Je vais m’attaquer ici à un gros morceau de la photo!
Pour un amateur (expert ou pas), le fichier RAW est souvent le Graal. Lui demander dans quel format il vaut mieux prendre ses images, reviens à lui faire dire: En RAW, toujours en RAW, rien qu’en RAW.
Demandez la même chose à un débutant, c’est lui poser une question ou l’un des deux éléments est un vrai mystère, car la vraie question pour lui sera “mais qu’est-ce que le RAW?”
Et c’est peut-être bien par là qu’il va falloir commencer, voir ce qu’il y a comme différence entre le RAW et le JPEG.
Je vais commencer par vous donner les informations brutes, et je reviendrais ensuite dessus pour certaines spécificités. Je vais aussi essayer de rester dans un niveau technique accessible à tous. Histoire que je ne perde personne en chemin.
Donc, lisez attentivement cet article, que vous soyez expert convaincu, ou simple débutant. Je suis certain que vous pourrez en retirer quelque chose!
Dans l’histoire d’une image, la première chose qui se passe, est la prise de vue. Autrement dit, ce moment ou la lumière vient chatouiller la surface photosensible de votre capteur. Celui-ci dans tous les cas, va transformer cette lumière en un signal numérique composé de 0 et de 1.
L’appareil va tout de suite enregistrer l’image. Stocker cette série de 1 et 0 qui forme votre photo sur la carte mémoire. Et c’est là que tout change.
En RAW (qui en anglais veut dire brute), l’appareil va enregistrer l’image sans lui ajouter le moindre traitement. Brute de capteur.
Cela veut bien sûr dire qu’il garde toutes les informations de l’image sans aucune perte et en 12, 14 ou 16 bits par couche. (Ce qui représente les nuances pour chaque couleur de base du capteur. Rouge, bleu et vert. On y reviendra après)
Le RAW va donc permettre de contrôler toutes ces valeurs et de les modifier après coup. Depuis votre ordinateur vous pourrez choisir la balance des blancs, modifier l’expo. (Dans certaines limites. Des hautes lumières cramées, le resteront quoi qu’on fasse, idem pour des ombres bouchées), la saturation ainsi que l’accentuation…etc
En JPEG l’appareil va enregistrer l’image avec les traitements qu’aura choisis par avance l’utilisateur. Par exemple, la balance des blancs, l’accentuation, la saturation…etc. Et le tout en 8 bits par couche. Et on ne pourra plus revenir dessus.
Voilà basiquement la différence.
Avant d’aller plus loin, je pense qu’il est bon d’expliquer,ou de rappeler, ce que veut dire enregistré une image en 8, 12, 14 ou 16 bits.
Pour les experts cette piqure de rappel aura du bon. En effet, on prône si facilement les biens faits d’un encodage 16bits.
On sait que la lumière est transformée en signal numérique une fois touchée la surface sensible de votre appareil (CCD ou CMOS).
Imaginons maintenant que notre appareil n’est capable de produire que du noir et blanc de la façon la plus basique. Soit noir, soit blanc, donc un encodage sur 1bit.
Avec 1bit l’info sera traduite ainsi. Comme la valeur est soit 0, soit 1, dans notre cas de figure, 0=noir 1= blanc.
Pour fabriquer une image, il nous faut pourtant un peu plus de nuances. Essayons avec un encodage sur 2bits.
Avec 2bits, on associe les valeurs par deux. Ce qui fait que l’on a 00, 01, 10, 11. Les quatre associations possibles avec 00 on aura le noir, avec 11 le blanc, et entre, deux valeurs de gris différentes.
On n’arrive toujours pas à former une image, passons alors à un encodage sur 3bits.
Avec 3bits, on associe les valeurs par trois. Ce qui va donner 000, 001, 010, 011, 100, 101, 110, 111. Entre le noir et le blanc, on obtiendra 6 niveaux de gris différents. On peut commencer à très légèrement distinguer une image.
Je ne vais pas vous refaire le coup pour chaque palier. Je pense que vous avez compris le principe. Je continue donc:
- 4bits=16valeurs.
- 5bits=32valeurs.
- 6bits=64valeurs.
- 7bits=128valeurs.
- 8bits=256valeurs.
- 9bits=512valeurs.
- 10bits=1024valeurs.
- 11bits=2048valeurs.
- 12bits=4096valeurs.
- 13bits=8192valeurs.
- 14bits=16384valeurs.
- 15bits=32768valeurs.
- 16bits=65536valeurs.
Maintenant que l’on a bien compris, il faut imaginer que ce nombre de nuances est là par couche de couleurs. Soit pour un encodage 8bits:
- 256 nuances de rouge
- 256 nuances de bleu
- 256 nuances de vert.
Ce qui donne en tout 16,7 millions de couleurs différentes !
Un encodage sur 12, 14 ou 16bits par couche, donnera lui des chiffres proprement astronomiques !
Quand on sait qu’un RAW enregistre au minimum en 12bits par couche là où un JPEG se contente de 8, on se dit qu’il ne faut pas hésiter! Pourquoi se contenter de seulement 16 millions de couleurs, quand on peut en avoir des centaines de millards?…Ne jugez pas trop vite!
Maintenant que vous avez bien compris à quoi correspondent les valeurs d’enregistrement en bit, vous vous dites: “le RAW est vraiment plein davantage “.
Il est plus souple, car il permet de revenir sur les réglages après coup et en plus il offre une palette de couleurs bien plus étendue.
Pourtant, c’est loin d’être aussi génial que ça. Dans cette vision idyllique des choses, il y a quelques points noirs
Première déception, le nombre de couleurs. En effet, un fichier RAW possède des milliards d’informations couleur. Il n’y a que trois petits soucis. Le premier, votre écran est bien incapable de reproduire une image qui dépasse 8bites de valeur par couche. Un écran ne peut pas afficher plus de 16,7 millions de couleurs. Pas plus d’ailleurs que la feuille sur laquelle vous allez imprimer vos images. (Qui se retrouve encore plus restreinte que votre écran) Il n’y a que votre oeil qui s’en sort un poil mieux, mais c’est si court qu’un encodage sur 9bites est déjà trop nuancé pour vos pauvres yeux!
Tout de suite on relativise l’intérêt d’avoir des milliards de couleurs qu’on ne peut tout simplement pas voir.
Deuxième point noir, on peut effectivement corriger tous les réglages après coup. (Balance des blancs, saturation, accentuation, expo…) Mais en réalité, ce n’est pas qu’on peut le faire. Ce n’est pas un choix, on doit le faire. Car une image en RAW est totalement inexploitable si on ne la développe pas. Pas moyen de l’imprimer, de la montrer sur votre site internet…etc.
Chaque image doit passer par la case développement. Vous devez pour chaque photo vous occuper de vos réglages, passer du temps devant votre écran à tirer le meilleur de vos RAW!
Pour ne rien gâcher à la fête, il n’y a pas de RAW universel. Autrement dit, chaque marque enregistre ses RAW sous un format qui lui est spécifique, mais pire encore, qui est aussi spécifique à chaque boitier! Ce qui peut laisser comme un doute sur la pérennité des fichiers non développés ! Autant dire que si on veut être certain de pouvoir récupérer toutes ses photos dans quelques années, on est obligé de les convertir dans un format tel que le TIFF!
Vous vous demandez alors pourquoi le RAW est tellement conseillé?!
Tout simplement par ce qu’il n’y a pas très longtemps de ça, les reflex n’étaient pas capables de sortir des JPEG de bonne qualité. Le seul moyen que l’on avait pour faire ressortir tout le meilleur de ses images était d’utiliser les fichiers RAW, car le JPEG direct du boitier était une horreur, une chose totalement lamentable!
C’est d’ailleurs en grande partie de là que vient cette idée qu’il n’y a que le RAW de vrai, et que tout expert qui se respecte ne devrait faire que du RAW!
Depuis les choses ont bien changé. Les boitiers de l’année 2008 sont pour la plupart capables de sortir de très bons fichiers JPEG qui ne se distinguent pas de leur homologue en RAW pour le rendu.
Il faut aussi noter que le JPEG n’est pas aussi rigide que l’on veut bien le laisser imaginer. Il permet tout de même certaines libertés, même s’il faut reconnaitre qu’il est beaucoup moins souple que le RAW.
Pour prouvez mes dire, l’image d’illustration a été enregistrée en simultané en RAW et en JPEG. Je vous mets ici un crop 100% de l’image. D’un côté tirée à partir du RAW, de l’autre le JPEG du boitier. C’est une photo faite dans une situation très difficile pour le boitier (lumière balance des blancs) et à 3’200iso pour ne pas lui faciliter la vie. Je vous laisse chercher les différences !
Doit-on en conclure qu’il n’est pas utile de faire du RAW?
La réponse est plus nuancée que ça. Le RAW n’est pas inutile. Il est utile dans certains cas:
- Si vous avez une lumière difficile (problème avec l’expo)
- Si vous avez une balance des blancs difficiles (par exemple grosse dominante de couleur)
- Si vous cherchez un rendu bien particulier.
- Si…etc
Honnêtement, le choix vous appartient. Je sais que pour beaucoup le JPEG est un peu le canard boiteux de la photo. Beaucoup aiment à dire qu’ils ne font que du RAW, ce qui leur donne presque une l’impression d’être classé parmi les experts justes avec cette affirmation. Celui qui avoue faire du JPEG direct est vite considéré comme un débutant (comme si c’était une tare) ou un amateur sans connaissance.
Si je fais une moyenne de ma production personnelle, le RAW n’est pas majoritaire. Il représente un peu moins de 50% de mes fichiers. De plus, quand je fais du RAW, je fais un double enregistrement RAW+JPEG. Et il faut avouer que dans 95% des cas je finis par utiliser le fichier JPEG.
Soyons honnêtes, les reflex sont maintenant capables de sortir, dans plus de 90% des cas, des photos exposées de façon parfaite avec une balance des blancs tout aussi parfaite. Le peu de fois où votre appareil pourrait être prit à défaut, le RAW sera alors effectivement très utile. Et comme je l’ai dit plus haut, il sera aussi très utile si vous cherchez un rendu particulier…etc.
Je sais que pour beaucoup la messe est dite, et que pas mal de gens qui vont lire ces lignes vont me prendre pour un fou. Les journaux spécialisés n’aident en rien à sortir de cette croyance, puisque c’est les premiers à expliquer à quel point il est important de faire du RAW.
C’est quelque part presque drôle!
Si quelqu’un veut me contre argumenter, les commentaires sont ouverts, et je me ferais un plaisir de lui répondre.
Il n’empêche que tout le temps que je ne passe pas devant mon écran à développer mes RAW (pour le peut qu’ils m’apportent en plus), je peu le passer à prendre des photos!!!
Bon courage, bon développement de RAW, bonne photo…et surtout, JOYEUX NOËL!
Merci à toi pour ce commentaire qui me touche énormément !
Je suis vraiment heureux que mon article ait pu t’aider à te sentir bien dans ta façon de faire!
Surtout, n’écoute jamais les sarcasme des gens sur les forums, ils sont souvent stupides et pensent être les meilleurs.
Sauf, qu’ils répètent le plus souvent bêtement ce que le voisin à dit !
Si tu as des questions, surtout n’hésite pas !
Je passe par hasard par ce blog après avoir lu des avis très divergents et parfois très (excessivement même) tranchés sur certains forums photo. Je trouve ton article très instructif, pédagogique, modéré, très bien écrit et plein de bon sens. Je suis sûre qu’il a été et sera utile à de nombreux amateurs et passionnés de photos comme moi qui cherchent à progresser mais qui peinent parfois à s’y retrouver et à y voir clair dans la maîtrise de leur APN et des logiciels de traitement ou de retouche.
Encore bravo !
Merci pour ton commentaire fort sympathique, je suis vraiment heureux que cet article ait pu t’aider.
Surtout n’hésite pas à faire un tour sur le reste du blog, tu vas peut-être trouver d’autres articles intéressants.
Dans tout les cas, merci de ton passage.
Bonjours Darth,
je viens de lire ton article trés pertinant, qui m’a beaucoup aidé à voir plus clair.
Je suis de l’ancienne génération et j’ai découvert l’informatique que trés tard vers mes 50 ans, j’en ai 63 , je fais de la photo depuis plus de 30ans, je me suis contenté de faire toujour la meilleure exposition pour avoir la meilleur photo possible, donc quand le numérique est arrivé, je n’ai fait que du jpeg, puis j’ai fais quelque mariages (copain, famille) et là j’ai compris qu’il ne fallait pas se tromper et j’ai commené à faire RAW + JPEG , mise à part ça, je fais 90 % de mes photos en JPEG
Il est vrai quant on parcourt les forums de CI, c’est soit disant expert devrait preuve de plus d’humilité, merci pour tous qui comme moi font plus de JPEG que de RAW qui ne sont pas des être inférieurs
J’essayes car méme de faire aussi du RAW et de comprendre tous ces bien fait
Je suis très heureux que mon article ait pu te démontrer que de faire du jpeg n’est pas une honte.
Après, il faut toujours relativisé les choses, le RAW à beaucoup de chose à apporter, et tu fais bien de l’explorer pour en connaitre les possibilité, c’est ainsi que tu pourras choisir en connaissance de cause.
En tout cas merci pour ton sympathique commentaire.
Le JPEG ou le RAW…
Au final, j’ai un peu laissé tomber le JPEG… car je retouche plus souvent mes photos et j’aime bien le RAW pour avoir toute la latitude de traitement possible.
Mais je ne critiquerai pas ceux qui font du JPEG… sauf peut-être ceux qui font de grosses retouches à partir d’un JPEG!! Si c’est pour retravailler la photo sous photoshop, pourquoi ne pas partir d’un RAW??
Enfin, chacun sa manière de travailler après tout, l’important c’est le résultat!
Slut darth, j’aimerai essayer le raw pour voir si je m’en dépatouille avec mais je ne sis pas avec quel logiciel je dois le lire… en fait je crois qu’il y en a un dns ceux que donne canon à l’achat de l’APN mais je ne sais lequel. Merci d’avance à toi ou à celui qui me répondra.
Le logiciel de Canon s’appelle Digital Photo Professional. Il est sur l’un des 2 CDs fourni avec l’APN. L’autre CD contient la documentation de mémoire.
Reste à retrouver les CDs car le logiciel n’est pas disponible en téléchargement sur le site de Canon. Seulement les mises à jour.
Autrement tu peux utiliser GIMP, Photoshop, Lightroom et tout autre logiciel capable de traiter les RAW.
Bah apparemment on peut DL DPP sur leur site : http://software.canon-europe.com/software/0029163.asp?model=
Le DL fonctionne, juste pas essayé de l’installer.
Encore une fois il semble que j’arrive après la bataille ^^