Il y a de ça quelques jours je vous parlais d’une focale lumineusement, une focale que je qualifiais de mythique:
Quand on fait de la photo, quand on se passionne pour cette pratique, il y a un objectif mythique, celui qui fait rêver tous ceux qui se sont un jour intéressés aux longues focales ultra-lumineuses, le fameux 300mm f/2,8 et ceci toutes marques confondues.
Alors quand Canon Suisse m’a proposé de tester leur tout dernier 300mm, le Canon EF 300mm f/2,8 L IS USM II je n’ai pas pu faire autrement que d’esquisser un sourire satisfait.
Il faut avouer que la bête part avec de bonnes bases quand on sait que professionnels comme amateurs n’ont jamais manqué d’éloges sur les qualités de son prédécesseur, le Canon EF 300/2,8 L IS USM premier du nom.
Avec de si bonnes bases, est-ce que le nouveau venu dans la famille des 300 est à la hauteur? C’est ce que nous allons essayer de voir dans cet article.
Pour ce faire, je lui ai adjoint beaucoup de boitiers différents, le fameux Canon EOS 1Dx, mais aussi le 5D Mark III, le 1D MKIII et même un boitier à capteur APS-C.
Maintenant, vous me connaissez bien et vous savez que mes tests se font loin des mires et autres courbes FTM, qui ont toutes leurs importances, mais qui ne donnent pas ce qui intéresse le plus le photographe, le comportement de l’objectif sur le terrain, face à de vrais sujets.
Je vous invite donc à prendre place, nous allons ensemble regarder ce que la bête donne sur le terrain!
Aspect et Ergonomie:
Le Canon EF 300 mm f/2,8 L IS USM II est livré dans une solide mallette de transport qui est assez compacte et reste discrète, pas d’inscription en gros. En revanche, toujours pas de place pour mettre une optique et le boitier qui va avec. Elle est plutôt rassurante et on sait que l’objectif y sera en sécurité. Pour autant, je pense qu’il est plus simple de le transporter dans un sac.
Quand on sort l’engin de là, il est certes grand et impressionnant, mais il semble étonnamment léger. Son pare-soleil quant à lui donne cette impression que l’objectif est énorme, alors que sans lui il n’est pas beaucoup plus long que le 70-200 f/2,8 L IS USM II.
Comme on peut le voir sur la photo ci-dessous, il n’est pas le plus discret qui soit et pourtant malgré sa taille imposante, il est très maniable.
Mais on verra ça plus en détail un peu plus loin dans le test.
Sa construction est superlative, d’une qualité optimale, rien à lui reprocher. Il est robuste, solide, et tropicalisé pour affronter les éléments sans broncher!
Une bonne tempête de sable, une bourrasque ou un gros orage ne vont pas lui faire peur, surtout s’il est associé à un boitier tropicalisé de type 1Dx.
Toutefois, protégé ou non, il y a certaines précautions d’usage à respecter, je vous invite à lire les quelques conseils que j’avais donnés dans cet article: Un peu de neige…
Les finitions sont parfaites, soignées et tout est pensé pour nous faciliter la vie.
Comme on peut le voir sur l’image ci-dessous, il y a de nombreux sélecteurs qui vont nous aider tout au long de nos prises de vues:
La première chose que l’on va noter, c’est qu’il y a maintenant trois modes de stabilisation.
- Le mode normal, connu depuis longtemps.
- Le mode que l’on utilise quand on veut faire des filés, qui ne va pas compenser les mouvements latéraux.
- Le dernier mode, très utile qui active l’IS uniquement au moment du déclenchement.
Je reparlerai plus en détail de l’IS plus bas dans le test, en attendant, passons aux autres commandes.
Il y a toujours la mémorisation de la zone AF, très pratique, puis le sélecteur de distance à trois positions.
- Complet
- De 2 m à 6 m
- De 6 m à l’infini
Sélecteur qui est indispensable pour avoir un AF ultra-réactif.
Puis nous découvrons pour finir le sélecteur pour l’autofocus.
- AF- Autofocus enclenché
- PF – Le nouveau mode pour faire des mises au point à l’aide de la corolle, une option créée pour les cinéastes que je n’ai pas utilisée.
- MF – Pour la mise au point manuel.
Comme on peut le voir, rien n’est oublié, cet objectif est très complet au niveau des fonctions.
Le collier de pied parfaitement placé offre un très bon équilibre à l’ensemble, il est bien solide, je ne regrette que le fait qu’il n’y ait pas deux pas de vis.
Le collier de pied est fait pour supporter le poids de l’objectif, poids que Canon a réussi à faire baisser, puisqu’entre la version I et la version II il y a 200 g de différence.
2,35 kg au lieu de 2,55 kg, cela peut sembler léger, mais sur le terrain ça se sent, surtout après de longues heures à l’utiliser à main levée!
Pour finir avec l’ergonomie, nous parlerons de la large et très agréable bague de mise au point, très souple et qu’on utilise avec délice.
En résumé, un objectif à la conception et à la construction irréprochables, nous allons voir si ces belles performances se retrouvent…
Sur le terrain:
Canon EOS 1Dx | EF300/2.8L IS II USM +1.4x III | f/4,5 | 1/160s | 1’000 ISO
Comme ce 300/2,8 est plutôt léger, il en devient très maniable. De fait, on a tendance à l’utiliser très souvent et sans remords.
Durant les semaines que j’ai partagées avec lui pour ce test, j’avais presque abandonné l’usage de mon 70-200/2,8 L IS USM II.
Sa maniabilité à main levée le rend utilisable dans beaucoup de situations.
Il sera aussi à l’aise en extérieur pour de la photo nature qu’à l’intérieur pour du sport en salle, il est réellement très polyvalent!
Qualité d’image:
Ici, pas moyen de trouver quelque chose à redire. Le Canon EF 300mm f/2,8 frise la perfection optique et globalement on n’a rien à lui reprocher.
Pour ne rien gâcher à la fête, Canon a même baissé de 50 cm la mise au point minimum par rapport à l’ancienne version, passant ainsi de 2,50 m à 2 m tout rond, ce qui nous offre un rapport de grandissement de 0,18 de quoi commencer à bien s’amuser!
Et si on cherche à trouver des problèmes ou autres défauts, on n’a rien, ou pas grand-chose, à ce mettre sous la dent.
L’engin est très homogène avec un piqué à vous coupé le souffle et ceci dès la pleine ouverture.
Je vous laisse en juger par vous même en cliquant sur l’image afin d’obtenir un crop 100%
Canon EOS 1Dx | EF 300/2.8L IS II USM | f/2,8 | 1/400s | 1’000 ISO
Je pense que le mot impressionnant est de mise ici! Mis à part le fameux Canon EF 400mm f/2,8 L IS USM II dont je vous livrerai le test bientôt, je connais peu d’objectif capable d’une telle performance!
Mais comme je vous l’ai dit il n’y a pas longtemps, nous reparlerons de ça beaucoup plus en détail dans un article à paraître très bientôt où seront confrontées de belles pièces. Pour vous faire envie:
- Canon EF 70-200/2,8 L IS USM II
- Canon EF 300/2,8 L IS USM II
- Nikkor AF-S 300/2.8 G ED VR II
- Nikkor AF-S 70-200/2.8 G ED VR Ⅱ
- Sigma 120-300/2.8 DG EX OS HSM
Mais il vous faudra encore un peu de patience avant de voir cet article, pour le moment, revenons à notre test en cours.
L’engin supporte même de façon incroyable les converter. Que l’on utilise le doubleur ou le 1,4 la qualité d’image n’en souffre que très peu. Presque invisible avec le x1,4 et à peine perceptible avec le doubleur.
Il faut dire que les qualités de base de ce 300 lui offrent pas mal de marge.
Photo d’exemple avec un doubleur, je vous laisse cliquer sur l’image pour avoir le crop 100%:
Canon EOS 1Dx | EF 300/2.8L IS II USM + x2 III | f/5,6 | 1/250s | 100 ISO
Le jugement est sans appel, c’est plus que performant même avec le doubleur.
Comme je vous l’ai dit plus haut, aucun reproche à faire à cet objectif. Pas de déformation notable, un vignettage très très bien contrôlé et des aberrations chromatiques absentes.
Même en poussant l’engin très loin, je n’ai pas réussi à en obtenir, idem pour le flare extrêmement bien contrôlé.
Autant dire qu’obtenir mieux que les performances optiques du Canon EF 300mm f/2,8 L IS USM II serait un exploit en soi !
Mais si la qualité optique frise la perfection, est-ce qu’il en est de même pour…
La qualité de l’AF et du stabilisateur:
Canon 5D MKIII | EF 300/2.8L IS II USM +1.4xIII | f/5,6 | 1/5’000s | 1’600 ISO
Pour tester l’AF et le stabilisateur, rien de mieux pour moi que ma forêt et les voitures qui y passent régulièrement.
Je peux y mettre à mal l’un comme l’autre!
Pour ne pas avoir du flou dû au déplacement du véhicule je dois rester dans des valeurs proches de 1/100s.
Dans le cas du Canon EF 300mm f/2,8 L IS USM l’autofocus est plus que rapide, on a même de la peine à voir les zones de transition quand on change de plan. Il faut faire faire un aller complet de la mise au point minimum à l’infini pour voir le changement. Autrement la mise au point semble presque instantanée, et ceci dans un silence d’église.
La motorisation USM fonctionne bien, et même très bien, un must dans le genre!
Canon EOS 1Dx | EF 300/2.8L IS II USM | f/2,8 | 1/80s | 5’000 ISO
Je précise que l’image est brute de capteur, pas d’accentuation, on peut donc facilement constater en cliquant sur l’image pour avoir le crop 100% que l’AF est efficace et que le stabilisateur est très performant.
1/80 s à main levée et l’image n’a aucun flou de bouger, une très belle performance.
Ceci étant dit, n’oublions pas que le gain de vitesse dépend aussi de l’opérateur et de sa tendance à bouger, de fait, le poids contenu du 300/2,8 IS II est ici un très bel avantage !
Je fais ici une petite parenthèse sur le nouveau mode IS des grands blancs Canon, la position 3.
Quand elle est sélectionnée, l’IS se met en route uniquement au déclenchement. Le gros avantage est que l’opérateur peut suivre plus facilement les mouvements de son sujet, sans que l’IS ne compense le mouvement dans le viseur.
Un vrai plus dont je suis tombé clairement amoureux, pour les oiseaux en vol c’est une option qui nous facilite vraiment la vie.
Conclusion:
Pour finir cet article je dirai que le Canon EF 300mm f/2,8 L IS USM II est presque sans reproche. Il faut être tâtillon pour trouver quelque chose à redire.
Comme je l’ai dit plus haut dans l’article, cet objectif frise la perfection. Mais comme toute médaille a son revers, celle de cette optique est son prix.
Car la perfection a bien un prix, et celui du Canon EF 300mm f/2,8 est pour le moins conséquent ! Mais soyons franc, on sait pourquoi on dépense chaque centime investi dans cet objectif, car on en a pour son argent.
De plus, il ne faut pas oublier qu’au contraire des boitiers qui se changent plus souvent, une telle optique restera dans votre four au moins 10ans, si ce n’est bien plus!
Donc, si vous rêvez d’un tel objectif et que vous envisagez de passer le pas, faites-le sans remords, vous ne serez pas déçu!
Bon courage et très bonnes photos!