Voilà un test que beaucoup attendaient depuis très longtemps et que je vais me faire un plaisir d’écrire.
Pourtant, il ne sera pas aussi long que pourrait l’être un test habituel, pourquoi allez-vous me demander … Et bien, cela vient simplement du fait que le Nikon D4s n’est pas en soit un nouvel appareil photo, mais bien une évolution du Nikon D4, comme l’était le Nikon D3s par rapport au Nikon D3.
Pour ce test, je vais donc procéder de façon un peu différente de ce que je fais habituellement.
Je vais en premier lieu vous inviter à lire le test du Nikon D4, si cela n’est pas déjà fait afin que vous connaissiez les points les plus importants de ce boîtier.
De là, je vais surtout me concentrer sur les nouveautés apportées au Nikon D4s par rapport au D4 et ainsi nous verrons les évolutions de cet appareil.
La première question que nous devons alors nous poser est …
Qu’est-ce qui a changé ?
Ici, même si on n’est pas devant une révolution, on est loin de la simple évolution cosmétique, si le D4s reste un D4 amélioré, il y a de réelles améliorations qui se ressentent sur le terrain.
Quand on regarde l’appareil, mis à part le S en plus sur le sigle, rien ne change et il serait impossible de faire la différence sans ce détail.
Tous les changements sont internes, et c’est dans le cœur du boîtier que tout se passe.
Le point le plus important, c’est surtout le remplacement des processeurs, le D4s qui passe de l’Expeed 3 à l’Expeed 4, et c’est surtout ce changement qui va entrainer la majeure partie des améliorations, en effet, à des performances de 30% supérieures, Nikon peut s’appuyer sur cette puissance de calcul pour muscler son boîtier phare.
Grâce aux processeurs plus puissants, on peut faire des calculs plus rapidement, de fait, Nikon change quelques éléments mécaniques de la bête, et voilà ce que ça peut donner:
- Une rafale de 11 images par seconde avec le suivie AF prédictif et 12 images sans le suivie AF.
- Possibilité de grouper les points par zone AF.
- La montée en ISO se voit aussi améliorée grâce à des algorithmes de calcul plus puissants, permettant d’afficher le chiffre incroyable de 409’600 ISO en position H2.
- On trouvera aussi 6 préréglages de la balance des blancs, contre 3 avant.
- Une amélioration de colorimétrie, surtout sur les tons chair
- Un RAWs, non compressé sur 12bits
- La vidéo gagne aussi avec une possibilité d’enregistrer maintenant à 60 images par seconde en full HD (1920*1080px)
C’est à peu près tout pour les grosses améliorations.
On sent bien ici que c’est la qualité du nouveau processeur qui permet l’avancée de la plupart des points, la question maintenant c’est …
Qu’est-ce que ça change sur le terrain ?
Pour faire ce test de la meilleure façon possible, je vais essayer de suivre l’ordre des changements annoncés et vous donner mon avis sur lesdits changements.
Comme le reste du boîtier demeure de façon intrinsèque un D4 amélioré, nous allons nous intéresser uniquement aux changements les plus importants.
Pour un photographe d’action, le premier gros changement c’est …
La rafale à 11 images par seconde et les zones AF:
Soyons francs, pour l’opérateur, au moment de lancer la rafale, difficile de se rendre compte de la différence entre les 10 images seconde du D4, les 11 images seconde du D4s et les 12 images secondes d’un EOS 1Dx.
Même l’un à côté de l’autre et à l’oreille, ce n’est pas facile de constater le gain.
Sur une rafale de trois secondes, ce qui est ÉNORME en fait, cela va donner les résultats suivant:
- 30 images pour le D4
- 33 images pour le D4s
- 36 images pour le 1Dx
Entre le 1Dx et le D4 on a presque 1/4 d’image en plus, mais les trois images de différences entre le D4s et le 1Dx sur un peu plus de trente images, ce n’est pas non plus la mer à boire.
Sur le terrain, la différence ne pose pas de problème, on n’a pas l’impression d’avoir raté la scène du siècle pour le petit manque par rapport au 1Dx ou d’avoir obtenu l’image ultime grâce aux trois images de plus par rapport à son presque jumeau le D4.
Par contre, c’est plus psychologiquement que c’est plus dur à vivre pour les “fans” de Nikon, pourquoi améliorer ce point de l’appareil photo et s’arrêter juste au pied du podium? Un peu dur quand on sait que le 1Dx a 2ans de plus et qu’il fait un tout tout … tout petit peu mieux. Mais finalement, pour le coup ce n’est qu’une question d’émotion …
Car oui, 11 images “seulement”, mais avec une prédiction AF toujours aussi bonne avec l’avantage sur le D4 premier du nom, de pouvoir grouper les zones AF, ce qui pour beaucoup de situations, comme la photo animalière, particulièrement la photo d’oiseau, devient un vrai confort, un point sur lequel je suis réellement heureux qu’ils aient travaillé.
Nous allons volontairement passer sur les 6 préréglages de la balance des blancs, ce qui est bien sympa, mais qu ne mérite pas forcément un sous-chapitre, pour passer directement à …
La colorimétrie:
Si vous avez lu mon test du D4, c’était un des petits reproches que j’avais à faire à cet appareil, je trouvais que les couleurs avaient tendance à partir du côté des vert jaune et cette sensation était particulièrement désagréable en portrait où les tons chair n’étaient pas parfaits.
Nikon nous annonce qu’avec le D4s ils ont travaillé sur ce problème afin que, cette fois, la couleur de la peau d’une personne soit vraiment juste.
Sur le terrain, on remarque très clairement l’amélioration, et la colorimétrie a vraiment évolué sur le mieux, et c’est un très bon point, même si dans l’ensemble les couleurs restent plus chaudes que neutres, le boîtier délivre des fichiers avec une bonne colorimétrie.
Cette petite photo de mes parents (merci d’avoir posé pour moi) certes, pas la plus esthétique du monde, montre la qualité de la colorimétrie qui cette fois tient vraiment la route.
La colorimétrie étant réglée, on peut passer au point suivant …
La montée en ISO:
La montée en ISO du D4 était déjà exceptionnelle et je dois reconnaitre que lorsque j’ai vu Nikon annoncer une amélioration de ce côté-là, j’ai quelque peu douté.
Ils nous expliquent que c’est une amélioration de l’algorithme qui va provoquer le changement et permettre un gain de qualité sur la montée à haut ISO.
J’ai toujours été transparent sur le fait que je ne fais pas de mesure labo, mon outil de mesure c’est mes yeux et mon expérience du terrain, mon ressenti, car au final le photographe ne se balade pas avec les mesures DxO accrochées sur son sac ou son écran d’ordinateur, il se contente de “juger” avec ses yeux.
Les mesures labo sont une très bonne chose pour se faire une idée, pour comprendre les possibilités. Je les consulte toujours avant un test, car l’un ne va pas sans l’autre.
Alors, du côté du Nikon D4s, les mesures labo montrent qu’en JPEG direct il y a une amélioration, les performances du processeur liées aux nouveaux algo ont fait leur office et la qualité semble augmentée. Avec mes yeux, j’ai bien l’impression qu’il y a moins de bruit pour une valeur ISO équivalente, mais j’ai cette sensation que les détails sont plus lissés sur le D4s.
En RAW, l’affaire se corse, en passant par Ligthroom 5.6, j’ai beaucoup de peine à faire la différence entre les deux fichiers et il me serait juste impossible de déterminer lequel vient du D4 et lequel vient du D4s simplement en les comparent ainsi.
Pour la démonstration, photo de la fameuse maison blanche:
Elle a été prise à 51’200 ISO – f/8 – 1/8s, la même photo a été réalisée avec le D4 et le D4s, ci-dessous le crop 100% d’un détail de l’image.
À gauche le D4 et à droite le D4s, les deux fichiers en RAW développés sur Lightroom 5.6 avec le passage sous Photoshop uniquement pour présenter les deux photos sur la même image:
Je ne sais pas vous, mais de mon côté, j’ai beaucoup, beaucoup de peine à voir une différence.
Néanmoins, le D4 était un champion pour sa montée en ISO, le D4s arrive à faire un peu mieux en JPEG direct, mais dans tous les cas, les deux boîtiers sont d’une qualité exceptionnelle pour la gestion des photos en haut ISO.
Ceci étant dit et fait, on passe à la suite …
Et le reste ?
Il y a encore quelques améliorations, comme une batterie qui a une meilleure durée de vie, l’intervalomètre qui passe de 999 à 9’999 vues ou encore le sRAW 12 bits non compressé …etc.
Mais dans les grandes lignes, les points cités plus haut sont les principaux changement pour le Nikon D4s le reste ne variant pas ou très peu.
Alors, je sais la question que vous vous posez, je vais y répondre tout de suite dans la …
Conclusion:
Nikon à joué le jeu, ils n’ont pas présenté le D4s autrement que comme une simple évolution du D4, tout comme il l’avait fait avec le D3s, c’est juste une sorte de grosse mise à jour.
La question légitime que l’on peut se poser, est-ce que ça vaut le coup de changer d’appareil pour passer du D4 au D4s?
Si vous avez déjà un D4, le passage à la nouvelle version ne vous apportera pas les avantages d’un grand bond technologique, comme vous avez pu le constater, s’il y a bel et bien une évolution, on n’est pas non plus sur un nouvel appareil qui pourrait apporté une révolution.
Par contre, si vous venez d’un boîtier plus modeste et que votre rêve est justement de passer par le fleuron de Nikon, cette évolution apporte quelques arguments pour choisir le D4s plutôt que le D4.
Au final, je suis très content et satisfait de ce qui a été apporté, j’aurais peut-être espéré que cette mise à jour soit un peu plus musclée pour rivaliser sur certains points avec son concourant direct le 1Dx de Canon, comme pour la rafale à 12 images seconde ou un AF encore plus percutant, bien que celui d’origine soit plus que performant, mon ressenti est qu’il manque un rien de courage pour que ce boîtier prenne la tête.
Disons que mon espoir aurait été que Nikon pousse un peu Canon à aller eux aussi plus loin, mais ici, avec ce D4s qui offre des évolutions sympas, mais sans non plus creuser l’écart, Canon peut resté tranquille avec son 1Dx qui garde la tête haute face à son nouveau concurrent plus jeune de deux ans.
Je finirai par dire, bien joué Nikon d’avoir sorti un nouveau D4, même si on aurait espéré un peu plus d’audace dans cette démarche.
Bon courage et bonnes photos