L’agence BIOS PHOTO, emmenée par Catherine Deulofeu, lance un appel aux photographes, pour une photographie équitable. Un texte direct, simple, qui résume parfaitement une triste réalité et que toutes et tous les passionnés de photographie se doivent de comprendre et d’appliquer…
Pour la survie de la photo de qualité, des photographes et des supports qui font vivre l’image !
Chaque année le prix des photos baisse, inexorablement. Les raisons sont multiples, parmi lesquelles l’utilisation généralisée du numérique et l’idée reçue selon laquelle tout le monde serait capable de produire de belles images, vient ensuite l’ouverture des photothèques en ligne avec possibilité d’acheter mondialement, pour finir par l’apparition des agences de microstocks, euphémisme pour parler de micro prix.
La profession est tellement abasourdie par ces changements, que le Libre de Droit, frayeur des années 2000, passe pour un vaillant défenseur du droit d’auteur.
Le but de cette chronique n’est pas de crier au loup, mais plutôt de nous interroger sur le sens profond de cette mutation et de ses conséquences.
Chaque produit a un coût qui dépend de sa nature même et en grande partie de la région du monde où il a été cultivé ou fabriqué. Des citoyens de pays en développement gagnent pour fabriquer des objets de grande consommation mondiale souvent moins de 100 US $ par mois. On peut penser que cela est choquant – ou pas – mais ce dont on est sûr, c’est que ces pays émergents verront sous peu le niveau de vie de leurs habitants augmenter.
Maintenant regardons la situation de la photo, principalement produite dans les pays occidentaux, où le salaire minimum moyen est d’environ 1000 € par mois, par des photographes professionnels qui eux ont vu leurs revenus chuter de 30 à 50 % depuis 5 ans. Je parle bien sûr uniquement de ceux qui sont encore photographes.
La question qui se pose est de savoir si il y a encore une place pour la photo ou tout au moins pour les photographes. Seraient-ils, comme les derniers Dodos, voués à disparaître alors que la photo est partout, dans chaque moment de notre vie ?
Le monde serait-il devenu schizophrène ? Sans doute.
Mais nous avons le pouvoir, chacun d’entre nous, photographes, agences, éditeurs, rédacteurs de magazines, publicitaires, de nous interroger et d’agir. Les deux premiers peuvent décider de ne pas vendre si le prix proposé est trop bas et sans rapport avec le travail fourni, les autres peuvent décider d’acheter les photos juste un peu plus cher.
Inimaginable ? Non, il y a d’autres exemples. Des milliers de consommateurs sont prêts à payer leur café 30 % de plus parce qu’il est équitable et que ce prix juste permettra à de petits producteurs et à leur famille d’avoir une vie décente.
Lorsque l’on achète une image 1 euro, permet-on au photographe une vie décente ?
Pour arriver au salaire minimum mentionné plus haut, il faut vendre 1000 images (2000 si les images sont vendues par une agence). Combien d’images doivent être produites pour en vendre 2000 ? En tout cas plus que ne le peut un seul photographe par mois !
Si les photographes ne peuvent pas vivre de leur travail, ils vont disparaître. C’est une évidence. Dans le meilleur (ou le pire) des cas, ils continueront la photo comme un hobby.
Qui fournira alors, les photos de nos magazines, de nos livres? Des grosses agences photographiques internationales propriétaires de leur fonds qui imposent une vision unique du monde et des amateurs…
Amateur n’a rien de péjoratif sous les touches de mon clavier. Le photographe amateur fait des photos parce qu’il a rêvé devant des images de professionnels et il a mis sa patience et sa passion à tendre vers l’excellence que représentait ces modèles. Cependant l’amateur, par son statut même, n’a pas les exigences du photographe professionnel. Exigences de rentabilité financière, puisque son revenu vient d’autres sources et exigence créative, car il a le choix de ne produire que des images qui lui font plaisir.
Le corolaire de cette situation, c’est la disparition de la plupart des photographes qui faisaient par leur nombre et leurs multiples créations la richesse des fonds photographiques. Cette perte de talent, d’originalité et de diversité ne va pas se voir tout de suite. On s’habitue facilement à la banalisation des images qu’on nous propose. Le processus a déjà commencé.
Réfléchissons ensemble à nos responsabilités dans le processus. Une chose est sûre : pour que la photo soit durable, elle doit être équitable.
Catherine Deulofeu
Fondatrice de l’agence Biosphoto
Il est vrai que pour certains c’est tentant de se dire “je peux vendre mes photos”. Surtout quand on se dit que notre passion pourrait nous aider à arrondir nos fins de mois. On peut s’imaginer y trouver un peu de reconnaissance, car quelqu’un aura acheté nos images. Il ne faut pas céder à cette tentation qui va tuer la photo telle qu’on la connait. Battons-nous plutôt pour avoir un prix juste pour un travail de qualité, pour tous !
- Le peuple de l’eau
- Naturapics
- Matthieu Soudet
- aube-nature
- Sur le forum de Chasseur d’images
- Sur le forum pixelartese
- Pour une photo équitable : les revendeurs de pizza (Une perle pour expliquer la chose de façon nourissante!)
Qu’en est-il de tout ça 1 an et demi après? Un élan qui continue et prend de l’ampleur ou pas. :?:
Le mouvement continue, mais les esprits ne change pas.
Je n’en veux à personne, j’avoue que pour être sensibilité à une cause il faut la connaitre et en parler.
Mais c’est difficile quand cette action porte sur un sujet qui est aussi bien du loisir que de la passion qu’un métier.
Avec du recule on comprends surtout que les uns ne comprennent pas les autres.
Difficile de mettre tout le monde d’accord.
Ce qui profite à ceux qui… profite du “système” ;-)
Ca ne se fera pas en 5 ans, pas même en 10 je pense. Mais cela évoluera. Je ne pense pas que le métier de photographe disparaisse réellement mais il connaîtra des temps difficiles, comme d’autres professions qui doivent trouver leur place dans le monde du numérique.
Disons que le photographe d’actualité sera un peu plus en périle que les autres.
Après, difficile de savoir comment va être l’avenir de la photo, mais je ne pense pas non plus que le métier de photographe va disparaitre.
Déjà le label “Concours équitable” est sorti!
Les choses avancent doucement, non?
Malheureusement les choses ne vont et n’iront pas en s’améliorant. Pour quasi tous les concours photos il est inscrit dans les closes que toutes les images seront données aux organisateurs du concours, qu’ils pourront en faire ce qu’ils veulent et que si par hasard ma photo fait la une d’un magazine de station je n’aurais droit à rien!!!
Malheureusement les personnes se fichent pas mal de savoir cela, ce qui les intéressent c’est de gagner la 1/2 journée de ski ou un bon de réduction de 1% en échange de leur photo.
Dans certaines régions, comme à Sierre il y a quelques années, une pétition (relié par le matin, lae 20 minutes et le matin bleu) à obligée l’office du tourisme à faire marche arrière et simplement abandonner le concours car les organisateurs refusaient de changer les clauses. Du coup des personnes du jury ont quittés le navire.
Heureusement qu’il existe encore des endroits comme ton site où les règles sont claires!
Continue ainsi