’objectif : Comme pour la plupart des marques, on en trouve de toutes sortes.
Le boîtier 645DF+ est une évolution du 645DF, à première vue pas de différence entre les deux boîtiers, en effet, de l’extérieur on ne voit pas le moindre changement, toutes les commandes reste au même endroit, tout est là, rien n’a changé.
Les gros changements ne sont donc pas visibles, mais ils sont fort utiles comme nous allons le voir plus loin.
Le 645DF, quel que soit sa version est un boîtier très simple a utiliser qui fonctionne sur le même principe que les reflex que l’on utilise habituellement. On y trouve les réglages habituels de l’exposition, les différents modes P, S, A et M et même des modes programmables dont on définit les options depuis le dos numérique pour encore plus de personnalisation.
On trouve deux types de motorisation, image par image et le mode rafale. On peut aussi choisir entre deux types d’autofocus, le ponctuel et le continu ou alors choisir la mise au point manuelle.
Le but étant de laisser l’utilisateur dans une configuration simple qu’il connaît au travers des appareils plus traditionnels, de ce côté c’est réussi, les boîtiers 645DF sont simples et efficaces, il n’y a que leur autofocus qui demanderait à être un peu plus réactif à mon sens.
Pour un amoureux des viseurs comme je le suis, celui du 645DF+ est une pure merveille, un vrai plaisir pour les yeux, on voit vraiment la vie en grand. Il faut dire que le miroir reflex du boîtier est trois fois plus grand que celui d’un appareil photo 24*36.
Souvent, l’utilisation du moyen format impressionne ceux qui n’ont jamais essayé ce genre d’appareil, il y a certes quelques petites difficultés que l’on verra un peu plus loin avec la manière de les surmonter, mais dans l’absolu, un boîtier moyen format moderne, comme celui de Phase One s’utilise tout aussi simplement que n’importe quel appareil photo.
Le 645DF+ quant à lui a vu deux changements importants, le premier étant l’ajout de batteries, plutôt que la simple utilisation de LR6 qui reste compatible avec le système, c’est un réel confort de pouvoir choisir entre les piles ou les batteries. Le deuxième changement directement en relation avec les dos IQ2 est la capacité à faire varier sa vitesse d’obturation de 1/4 000 s à 60 minutes.
Bien que le boîtier soit nouveau et qu’il apporte son lot de nouveautés qui améliore certainement les choses, le plus gros pas en avant sur l’ensemble reste le dos numérique en lui-même, le fameux …
Phase One IQ260 :
Si vous avez déjà lu mon article sur le test du IQ180, vous êtes certainement devenus incollables sur le sur le sujet, et vous savez que le cœur même de l’ensemble moyen format est le dos numérique.
Le dos numérique peut se connecter avec son boîtier, mais aussi sur d’autres supports, comme une chambre technique, ce qui ouvre la voie à de nombreuses possibilités.
Comme nous l’avions déjà vu, les moyens formats ont un capteur 3 fois plus grand que celui d’un reflex standard 24*36mm. Plus un capteur est grand, plus il est difficile à fabriquer. Pour arriver à fournir des capteurs moyen format Phase One utilise une technique très efficace, celle d’agencer 4 capteurs de petite taille pour n’en former au final qu’un seul grand.
On peut voir sur l’illustration ci-dessous les démarcations que j’ai ajoutées en rouge.
La grande force de Phase One est d’offrir des fichiers de très haute qualité, ils ont clairement un savoir-faire qui les pousse de plus en plus en avant dans le monde du moyen format.
Il faut dire que le système moyen format demande une précision de très haut niveau, en effet, le capteur étant amovible et pouvant se séparer du boîtier il faut que les alignements mécanique et électronique soient parfaits pour obtenir une qualité optimale.
Phase One a une attention particulière sur la solidité de ses dos qui lors des phases de tests subissent les conditions les plus difficiles qui soient.
Pour ceux qui ne l’auraient pas vu, une vidéo qui démontre les capacités de leur dos à supporter les conditions les plus difficiles.
Elle est en anglais, mais vous pouvez afficher les sous-titres (anglais) qui peuvent être traduits en français directement depuis le lecteur de Youtube. La traduction n’est pas parfaite, mais elle permet de comprendre sans problème la vidéo.
Vous avez vu tout ce qu’il peut supporter ! Étonnant, n’est-ce pas ?
Ce qui démontre que contrairement à ce que pensent beaucoup de personnes, les appareils de Phase One sont réellement à l’aise à l’extérieur quel que soit le temps.
J’ai pu en faire l’expérience très concrètement lors de la prise de vue de la photo ci-dessous dont vous pourrez trouver les détails de l’histoire d’article suivant – Black Snake – où l’on peut voir qu’une très forte pluie nous a accompagnés.
Le IQ260 est un dos capable d’être à son aise sur tous les terrains, et il serait presque dommage de le cantonner dans un unique rôle d’appareil de studio, d’autant plus que le piqué de ce dos moyen format est superlatif, très difficile de trouver quelque chose de meilleur, c’est certainement ce qui se fait de mieux sur le marché actuellement, il offre bien d’autres possibilités que le studio, le paysage est par exemple l’un des thèmes qui lui va très bien.
Qualité d’image :
Ici on est dans ce qui se fait de mieux, un capteur grand format, trois fois plus important qu’un capteur 24*36 et même 8 fois plus grand qu’un capteur APS-C et au final 42 fois plus grand que le capteur qui se trouve dans votre téléphone.
Comme expliqué un peu plus haut, le piqué de ce genre d’appareil est superlatif, c’est ce qu’on trouve de mieux, pas de filtre passe-bas pour en amoindrir la qualité de l’image, on obtient des fichiers de grande taille qui croustillent de détails.
Un des problèmes que l’on avait avec ce genre de matériel, c’était qu’ils avaient de la peine à faire de longues poses et à délivrer des fichiers de qualité exempts de bruit numérique.
Si je mets cette affirmation au passé, c’est que l’un des grands bonds en avant de la série IQ2 est justement sa capacité à gérer ce point précis.
Cette photo a été faite dans une pièce plongée dans le noir, dont le seul éclairage venait d’un filet de lumière qui passait par l’entrebâillement de la porte. Le diaphragme fermé à f/20 pour un temps de pose de plusieurs longues minutes avec un résultat des plus impressionnants pour ce type de boîtier.
Si vous Cliquez ICI vous pourrez voir un crop 100% du fichier, en plus du très bon piqué (pour une ouverture à f/20 sans apport de lumière) on se rend compte que le fichier est d’une propreté incroyable.
Pour pouvoir utiliser la pose longue, on va configurer le dos, dans les ISO, pour lui indiquer que l’on passe en pose longue. De fait, la valeur ISO la plus basse va passer de 50 ISO à 140 ISO.
Parlant d’ISO, si l’on fait exception du tout nouveau IQ250 que je me ferais un plaisir de tester prochainement, la montée en ISO des dos moyen format numérique n’est pas réellement leur point fort.
Pourtant, de façon étonnante, le IQ260 gère plutôt bien la montée en ISO grâce au système ingénieux de Phase One, qui est de coupler les photosites entre eux par 4, diminuant ainsi la résolution du capteur, mais permettant de délivrer des fichiers hauts ISO de bonne qualité.
C’est ainsi que le IQ260 permet de monter à 3 200 ISO avec un fichier plutôt propre (la photo ci-dessous est brute de capteur).
Plutôt que de vous offrir un simple crop 100%, je vous propose de télécharger le fichier original: Cliquez ICI, ainsi, vous pourrez vous faire une idée réelle de sa capacité à offrir des fichiers de très bonne facture même à 3 200 ISO.
Le bon de qualité entre le IQ180 et le IQ260 est juste impressionnant !
Dynamique d’image :
Phase One annonce une dynamique de 13 IL sur le capteur du IQ260 pour un encodage de 16 bits. Ce qu’il faut retenir ce n’est pas tant l’encodage en 16 bits, car soyons franc, d’un point de vue purement physique entre 14 et 16 bits cela ne changera pas la dynamique, car les derniers bits seront inefficaces, noyés dans le bruit.
Ce qu’il faut retenir c’est les 13 IL de dynamique annoncée, qui eux sont bien le point très fort de ce type de capteur et du IQ260 en particulier qui de fait peut gérer des scènes difficiles avec une facilité presque déconcertante,
Le IQ260 sera donc à l’aise sur tous les terrains, la comparaison avec le IQ1 n’est pas flagrante, mais on sent tout de même une amélioration, surtout quand on passe du IQ180 au IQ260, les 20 millions de pixels en moins offrent un petit surplus de dynamique non négligeable.
Cette souplesse dans la dynamique permet une latitude de travail des plus agréables, qui permet clairement de travailler dans toutes les conditions, du paysage complexe au simple portrait en lumière naturelle, on sera à l’aise un peu partout.
Ergonomie et Connectivité:
Les dos IQ2, à l’instar de leur prédécesseur les IQ1, ont une ergonomie très simple, le principal changement est l’écran qui devient Retina et qui de fait a une qualité d’affichage en nette progression.
On contrôle le IQ260 depuis le dos du bout des doigts de façon très simple et plus ergonomique, les menus sont sobres, clairs et simples. Les options ne sont pas légion, mais permettent justement de ne pas se perdre au milieu de centaines de propositions.
Dans les points très appréciables, il y a l’affichage de la zone de netteté (dont on peut configurer la couleur) ce qui permet d’avoir un contrôle très précis sur l’endroit où nous avons fait le point.
Comme la profondeur de champ des moyens formats est réellement très courte, dans certains cas c’est un plus non négligeable que d’avoir cette aide, ce qui permet d’avoir un contrôle parfait de l’image et de la PDC.
Mais Phase One ne s’est pas arrêté là et a pourvu ses IQ2 d’une option capitale qui devient réellement importante et dont je salue l’implantation sur tous les boîtiers qui y ont droit, je parle bien entendu du WiFi.
Si le WiFi va vous permettre de visionner vos photos directement sur votre smartphone ou encore mieux sur votre tablette, l’option ne va pas se contenter de ça et va permettre de contrôler l’appareil sans fil.
C’est réellement un gros plus, autant à l’extérieur qu’en studio, où une fois l’appareil en place on peut entièrement le contrôler et voir le résultat sur un grand écran de bonne qualité et faire les corrections nécessaires sans même bouger.
Vous connaissez maintenant mon coup de foudre pour le système WiFi et ceci quel que soit l’appareil, autant dire que le fait d’avoir ça sur le IQ260 lui donne encore une force supplémentaire.
Dans l’ensemble, l’ergonomie du système Moyen Format de Phase One est très bien pensée pour ce type d’appareil, le boîtier est lourd, le dos numérique est lourd et les objectifs le sont aussi. Le tout fait donc son poids, mais il faut ça pour avoir un capteur moyen format.
Sur une longue journée de shooting, c’est parfois un peu difficile, mais on est vite consolé quand on voit le résultat et la qualité d’image offerte par ce système.
Il faut aussi noter dans les points positifs la durée de vie des batteries qui a clairement été revue à la hausse et permet de tenir plus longtemps que sur les IQ de la série 1.
Quand on est sur une journée shooting, c’est réellement un avantage que de ne plus trop se soucier de la durée de vie de ses accus.
Conclusion :
Quand j’ai vu que Phase One annonçait la sortie des IQ2, et plus particulièrement du IQ260 qui me faisait de l’œil, je me suis demandé si les promesses faites sur le papier allaient être tenues sur le terrain.
Il est évidant que Phase One a fait un gros travail pour améliorer l’ensemble – boîtier, dos numérique – et cette série IQ2 et plus particulièrement le IQ260 montre qu’ils sont réellement à l’écoute de leurs clients et qu’ils ont su apporter de réelles améliorations à leur dos sur cette série deux des IQ qui était déjà réellement au top.
Ce genre d’ensemble comme vous le savez coûte un certain prix, c’est un investissement plutôt élevé, mais qui offre des possibilités incroyables, qui permet de réaliser des photos impressionnantes.
Je voulais savoir qu’elle était le ressenti d’une personne qui est photographe, mais qui n’utilise jamais ce type d’appareil. Je parle du ressenti sur un premier coup d’œil, un essai rapide, une petite prise en main, afin d’avoir une vision différente d’une personne qui l’utilise quotidiennement.
Tout d’abord Marc qui n’utilise jamais de moyen format et qui nous dit que s’il est impressionné par la qualité de construction et des images fournies par l’appareil, il est plus dubitatif sur son ergonomie générale qui ne lui semble pas en adéquation avec la qualité de l’ensemble.
Puis Seb, qui lui est habitué au système moyen format, mais argentique, qui nous dit qu’il retrouve très bien les sensations des appareils MF, gros, mais stables, il ne s’est pas senti dépaysé, c’est plus dans la recherche d’option typiquement orientée numérique qu’il a eu plus de mal à s’y retrouver, mais expliquant qu’une prise en main rapide ne remplacera jamais la lecture attentive du mode d’emploi.
On notera que le fait d’utiliser ou non un moyen format peut avoir une conséquence sur l’appréciation de l’ergonomie générale de ce système et même sur la qualité ressentie de l’ensemble.
Il faut donc un temps d’adaptation si l’on veut se sentir à son aise avec du moyen format numérique, ou du moins avoir une certaine expérience de boîtier MF.
De mon côté, comme vous vous en doutez, je suis réellement séduit par ce nouveau IQ260 qui est réellement à mon sens ce qui se fait de mieux dans le monde du moyen format à l’heure actuelle.
Si une personne devait investir dans un système moyen format numérique, je n’hésiterais pas à l’orienter du côté de Phase One, qui est pour moi le système le plus abouti actuellement et qui offre une très haute qualité.
De plus, leur toute récente annonce du IQ250, qui pourra monter à 6’400 ISO en pleine résolution et avec une qualité optimale, nous montre leur envie d’aller de l’avant et de donner encore plus de souplesse au moyen format qui s’ouvre de plus en plus à tous les types de photos.
Je reviendrai bientôt vers vous avec un test complet du IQ250, mais en attendant, je ne peux qu’applaudir les performance du IQ260 sans aucun doute mon dos numérique préféré !
Bon courage et bonnes photos !