Bonjour tout le monde !
Je découvre les lieux (wouaou c’est très grand ici dis donc !) et je remercie Franky pour son invitation. Comme je suis plutôt spécialisé dans la photo de sport, tout naturellement, j’ai proposé à Franky d’écrire un article sur le sujet. Je lui ai dit “Vas-y Franky c’est bon !”, je m’occupe de tout. Et du coup me voici sur son blog pour vous parler de la photo de sport et peut-être vous inciter à vous lancer dans la discipline.
Avec cet article, je vais essayer de vous informer et d’être complet pour que vous ayez envie de prendre votre boîtier et shooter de la photo de sport dès la fin de votre lecture.
Pourquoi faire de la photo de sport ?
Vous aimez le sport ? Vous appréciez d’être au contact ou à proximité des sportifs ? Vous aimez la compétition et son atmosphère à couper au couteau ? Vous rêvez de vivre des moments uniques dans le monde du sport ?
Si vous répondez oui à toutes les questions, j’espère pour vous que vous pratiquez déjà la photo de sport. Si ce n’est pas le cas, il faut vite vous y mettre et je vais faire en sorte de vous transmettre cette envie.
Avec quel matériel ?
La photo de sport est un domaine photographique bien particulier. Cependant, il comporte de nombreuses similitudes avec la photographie animalière par exemple. Ainsi, on va souvent privilégier de longues focales pour saisir des instants de sport plus ou moins éloignés.
Mais le sport ne se limite pas à l’utilisation d’un téléobjectif hors de prix. C’est le cliché qu’on pourrait en avoir, mais c’est faux. Le sport requiert l’utilisation d’un panel d’objectifs très large, en partant du fish-eye ou d’un objectif très grand angle jusqu’aux plus longues focales. Ce qui laisse une chance à tous les photographes qui oseront se frotter à la discipline. Vous voyez, vous n’avez aucune excuse pour ne pas vous y mettre !
Le sport c’est rapide et il vaut mieux vaut avoir du matériel véloce. Attention, nul besoin d’avoir du matériel à 20 000€ pour faire de la photo de sport. Tous les boîtiers reflex sont largement capables de saisir des photos de sport. Et c’est bien sûr pareil pour les objectifs.
En clair, vous n’avez pas besoin d’avoir un boîtier qui monte à 10 images par seconde contrairement à ce qu’on pourrait souvent vous faire croire.
Mais je vous mentirai si je vous disais qu’une seule image seconde c’est suffisant. Le bon compromis, c’est un boîtier capable de faire 3 images par seconde. N’importe quel boîtier réflex d’entrée de gamme est parfait pour s’initier à la photo de sport et même s’y perfectionner.
Cela dit, si vous avez un compact ou un bridge, vous ne devez pas renoncer à la photo de sport. Ce sera plus compliqué techniquement, mais loin d’être impossible. J’ai fait mes premiers clichés avec un compact puis j’ai enchaîné assez rapidement avec plusieurs bridges. Je vous rassure, ça ne m’a pas du tout dégouté de la photo de sport, bien au contraire.
La technique
Quelle est la technique de prise de vue pour la photo de sport ? Et bien comme dans n’importe quel style photographique : il faut cadrer, composer et déclencher au bon moment. Rien de bien particulier finalement. Bon ok, je le conçois, le sport a quand même la particularité d’être plutôt rapide. Mais pas question pour autant de passer son temps à faire de la rafale. Les 3 images seconde évoquées précédemment, c’est juste histoire d’avoir un boîtier un peu réactif. La réactivité du boîtier vous servira à saisir un beau moment qui ne se représente pas deux fois, en général. Et là encore, c’est une similitude avec la photographie animalière. Mais plus que le boîtier et sa vitesse de déclenchement, c’est le photographe qui sera la pièce maîtresse pour saisir un bel instant.
A l’automne dernier, j’ai exposé des photos de sport dans une ville de Gironde et l’une des photos retenait un peu plus l’attention des visiteurs. C’était une photo de Damien Eloi (un des plus beau palmarès français du tennis de table) au service. J’ai saisi la balle entre ses yeux au moment de sa retombée. Et la question inévitable des visiteurs de l’expo était de connaitre le nombre de rafales et de prises de vues pour saisir cet instant en particulier. Quand je leur expliquais qu’il s’agissait d’une seule et même prise, je sentais bien qu’il ne me croyait pas vraiment…
En fait la technique est très simple et consiste à “faire corps” avec le sportif. Sans pour autant se jeter sur eux, déconnez pas ! Quand je parle de “faire corps”, c’est juste de lire le jeu, lire un instant et anticiper. Si vous réussissez à entrer dans l’action, vous n’aurez pas besoin de faire 30 photos d’affilées pour capter un instant. Une seule prise pourra suffire, comme pour ma photo de Damien Eloi.
Pour bien photographier le sport, je pense que la première étape c’est d’aimer le sport et d’aimer les sportifs. Je croise beaucoup (trop ?) de photographes pros ou amateurs qui “crachent” sur les sportifs ou se moquent (notamment des sportives) et à mon sens ce manque de respect se ressent largement dans leur production photographique. Je pense qu’il faut aimer ce qu’on fait pour avoir envie d’en tirer le meilleur.
Ce constat est important parce que tout part de là. Si vous aimez un sport, vous allez vous renseigner et apprendre des choses qui vous seront à un moment ou un autre importantes pour le photographier. Si vous appréciez un sportif, vous allez apprendre à le connaître et le comprendre, et ainsi pouvoir anticiper sur sa façon d’évoluer sportivement, sur ses coups de gueule, sur ses petites manies, etc…
L’anticipation c’est le nerf de la guerre en photo de sport. Si vous savez ce qu’il va se passer et où, vous avez fait le plus dur. Mais même en connaissant le sport et les sportifs, vous ne pourrez pas pour autant anticiper tout ce qu’il se passe et heureusement sinon ce serait trop facile. C’est l’expérience qui fera de vous un meilleur photographe plus que la technique ou le matériel. Et pour avoir de l’expérience, il faut faire de la photo de sport. Je vous conseille d’en faire assez régulièrement, si vous le pouvez, et de ne pas hésiter à vous essayer à plusieurs sports.
Concernant la technique pure, bien souvent on va utiliser de grandes ouvertures (du genre f2,8). Essentiellement pour deux raisons :
– Une grande ouverture fait entrer beaucoup de lumière et permet donc d’utiliser des vitesses d’obturations élevées pour figer des actions de sport très rapides
– Une grande ouverture offre une courte profondeur de champs ce qui permet d’isoler le sujet de son environnement (souvent gênant en sport)
Alors vous l’aurez compris, mieux vaut avoir des objectifs assez lumineux pour photographier le sport. Notamment pour les sports qui se déroulent en salle. Si vous n’avez pas ce type d’objectifs onéreux, il vous faudra monter en ISO pour compenser le manque de lumière. Et qui dit montée en Iso, dit image dégradée. Mais avec la progression des boîtiers dans ce domaine, aujourd’hui l’impact est limité.
Ne vous limitez pas non plus aux grandes ouvertures, en photo de sport vous pouvez aussi utiliser de petites ouvertures. Pour réaliser un filé, il vous faudra baisser la vitesse d’obturation et en fermant le diaphragme vous y arriverez. Sachez que rien ne vous est interdit. Si vous souhaitez faire de votre sujet un simple élément de paysage, ne vous freinez pas. Le culte de la photo de sport en très gros plan doit mourir, la photo de sport ne doit pas se limiter à ce stéréotype…
Accréditation
En photo de sport, l’accréditation est essentielle. C’est le sésame qui vous fera accéder à des zones que le simple spectateur ou même le journaliste de presse écrite ne pourra fouler. Mais c’est aussi l’autorisation qui officialise votre venue sur une rencontre sportive. Bien sûr, vous ne pourrez demander une accréditation que pour les compétitions de haut niveau. Le monde amateur ne propose pas souvent d’accréditer des photographes. Pour autant, je vous conseille de faire une demande pour venir faire des photos aux organisateurs de la compétition ou de la rencontre sportive. Et une fois sur place, annoncez-vous ! Cela vous permettra peut-être de vous rendre compte que certains sportifs refusent d’être pris en photo. Dans le monde amateur c’est une chose assez courante, donc faites-y attention surtout si vous souhaitez poster des photos sur les réseaux sociaux ou votre site web.
La première chose que je fais lorsque que je souhaite suivre une compétition, c’est de demander cette fameuse accréditation. Je ne photographie quasiment que des grosses compétitions et hors de question pour moi de payer ma place et faire des photos depuis des gradins ou derrière une vitre… Donc pas d’accréditation, pas de photos !
Mais à qui demander une accréditation ? La question qui tue ! Et bien il y a plein de réponses à cette question. Et la première c’est déjà de savoir si vous êtes en droit de demander une accréditation…
Si demain l’envie vous prend de suivre un match de football en ligue des champions, il est évident que vous ne serez pas accrédités. Sauf si vous êtes photographe professionnel de presse et que vous êtes dans un journal ou une agence qui en impose. L’importance de la compétition a donc des répercussions sur votre potentielle accréditation.
Si vous êtes novice en photo de sport, je vous conseille de vous diriger dans un premier temps vers le sport amateur, à commencer par les clubs de sport autour de chez vous. C’est un bon moyen de se faire la main et d’acquérir de l’expérience pour viser plus haut par la suite. Si vous souhaitez suivre des compétitions un peu plus huppée, le fait d’avoir un statut de photographe pro ne pourra que vous aider, les accréditations, en théorie, ne sont pas données à des amateurs. Mais dans la pratique, les amateurs peuvent participer à certaines compétitions. Essayez de débusquer ces compétitions là.
Si vous avez un statut pro ou une grosse expérience en photo de sport, vous pourrez contacter les organisateurs pour obtenir votre accréditation. Souvent sur le site du club ou de la compétition il y a un onglet à destination de la presse pour demander les accréditations. Tentez votre chance si l’organisateur ne réclame pas une carte de presse. D’une manière générale, il faut réussir à contacter les gens qui ont le pouvoir d’accréditer. Dans certains cas ce sera le président du club, une personne dédiée à la communication ou encore une agence de communication sous-traitante du club ou de l’évènement.
Mais ne soyez pas non plus trop insistant et ne vous formalisez pas si vous ne recevez pas de réponse (ça arrive très souvent). Tentez votre chance ailleurs.
Le respect des sportifs
Est-il obligatoire pour prendre une bonne photo de prendre des risques et en faire prendre aussi aux sportifs ? Je suis sûr que beaucoup dirait que oui, parce que c’est le jeu qui veut ça. Pour ma part, je m’interdis tout comportement du genre. A la rigueur si je prends un risque pour moi ou mon matériel pourquoi pas, mais en faire prendre aux sportifs… pas question. Déjà parce que je ne compte pas me faire jeter d’une compétition, mais surtout parce qu’il faut absolument respecter les sportifs.
De même, je trouve ça assez stupide et improductif d’aller coller un sportif après une victoire ou une défaite. Je tiens à respecter leur intimité et pour moi c’est une victoire quand j’ai pu faire mes photos sans qu’on ait pu remarquer ma présence. Après chacun fait comme il le sent, mais respecter son sujet me paraît essentiel.
Je peux illustrer mon propos par la photo suivante :
Lors des championnats de France de tennis de table à Agen, j’ai pris cette photo de Marina Berho une jeune espoir de la discipline. On dirait qu’elle pose pour moi et en fait pas du tout, elle ne m’avait même pas vu. Je la connais un peu et j’ai senti son agacement dans le jeu. Ce qui m’a permis d’anticiper sur cette réaction qui allait tôt ou tard arriver. Il me restait plus qu’à prévoir à l’avance le cadrage et surtout espérer qu’elle regarde dans ma direction. On peut tout à fait réaliser des photos avec une certaines proximité sans pour autant entrer dans l’intimité des sportifs ou leur coller aux basques.
La non utilisation du flash est aussi un élément important dans le respect du sport et des sportifs. On me dit régulièrement qu’en fait ça ne gène pas les sportifs et que ce n’est pas dangereux, qu’un ou deux coups de flashs c’est pas bien grave, etc… Oui, en effet c’est peut-être vrai. Pourtant, je me refuse son utilisation et je vous conseille de faire de même.
Il faut savoir que le flash est interdit dans la plupart des compétitions de toute manière. Même si le flash ne dérange pas 90% des sportifs, vous ne pouvez pas prendre le parti de gêner sciemment les 10% restants. Si vous faîtes des photos hors compétition ou avec des amateurs, là vous pouvez peut-être avoir une discussion avec les personnes concernées et voir si l’utilisation du flash est possible. Mais d’une manière générale, bannissez l’utilisation du flash. De toute manière, il ne serait pas utile dans de nombreux cas.
Les photographes de presse
C’est eux qui ont pignon sur rue dans les compétitions de renom. Le photographe de presse ou d’agence possède la plupart du temps une carte de presse ce qui en fait un journaliste à part entière. Quand on aime la photo de sport, c’est un domaine qui fait facilement rêver. La réalité n’est pas aussi rose malheureusement. C’est un monde ou la concurrence est rude, les places très rares, et ça ne va pas en s’arrangeant.
Les photographes de presse travaillent pour des journaux, magazines, sites web ou de grosses agences photo. Leur job consiste bien souvent à cerner un ou plusieurs sportifs. Souvent ils ne font pas vraiment ce qu’ils veulent et ils ont surtout un devoir de résultat.
Et pour avoir travaillé pour une petite agence photo, je peux vous garantir que ça change beaucoup de choses sur le terrain. La notion de plaisir peut vite disparaître et la situation devenir stressante. Surtout qu’il faut bien sûr envoyer par mail ou sur un serveur vos photos, ce qui vous enlève du temps pour faire des photos et tenter des choses intéressantes.
Rien ne vaut la liberté pour tenter des choses et faire ce qui vous plaît. C’est quelque chose à méditer si vous rêvez de devenir professionnel ou photographe de presse. Je ne vais pas trop m’étendre sur le sujet qui en lui-même est très vaste. J’ai écrit une petite série d’articles pour expliquer ma mésaventure dans le monde des agences photo : Travailler en agence photo, la consécration ?
Les conditions de prises de vues
Tout comme en photographie animalière une fois encore, les conditions climatiques et de lumière vont largement influer sur votre production photographique. Le sport se pratique souvent en extérieur et il faudra composer avec la température et les aléas de la météo (pluie, vent, gel, etc…). Il paraît banal de le dire, pourtant c’est un paramètre essentiel à prendre en compte pour réussir une sortie de photo de sport.
Les conditions climatiques peuvent vraiment faire de votre sortie photo une réussite tout comme une catastrophe monumentale. Prenons un exemple tout bête, une rencontre de football en plein été, la sortie de photo de sport basique en somme. On peut aller sur place avec confiance étant donné la période et voir ce que ça donne. Mais on peut aussi étudier la météo et se rendre compte que la température sera élevée, le soleil très fort et qu’il y aura une grosse pluie d’été quelques minutes avant le début du match. Le photographe qui n’a rien prévu devra subir les éléments avec plus ou moins de succès… Celui qui aura étudié un peu son sujet, viendra avec une casquette ou un chapeau, prendra de la crème solaire et aura prévu une petite housse anti-pluie pour protéger son matériel.
C’est tout bête, mais ce sont ce genre de petits détails qui pourront vous pourrir une session photo et là je vous parle de vécu. Et je l’ai encore vu récemment, mais ce n’était pas moi la victime… Tout ce qui peut paraître un détail peut vous permettre de faire la différence, la position du soleil, la force et la direction du vent, etc…
De même, une fois sur le lieu de la compétition, il faut analyser les lieux au maximum et déjà réfléchir à ce que vous pourrez faire. Vous pouvez repérer un bout de pelouse gorgée d’eau qui donnera des photos spectaculaires si les joueurs de foot viennent y faire des tacles, vous pouvez repérer des gens dans le public habillés dans des couleurs flashys pour faire un joli fond sur une photo portrait ou d’action, vous pouvez aussi tout simplement repérer la position du soleil et imaginer à quel moment et à quel endroit il vous rendra le maximum de service pour obtenir une belle lumière. Bref, les possibilités sont infinies et c’est ce point en particulier qui fait tout l’intérêt de la photo de sport. On ne maîtrise pas tous les éléments, mais en cherchant à les contrôler au maximum, on en retire beaucoup de fierté et parfois quelques belles photos de sport.
Le plaisir à faire de la photo de sport
Je vais finir cet article sur ce point précis parce qu’il est essentiel à mes yeux. Pourquoi faire de la photo sans prendre de plaisir ? A mon sens ça ne sert à rien… Le plus important c’est de faire ce qu’on aime et d’aimer ce qu’on fait, surtout quand on n’est pas professionnel. Quand c’est l’unique gagne-pain, c’est plus compliqué parce qu’il faut répondre à des exigences particulières du client ou du patron. Mais si vous êtes amateur ou photographe indépendant, prenez du plaisir dans ce que vous faîtes !!! Cela se ressentira largement dans votre production photographique.
Si vous appréciez vos photos et si vous avez le sourire quand vous êtes sur place armé de votre boîtier, alors vous avez tout compris.
J’espère que cet article vous donnera envie de vous essayer à la photo de sport. Ce n’est pas forcément simple de résumer un sujet aussi vaste, donc j’ai bien sûr fait au mieux. Mais si dans les commentaires de l’article je m’aperçois que j’ai réussi à créer quelques vocations, alors ce sera une vraie réussite pour moi.