Voilà un appareil qui a fait couler beaucoup d’encre et provoqué énormément de débats dans le petit monde de la photo.
Pourquoi ?
Nous avons un indice dans son nom : Sony Alpha SLT-A99 … En effet, ici le SLT est l’abréviation de Single-lens translucent qui traduit donne: Appareil photographique à miroir fixe semi-transparent
On apprend donc que le Sony a99 n’a pas de miroir reflex, mais un miroir semi-transparent, astuce qui lui permet de garder un autofocus traditionnel et très performant, tout en offrant une visée permanente (sans obstruction par remontée du miroir reflex), donc…
Exit le viseur optique traditionnel, bienvenu le viseur électronique.
Si de tels viseurs existent depuis longtemps, c’est la première fois qu’il est intégré à un appareil de cette catégorie.
En effet, le Sony Alpha SLT-A99 se veut être un professionnel. Avec son capteur plein format de 24 millions de pixel, avec ses fonctionnalités, sa tropicalisation…etc., il vient directement chatouiller les platebandes des Canon 5D MarkIII et autres Nikon D800 (qui seront tous deux très prochainement en test sur le blog).
Il faut aussi dire que le Sony Alpha SLT-A99 est le successeur du Sony A900 sorti 4ans plus tôt et qui fut un beau succès pour la marque. Question légitime: en 4 ans, quelle évolution pour le nouveau vaisseau amiral de la marque ?
Nous allons répondre à cette question, et à toutes celles que vous vous posez, mais avant, je tiens à remercier Sony Suisse pour le prêt de cet appareil que j’ai pu largement tester sur le terrain, test que nous allons découvrir tout de suite.
Pré-test :
La première chose que je fais quand je teste un appareil photo, avant même de le mettre en fonction, c’est de lire son manuel d’utilisation.
À la lecture du mode d’emploi du Sony Alpha SLT-A99, j’ai découvert que celui-ci pouvait se targuer d’avoir une fiche technique et des fonctions plutôt sympathiques.
Plein format de 24,4 millions de pixels, autofocus hybride et toutes les fonctions vidéo.
Sans compter le GPS, l’écran orientable, la création de panoramiques, la fonction vidéo avancée, le nouveau système AF hybride, HDR… etc.
Il y a vraiment de quoi faire et nous allons voir si, sur le terrain, tous ces petits “plus” sont utiles ou non, et comment se comporte l’engin.
Ergonomie :
Une fois l’appareil sorti du carton, la première chose qui nous frappe, c’est son poids (730g) qui nous parait tout léger pour un appareil de cette catégorie, qui en plus est parfaitement tropicalisé.
Le fait d’avoir retiré toute la partie optique du viseur est un gain de poids indéniable.
Quand on regarde le boîtier de plus près, on découvre bon nombre de boutons dispatchés un peu partout.
Au premier abord, on peut penser que ce boîtier souffre d’une acné juvénile, mais ce n’est pas le cas. Croyez bien que tous ces boutons sont utiles autant que bien placés, nous verrons d’ailleurs cela dans la prise en main.
Pourtant, qui dit nombreuses commandes, dit lecture du mode d’emploi obligatoire. Si on arrive à s’en sortir de façon intuitive, une lecture du manuel s’impose si on veut tirer le meilleur de cet appareil aux nombreuses fonctions.
Quand on regarde mieux le Sony Alpha A99 (voir l’image ci-dessus), on voit à ses commandes que ce boîtier à des ambitions professionnelles, double molette, afficheur LCD sur le capot en plus du très grand afficheur arrière, qui a la très bonne idée d’être mobile et que l’on peut placer dans la plupart des positions. Le grand écran arrière est en plus très clair, contrasté et lisible même au soleil, du très bon travail.
Le Viseur :
Pour les plus anciens de mes lecteurs, ils savent que le viseur est un point clef pour moi, et qu’il y a toujours un chapitre qui lui est consacré dans mes tests.
Ce n’est donc pas une exception que je fais pour Sony Alpha A99.
Ce que je peux dire, c’est que la première fois qu’on porte son œil à un tel viseur, on est vraiment surpris.
Après des années à soigner ses cadrages au travers d’un vrai viseur optique, le changement de technologie perturbe un peu et il faut quelque temps pour se faire à ce viseur électronique. Un viseur composé d’une dalle Oled de 1024×768 pixels (XGA 2,3 millions de points), le nec plus ultra en la matière, le meilleur de ce qui se fait actuellement.
Après une longue période d’utilisation où j’avais en parallèle le Sony et un appareil plus classique en terme de visée (Nikon D800E), j’ai pu bien juger des points positifs et négatifs d’une telle visée.
Dans les points positifs, qui sont nombreux, on a :
- Une visée réellement 100%
- Une vision en temps réel de la PDC
- Une vision en temps réel de l’expo
- Des informations capitales affichées à la demande, par exemple l’histogramme ou l’horizon virtuel
- Un aperçu de la balance des blancs
- Des informations sur les différents modes sélectionnés, comme le type de mesure de lumière active
- Possibilité de paramétrer l’affichage (couleur des infos, telle que les capteurs autofocus)
- Une visée toujours claire même dans les endroits sombres
- …etc.
En bref, des points positifs qui sont vraiment des plus à ne pas négliger. On peut même dire que certaines informations deviennent vite indispensables.
Mais cela ne doit pas nous faire oublier qu’il y a quelques points négatifs qu’il faut tout de même souligner:
- L’effet de flou si on fait un mouvement rapide avec l’appareil photo
- Le manque de dynamique dans les zones avec une forte différence de luminosité (ombres bouchées et haute lumière cramée)
- Problème de réactivité quand le viseur se met en pause pour économie d’énergie. On peut rater des photos si on doit agir vite, car le temps de latence existe vraiment
- Une batterie trop sollicitée qui limite le nombre de vues possible par rapport à la concurrence
- …etc.
Le viseur électronique, c’est le futur de la photo, qu’on soit fan ou qu’on déteste, dans un avenir plus ou moins proche toutes les marques vont faire le pas et nous offrir de tels viseurs.
Sony est de fait précurseur, ils sont les premiers à imposer une telle visée sur leur boîtier. En décidant de le faire sur leur flagship, le message était clair, ils renoncent définitivement à la visée optique.
Je me pose tout de même la question:
N’était-ce pas un peu trop tôt ? N’aurait-il pas fallu attendre une nouvelle génération de viseurs qui soit encore de meilleure qualité ?
Si on ne peut pas nier que tôt ou tard ce type de visée sera un standard, on doit aussi admettre qu’ici il n’atteint pas son plein potentiel et garde encore quelques problèmes, bien qu’il offre de belles promesses !
La question reste ouverte et c’est l’avenir qui nous dira si la stratégie de Sony sera payante ou non.
Prise en main :
Cet appareil est un vrai plaisir à utiliser, une vraie leçon d’ergonomie, soyons francs !
Le boitier est très léger (le plus léger de cette catégorie), compact avec une poignée très agréable et bien dessinée qui offre une préhension parfaite. On ne laisse pas le Sony Alpha A99 dans le sac, car il est bien agréable de s’en servir, et avec son poids plume on a presque tendance à l’oublier dans nos mains.
Les commandes tombent sous les doigts avec logique, et le fait que l’on peut les personnaliser sans autre offre une belle liberté pour configurer l’appareil à sa main.
Notons la molette silencieuse placée à l’avant de l’appareil, programmable et qui permet à loisir (selon vos préférences) de régler les ISO, l’ouverture…etc. En vidéo c’est un petit plus non négligeable.
On soulignera également le souci du détail, comme la molette avant au-dessus de la poignée, légèrement inclinée pour offrir un toucher plus naturel.
À l’instar de Canon (et contrairement à nos amis jaunes de chez Nikon) le bouton ISO est très bien placé, on le trouve avec l’index ce qui permet d’en changer la valeur tout en gardant l’œil au viseur.
On peut souligner l’excellent travail de Sony qui, sur le terrain, donne un appareil très intuitif, agréable et facile d’utilisation.
Côté Technique :
Malgré son poids plume le Sony Alpha A99 se revendique comme un boitier pro, il se devait d’en avoir le pédigrée.
C’est donc tout naturellement que l’on retrouve une bonne “tropicalisation” sur ce boitier, qui sera à même d’affronter les pires conditions sans frissonner.
L’obturateur permet de monter à 1/8000 s et offre une synchro-x à 1/250 s, il est testé à 200’000 déclenchements, ce qui le place au même niveau que le D800.
Pour ce qui est des cartes mémoire, ce sont deux slots SD (SDHC, SDXC, UHS-I) dont un est compatible Memory Stick.
Côté connectique on a tout ce qu’il faut, puisqu’on trouve une prise pour la télécommande, une entrée micro stéréo et une sortie casque, une fiche HDMI (mini-connecteur C) et USB 2, une prise pour l’alimentation secteur et une synchro flash.
Si le GPS est bien sympa, je pense réellement que le WiFi aurait été un vrai plus, mais ne doutons pas qu’il sera présent sur la prochaine version !
Côté motorisation l’Alpha A99 offre 6 images/s en mode “normal”, 7 images/s en mode APS-C et il a même une dernière option à 10 images/s si on se contente de 4 millions de pixels.
On peut dire qu’avec 24 millions de pixels, c’est déjà très bien comme rafale.
Sur le terrain, les options telles que le panoramique, le HDR ou autre sont sympathiques mais à mon sens, il est plus pertinent de faire ce genre de photo de façon plus “traditionnelle”.
La qualité d’image :
Sony Alpha A99 | 28-75mm F2.8 SAM | 75mm | f/4,5 | 1/1’600s | 640 ISO
Avoir 24 millions de pixels sous le coude permet d’envisager le plus sereinement possible un tirage A2+, avec même de quoi faire un petit recadrage.
Mais avoir beaucoup de pixels n’est pas forcément un gage de qualité. Alors, qu’en est-il pour notre Sony Alpha A99 ?
Plusieurs choses rentrent en ligne de compte pour offrir la meilleure qualité d’image qui soit dans toutes les situations possibles.
- La qualité de l’exposition.
- La qualité de l’AF et son suivi.
- La qualité des images fournies et la gestion de la montée en ISO.
Nous allons donc détailler ces trois points en regardant les réactions du Sony Alpha A99 loin des labos de test, mais bien sur le terrain. Commençons par…
La qualité d’exposition :
Sony Alpha A99 | 28-75mm F2.8 SAM | 46mm | f/5,6 | 1/1’000s | 100 ISO
Ici les ingénieurs de Sony ont fait un véritable travail d’orfèvrerie et l’Alpha A 99 expose toujours juste, avec la précision d’un métronome, c’est vraiment impressionnant.
Quelle que soit la scène, quelle que soit l’ambiance lumineuse, vous pourrez faire confiance à votre appareil qui vous trouvera toujours la bonne expo.
La seule limite qu’il aura sera celle de la « physique » autrement dit, la capacité du capteur à encaisser une grande différence de luminosité.
Mais sauf cas extrême comme de forts contre-jours ou autres amusements du genre, le Sony Alpha A99 vous délivrera des images impeccables.
L’autofocus et le piqué :
Sony Alpha A99 | 28-75mm F2.8 SAM | 75mm | f/8 | 1/100s | 100 ISO
L’autofocus et le piqué sont des points clefs de la photo. Il faut dire que l’un va rarement sans l’autre.
Avoir un piqué extraordinaire mais un AF qui ne suit pas va donner des images de mauvaises qualités. Cette affirmation fonctionnant dans les deux sens.
De ce côté le Sony Alpha A99 est vraiment bien doté. En plus d’un autofocus traditionnel (à détection de phase) sur 19 collimateurs, dont 11 en croix, il est doté d’une aide précieuse, puisqu’un second module AF est directement intégré au capteur imageur offrant 102 points d’assistance.
Ce deuxième capteur grâce au miroir semi-transparent fonctionne en permanence et offre une correction du point en tout temps, ainsi que d’autres avantages, tels que la reconnaissance d’objets (en particulier les visages).
Sur le terrain, cela se traduit par un suivi exceptionnel du sujet que l’on veut photographier.
Dans les bonnes nouvelles, nous avons aussi l’AF range un système ingénieux qui permet de sélectionner une fourchette de distance de mise au point afin que l’objectif ne fasse pas d’allers et retours inutiles. Ce système fonctionne avec tous les objectifs, tous comme le DMF qui permet une retouche du point manuel une fois la mise au point effectuée.
Toutefois, il faut quand même noter que le système montre ses faiblesses dans les situations difficiles, quand il y a peu de luminosité ou quand l’arrière-plan est chargé (très fouillis).
Ici, ses concurrents les plus directs s’en sortent mieux.
Et pour finir avec les petites déceptions, la couverture AF est vraiment très (trop) étroite. On se retrouve dans la même configuration qu’avec le Nikon D600 et autre Canon EOS 6D, c’est dommage, d’autant plus quand on a un AF de cette qualité avec un suivi vraiment exceptionnel !
Par contre, là où l’on peut se réjouir, c’est au niveau du piqué, qui est tout simplement incroyable et d’une qualité impressionnante.
Je vous laisse cliquer sur l’image ci-dessus (faites en studio) qui parle d’elle-même, un superbe travail !
Les fichiers du Sony sont piqués, contrastés et sont d’une qualité exceptionnelle.
On sent ici toute la maitrise du fabricant de capteurs, qui a su offrir à son Alpha A99 une petite merveille qui vous délivrera des fichiers que vous aller apprécier !
La gestion de la montée en ISO:
Sony Alpha A99 | 28-75mm F2.8 SAM | 28mm | f/2,8 | 1/100s | 12’800 ISO
Si vous êtes l’un de mes fidèles lecteurs, vous savez très bien que cela fait un moment que j’ai pris parti de ne plus faire une série de photo à chaque valeur ISO pour vous les présenter.
Je pense simplement que prendre un objet en augmentant la valeur ISO n’est pas un compte rendu juste de la réalité du terrain!
En effet, un éclairage qui donne un 1/20 de seconde à f/5,6 pour 100 ISO, donnera 1/1’250 de seconde à la même ouverture pour 6’400 ISO, ce qui est loin d’être la situation lumineuse la plus catastrophique. De fait, le fichier présenté ne souffrira que très peu du manque de lumière, ce qui sur le terrain est bien différent. En règle générale, on utilise de telles valeurs pour pallier un manque de luminosité.
Quand on regarde la photo d’illustration de ce sous-chapitre, on voit qu’elle a été prise à 1/100 de seconde, à une ouverture de f/2,8 pour 12’800 ISO. Autant dire qu’ici la valeur ISO élevée était un vrai besoin.
Si vous cliquez sur l’image pour voir le crop 100%, vous pourrez constater que dans les zones d’ombres le “grain” est très marqué, dans les zones lumineuses, c’est vraiment très propre.
Pour cette photo nous sommes à 12’800 ISO, on peut encore pousser l’engin à 25’600 ISO, mais d’avis très personnel je me contenterais de 6’400 ISO ou le Sony Alpha A99 est très à son aise et délivre des fichiers très propres et encore exploitables au tirage papier.
Les valeurs supplémentaires (12’800 ISO et 25’600 ISO) devraient être considérées comme de la réserve, mais en gardant à l’esprit que les fichiers seront exploitables pour le web.
Sony a fait un travail impeccable sur la montée en ISO, et les fichiers que ce boitier délivre même en hauts ISO restent d’une très bonne qualité.
Encore un très bon point pour cet appareil!
Conclusion :
Le Sony Alpha A99 est un appareil qui a vraiment un excellent rapport qualité-prix.
C’est un plein format qui offre toutes les fonctions et avancées que l’on peut attendre d’un appareil de cette gamme. Il permettra de travailler dans la plupart des conditions de façon simple et sûre.
Depuis décembre et jusqu’à mi-janvier que cet appareil a partagé mon quotidien photographique, je peux dire que j’ai été séduit par l’ergonomie et les qualités de cet appareil, qui en offre vraiment beaucoup.
Pour moi, le seul vrai point difficile reste le viseur électronique qui, s’il apporte beaucoup de possibilités et de confort, reste encore le point faible de cet appareil.
À mon sens, il faut encore du travail pour améliorer les choses et que de tels viseurs remplacent efficacement une visée optique de qualité.
Certes, il manque aux viseurs optiques certains points forts qu’offre l’électronique, mais le confort d’utilisation, le rendu d’image sont encore pour moi un point clef.
Je ne doute pas que dans un avenir proche les petits problèmes qui font que je suis un peu réticent vont être améliorés et que très bientôt, nous verrons sur les boitiers des EVF de très bonne qualité, et ceci quelle que soit la marque.
Pour le reste, ce Sony Alpha A99 reste un boitier haut de gamme, d’une qualité irréprochable autant par sa conception que par son ergonomie, ses possibilités et la qualité des fichiers qu’il délivre.
Associé à de belles optiques, comme les Zeiss, ce boitier saura satisfaire la plupart des photographes à la recherche de qualité.
C’est un bel appareil avec un très bon rapport qualité-prix, qui vous en offrira vraiment pour votre argent.
Bon courage et très bonnes photos !