Darth's Blog

Autocritique…

Quand on fait de la photo, quand on est passionné par cette discipline, il est très rare que ce soit de façon égoïste.

En règle générale, on a envie de partager avec les autres notre passion, et c’est le plus souvent un plaisir de montrer à une connaissance une photo dont on est fier.

Pour autant, avant même de penser à montrer ses images, il nous faut les choisir !

Il faut faire ce premier choix, même si le but est justement d’avoir une critique, car dans ce cas on est censé présenter le meilleur de ses réalisations.

Il faut pourtant admettre que ce n’est pas toujours facile d’avoir le recul nécessaire pour faire ce choix, pas assez critique, ou trop critique avec nous même.

Alors, comment nous y prendre ?

Une partie de la réponse se trouve deux lignes plus haut.

Prendre du recul :

Quand on revient d’une séance photo, quel que soit le sujet, il faut savoir prendre du recul.

Un amateur n’a pas les impératifs de temps que subissent certains pros qui se voient obligés de faire de l’éditing entre deux shoots.

Il faut donc accepter, et même se forcer à ne pas trier ses photos immédiatement.

Ne pas les trier ne veut pas dire qu’on ne va pas les regarder, ni les transférer ou même supprimer celles qui sont tout simplement inutilisables.

Cela veut dire qu’on ne va pas faire une vraie sélection le jour même, il faut se laisser du temps !

Pourquoi  ?

La réponse est simple. Quand on vient de finir une séance photo, quelle qu’elle soit, notre cerveau est encore dans “l’ambiance“, il est encore en ébullition, submergé d’émotions.

Il faut donc laisser le temps à la machinerie de se refroidir et de “voir” les images avec un œil plus neutre, moins impliqué.

Combien de temps laisser  ?

Tout dépend de la personne et de son expérience, mais dans tous les cas, notre regard sur nos photos change vraiment si on se laisse du temps.

Pour vous donner un exemple concret, un peu extrême, mais très parlant, je vous invite à ouvrir vos plus vieilles images et à les regarder.

Vous constaterez que votre façon de les voir aura radicalement changé par rapport à votre premier sentiment de l’époque.

Mais pas besoin d’attendre autant !

Je conseille de laisser au moins 24 heures sans regarder vos clichés avant de commencer votre premier tri.

Si vous avez un peu plus de patience, et pas d’impératif, laissez-vous deux, voire trois jours.

Le premier tri :

Une fois notre patience mise à l’épreuve, on peut faire le premier tri de ses photos.

Ici, le but est de ne pas se laisser submerger par les émotions, mais de travailler de façon presque machinale, limite robotique, en vérifiant trois points :

  1. L’expo : Bonne – Rattrapable – Mauvaise.
  2. La netteté : Bonne et au bon endroit – Flou – PDC Ok – Trop étendu – trop courte.
  3. Cadrage : Bon – Mauvais, mais rattrapable – mauvais.

Pas besoin de regarder plus au départ, avec ce premier tri on pourra déjà bien débroussailler.

Si vous utilisez un programme de catalogage, n’hésitez pas à vous en servir pour donner des couleurs selon la priorité, des étoiles selon la qualité, et que sais-je encore.

Laissez faire votre imagination pour ne pas mettre à la corbeille immédiatement, mais juste vous arranger pour “classer” et retrouver les clichés qui vous semblent les meilleurs.

Souvent, à ce moment on peut voir si une photo sort spécialement du lot. Il faut juste se demander si elle sort du lot par ses qualités “photographiques” ou pour l’émotion qu’elle dégage pour vous.

Dans les deux cas, si elle sort du lot, c’est que c’est une photo importante à vos yeux, vous pouvez commencer à lui offrir son premier post-traitement, mais seulement à la fin de ce premier tri.

Pour cette photo qui sort spécialement du lot, il vous faudra tout de même passer par l’étape du dernier tri (voir plus bas).

Le deuxième tri :

Celui-ci intervient à nouveau un ou deux jours après le premier.

Cette fois on regarde les photos plus rapidement, juste pour être sûr que notre premier tri était le bon.

On s’attarde un peu plus sur les photos qui nous semblent bien, voire très bien.

Si besoin, on apporte quelques corrections, puis on choisit les images que l’on va développer.

[jbox color=”blue” vgradient=”#fdfeff|#bae3ff”]Je vous déconseille fortement de faire du post-traitement pendant le tri.
Laissez à une photo le temps de vous donner ce qu’elle a dans le ventre sans que vous soyez perturbé par toutes les images que vous avez vues.[/jbox]

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Une fois ce deuxième tri fini, il va falloir vous poser une question qui a toute son importance…

Ai-je sélectionné trop de photos ?

La question est capitale, car elle va déterminer si oui ou non votre tri est fini.

Bien entendu, il n’y a pas de chiffre standard, vu que selon la finalité des photos on ne va pas avoir besoin de la même quantité.

Si vous vouliez faire le portrait du petit dernier de votre meilleur ami pour le lui offrir et que vous avez sélectionné 8 photos, il y a encore du boulot pour ramener ce chiffre à deux, voire trois.

Il ne faut pas passer des heures à traiter une dizaine d’images si on n’en a besoin que d’une au final.

Si par contre vous avez couvert le mariage de la cousine Berthe, et que vous avez sélectionné une trentaine de photos que vous voulez présenter à la famille, on peut dire que les chiffres sont bons.

De même, si vous avez fait des photos pour votre plaisir toute la journée d’un sujet qui vous passionne, à vous de savoir si vous avez trop sélectionné d’images et si un nouveau tri est nécessaire.

Ici, c’est votre bon sens qui doit parler.

Une fois que vous êtes certain du nombre de clichés que vous allez garder, il va falloir passer au post-traitement pour obtenir le rendu final avant…

Le dernier tri :

Le dernier tri est souvent le plus difficile.

On a passé quelques minutes ou heures à retoucher une photo, si bien qu’on la connaît par cœur, elle est presque imprimée dans notre rétine.

Et c’est pourtant à ce moment que l’on doit choisir de recaler ou non une image.

La difficulté vient du fait que ce sont nos photos et que l’on n’a pas vraiment d’impératif, et qu’au final on les connaît trop bien.

Un professionnel qui couvre un championnat du monde de ping-pong et qui doit envoyer ses images à sa rédaction pour une publication sur l’heure fait fi de tout sentiment, il n’y a que son œil exercé de pro qui parle :

Bonne, pas bonne !

Selon des critères très précis qu’il connaît parfaitement.

Pour un photographe qui n’a pas d’impératif et pour qui les photos qu’il a prises sont toutes chargées d’une certaine émotion, il est difficile d’avoir ce recul froid où l’on observe en toute objectivité.

Il y a ceux qui sont trop durs avec eux-mêmes, et ceux qui sont trop cléments avec leur production.

Le tout est de trouver le juste milieu.

Comment ?

En fait, j’ai trouvé une méthode assez simple qui ne repose que sur une question :

Si ce n’était pas moi qui avais fait cette photo, est-ce que je la mettrais dans mon salon ?

Ici, l’astuce est de vous faire faire un pas en arrière par rapport à votre propre personne et de vous obliger à regarder votre production d’une façon différente.

Vous verrez que le simple fait de vous poser cette question vous amène à réfléchir différemment !

Même pour moi, qui ai tendance à toujours trouver des défauts à mes images, cette façon de prendre du recul me permet d’être plus juste avec le jugement que je porte en règle générale sur ma production.

Le salon représente son intérieur, un endroit qui se veut agréable. Du coup, on ne se demande pas si sa photo est bien ou non, mais si elle a les critères nécessaires pour avoir droit à une place dans son intérieur.

Selon la réponse que vous donnerez à cette question, vous saurez quoi faire de votre photo.

Conclusion :

Si j’ai écrit cet article, c’est que je reçois souvent du courrier pour me demander un avis sur des photos, sans compter que je vois très régulièrement des personnes mettre à la critique des images sur les forums.

J’ai alors remarqué que beaucoup manquaient de recul face à leur propre production.

Entre celui qui va prendre une photo et vous la montrer dans les dix minutes qui suivent, tellement content de lui qu’il ne voit pas que son image est pleine de défauts, et celui qui n’est jamais content et ne se focalise que sur les problèmes de son image, on a entre-deux toute une palette de personnes qui ont du talent, mais qui souvent se font piéger par le simple fait qu’ils n’arrivent pas à avoir une bonne autocritique.

L’autocritique ça s’apprend, ça se travaille et surtout, c’est d’une importance capitale pour espérer progresser !

Sans une bonne autocritique, sans savoir prendre du recul avec sa production, il est difficile d’aller de l’avant.

Donc, exercez-vous et vous verrez qu’avec le temps on arrive plus facilement à prendre le recul qu’il faut pour avoir une critique plus objective de ses propres photos.

Bon courage et bonnes photos !