Test terrain: Nikon 1 V3

Le  Nikon 1 V3 est une évolution de ces deux petits frères, les  Nikon V1 et V2, qui change bien des choses.

Pas de petit changement cosmétique, tout au presque est différent, capteur, ergonomie, viseur qui disparait et AF boosté aux amphétamines, le Nikon 1 V3 se veux meilleur, et mieux placé dans ce marché un peu délicat qu’est celui des appareils hybrides.

Le monde des hybrides est un secteur en pleine expansion, mais assez difficile de tirer son épingle du jeu, Canon le sait parfaitement bien, une tentative avec l’EOS M et pas de mise à jour depuis, si ce n’est une version spécial pour le Japon.

De son côté Nikon essaye de trouver son chemin avec plusieurs essais et le petit Nikon 1 V3 en fait parti, alors la grande question, positif ou négatif cet essai?

Pré-test:

Quand on prend en main pour la première fois le Nikon 1 V3 la première impression est très positive, compact avec un poids agréable dont nous reparlerons plus loin dans la partie sur l’ergonomie.

Le deuxième point que l’on veut regarder, c’est le capteur, car ici, comme on peut le constater sur sa fiche technique, Nikon a fait le choix de ne pas doter ses boîtiers hybrides d’un grand capteur, type APS-C ou Micro 4/3 comme l’on fait ses concurrents les plus directs.

Ici, c’est un capteur de 13,2 × 8,8 mm, qui est placé au cœur du système, soit un CMOS environ 2,7 fois plus petit que le plein format 24 × 36 mm. Nous verrons plus loin si cela à une incidence sur la qualité de l’image.

Comme on peu le constater, l’engin est plutôt petit et léger, mais surtout il a une cadence de tire à proprement parlé phénoménale. Avec la possibilité de monter à 60 images par seconde, on se retrouve face à une vraie bête de course.

Ergonomie:

Entre la photo d’illustration de l’article et les différentes vus de l’appareil ci-dessus, on remarque rapidement quelques différences. Ces différences viennent en réalité d’accessoires qui m’ont été fournis avec l’appareil que j’avais en test.

À première vu, cela semble ne pas changer grand-chose, mais sur le terrain, ces éléments font toute la différence.

Nous allons voir cela tout de suite avec …

Le viseur:

Un viseur? Mais quel viseur? La question est posée, car d’origine le Nikon n’a pas de viseur et c’est grâce à l’écran arrière que l’on va cadrer nos photos.

Quand on sait que la plupart de ses concurrents dans la même gamme de prix ont un viseur, on peut se demander pourquoi Nikon n’a pas jugé utile dans ajouter un sur le V3, alors que le V1 et le V2 l’avaient.

Ici, aucun élément de réponse, si ce n’est qu’on peut déduire que Nikon vise dorénavant un public amateur débutant plutôt qu’amateur expert pour cette gamme hybride, car dans toutes les dernières nouveauté, pas d’appareil avec viseur.

Alors, que faire si comme moi l’idée de viser sur un écran vous provoque des jaunisses et ceci même sans parler d’essayer d’y voir quelque chose quand on fait une photo en plein soleil?

La solution, l’achat d’un accessoire que l’on va ajouter à l’appareil, un viseur électronique.

Dans la gamme des viseurs électronique, le DF-N1’000 est plutôt de bonne qualité par rapport à la concurrence (qui ont un viseur d’origine, rappelons-le), avec ses 2 359 000 pixels la définition est très bonne, on retrouve toutes les infos nécessaires et la souplesse d’utilisation est au rendez-vous avec le détecteur de proximité, qui va faire fonctionné le viseur uniquement quand on y met l’œil. Comme il nous “voit” durant notre approche, aucune latence, il est prêt immédiatement.

Autre point positif, il suit plutôt bien les mouvements, point négatif, comme tous les viseurs électroniques il a beaucoup de peine avec les grands écarts de luminosité. Visez une scène contrastée, et les hautes lumières seront cramées ou les ombres seront bouchées. Dernier point négatif, il prend la place de la griffe porte accessoire où l’on place le flash, il faut donc faire un choix, le viseur ou le flash, mais pas les deux en même temps.

Dans l’ensemble, ce viseur est plutôt sympa, mais c’est tout de même 300€ de plus sur la facture … ouch!

La prise en main :

De base, la prise en main du Nikon 1 V3 est plutôt agréable. Les commandes sont très bien placées et intuitives. Le déclencheur n’est pas dans une position idéale, mais on s’y fait vite. On sent qu’il a été pensé pour tenir l’appareil entre le pouce et l’indexe afin de viser avec l’écran. Quand on tient l’appareil de façon plus traditionnel, il est un peu trop déporté sur la gauche.

Son poids et sa compacité en font un appareil très agréable à utiliser que l’on prendra facilement avec soi lors de nos balades ou autres sorties où l’envie de ne pas prendre le gros reflex se fait sentir.

La poignée un peu trop petite et pas assez bombée, même moi et mes petites mains je n’étais pas à mon aise alors avec des mains un peu plus imposantes cela ne doit pas être très agréable, nous offre malgré tout une très bonne préhension.

Si on souhaite une ergonomie meilleure avec une prise en main améliorée, pas de soucis, Nikon a pensé à tout ça et propose en option le grip GR-N1010.

La prise en main s’en trouve vraiment améliorée, le déclencheur est cette fois placé idéalement, on a même droit à une molette supplémentaire et un bouton programmable très bien placé juste à côté de l’indexe, mais surtout, la poignée bombée offre une préhension réellement améliorée, même pour les grandes mains.

Malheureusement, se confort à un prix, en effet, on devra sortir encore 150€ de plus pour avoir une ergonomie vraiment idéale, avec le viseur cela fait passer la facture à 450€ de plus que le prix  d’origine de l’appareil.

Pour le reste, naviguer dans les menus est un vrai plaisir, surtout grâce à l’écran tactile qui permet de faire les réglages et de naviguer de façon simple et intuitive.

Comme beaucoup d’appareils du genre, le Nikon 1 V3 offre beaucoup d’option très sympathique, comme les basiques HDR, effet maquette et autres, mais également des possibilités bien pratiques typiques de chez Nikonpar exemple l’option “meilleur moment”.

Dans l’ensemble le petit à une très bonne ergonomie, encore améliorée avec les accessoires supplémentaires.

Qualité d’image :

Les ingénieurs de chez Nikon ont choisi de placer au cœur du système 1 un capteur plus petit que ce que fait la concurrence.

En théorie, cela peut poser quelque problème, une montée en ISO plus difficile, une dynamique plus courte, qui ne permettra pas d’encaisser les grands contrastes entre les hautes et basses lumières.

La théorie, c’est la théorie, nous, ce qui nous intéresse, c’est la réalité du terrain, alors, que donne-t-il sur le terrain?

Comme on ne change pas une équipe qui gagne, voici les points principaux sur lesquels je me penche pour tester la qualité d’image.

Ces différents points, qui rentrent en ligne de compte pour offrir la meilleure qualité d’image qui soit dans toutes les situations possibles, sont :

Nous allons donc les détailler afin de voir ce que ces appareils ont à offrir !

La qualité d’exposition :

Le Nikon 1 V3 travaille très bien et sait gérer l’expo de façon optimale sans avoir de problème notoire, il nous offre une très belle gestion de l’exposition.

Par contre, dans le cas de cet appareil, la théorie rejoint effectivement la pratique. Dans les cas les plus communs, tout se passera au mieux et c’est un appareil qui offrira de belles images, mais dans des situations de lumière un peu difficile, le manque de dynamique se fait rapidement sentir.

On peut voir ce problème avec les deux photos suivantes. La première a été prise par le Nikon 1 V3 et la deuxième par un Fuji X-E2, exactement le même jour au même endroit.

Les deux photos sont brutes de capteur, le cadrage est différent, mais dans la réalité des faits, c’est bien la même lumière:

• Photo faite au Nikon 1 V3
• Photo faite au Fuji X-E2

On voit très clairement que la grande différence de dynamique entre le sol et le ciel est bien mieux encaissée par le Fuji que par le Nikon.

Ceci n’est pas dramatique en soi, mais c’est à garder à l’esprit.

Autofocus et piqué:

Voilà un point très positif de cet appareil, son autofocus et son piqué sont vraiment de très bonne qualité.

Pour ce qui est de l’AF, je peux dire que c’est même l’un des tout meilleurs croisés sur ce type d’appareil photo, très rapide et discriminant il ne rate pas sa cible.

C’est d’autant plus un point fort quand on sait que l’engin peut jouer les mitrailleuses avec des rafales impressionnantes, c’est de fait un très bon point et en prime l’autofocus arrive à suivre cette cadence très belle façon.

L’autofocus du Nikon 1 V3 offre beaucoup de possibilité pour s’adapter à la plupart des situations. Facile à régler et à gérer il offrira de belles images bien piquées, un vrai régale.

J’avoue avoir été particulièrement content et satisfait de ce point précis.

La gestion de la montée en ISO :

Comme je vous l’ai expliqué un peu plus haut, c’était un peu le point noir théorique du système, petit capteur est souvent associé à une montée en ISO un peu difficile.

On sent d’ailleurs que Nikon a été prudent avec une montée en ISO limitée à 12’800 ISO, là où la concurrence ose le 25’600 voir plus.

Regardons tout de suite ce qu’il en est et comment réagit la bête face à des situations difficiles.

Comme vous le savez maintenant, si vous êtes un habitué, cela fait un moment que j’ai pris parti de ne plus faire une série de photos à chaque valeur ISO pour vous les présenter.

Je pense simplement que prendre un objet en augmentant la valeur ISO n’est pas un compte rendu juste de la réalité du terrain !

En effet, un éclairage qui donne un 1/20 de seconde à f/5,6 pour 100 ISO, donnera 1/5 000 de seconde à la même ouverture pour 25 600 ISO, ce qui est loin d’être la situation lumineuse la plus catastrophique. De fait, le fichier présenté ne souffrira que très peu du manque de lumière, ce qui sur le terrain est bien différent. En règle générale, on utilise de telles valeurs pour pallier un manque de luminosité.

Quand on regarde la photo d’illustration de ce chapitre (ci-dessous), la fameuse Maison-Blanche Lego que vous connaissez bien maintenant, on voit qu’elle a été prise à 0.4 seconde, à une ouverture de f/4 pour 12’800 ISO.

La première chose que l’on constate – bien avant de regarder le crop 100% – c’est que l’on voit que l’appareil est à sa limite et que l’image est fortement dégradée.

Si on clique ICI pour regarder le crop 100%, on constate la grande perte de piqué dû à un bruit numérique très présent qui n’offre pas une qualité d’image exploitable.

De façon étonnante, je peux dire qu’au vu du capteur, les ingénieurs de la marque jaune ont plutôt bien bossé, en effet, on ne fait pas de miracle, mettre 18 millions de pixels sur un capteur aussi petit a forcément quelques conséquences sur la montée en ISO.

Il faut savoir que les valeurs de bases de ce boîtier sont comprises entre 200 et 12’800 ISO.

Je dirais que les fichiers supportent sans trop de problèmes la montée jusqu’à 1’600 ISO, à partir de 3’200 c’est jouable pour l’impression avec un bon travail de post-traitement. Au-delà, je déconseille, ou alors uniquement pour un affichage web qui ne dépassera pas 1’200px de large.

Conclusion :

Voici une conclusion difficile, car forcément je suis obligé de comparer avec ce qui existe sur le marché, est c’est ce qui pose problème.

Imaginons un monde où le seul hybride existant serait le Nikon 1 V3 je pourrais dire avec le sourire que c’est un très bon appareil, qu’il en offre beaucoup, que sa compacité, son poids plume et ses possibilités en font un très bel atout pour le photographe qui voudrait partir léger, mais avec un appareil de qualité.

Mais là où il y a un problème, c’est que Nikon n’est pas seul sur ce terrain, et des marques comme Fuji ou Olympus ont déjà pris une belle part du marché en offrant de plus des appareils pour le moins impressionnants.

Le monde de l’hybride semble encore un peu hésitant et les deux monstres du secteur photo ne semblent pas réussir à se positionner de façon idéale.

On sent que Nikoncherche à trouver la bonne formule, alors que Canon semble avoir baisser les bras face à se problème en sortant sur le tard un EOS M qu’ils n’ont pas renouvelé si ce n’est une version pour le Japon.

Ici, Nikon a fait le choix du petit capteur et je pense que c’est un peu “l’erreur” quand on sait qu’en face ils proposent tous des grands capteurs et Sony va même jusqu’à implanté un CMOS plein format dans son hybride haut de gamme.

Le Nikon 1 V3 est un bon petit appareil, mais au vu du prix supplémentaire pour le rendre vraiment attractif et au vu de la concurrence, je pense que ça va être un peu difficile pour lui de trouver sa place.

Dommage, car c’est le genre d’appareil prometteur que l’on aurait réellement plaisir à utilisé, très sympathique et que l’on verrait bien au fond de notre sac pour peu que Nikon gomme les petits problèmes que j’ai relevés.

Bon courage et bonnes photos.