Test terrain: Canon EOS 70D

Voilà un test que de très nombreux lecteurs attendaient. Certainement un des tests qu’on m’a le plus réclamé… et c’est celui que j’ai mis le plus de temps à publier.

Il y a plusieurs raisons qui m’ont poussé à retarder cette publication, pas très intéressantes au final, mais le bon côté, c’est que j’ai eu très longuement le temps de le tester dans pratiquement toutes les situations possibles avant d’enfin publier cet article.

Au final, un vrai test terrain comme je les aime, sur la longueur et non pas une prise en main rapide sur une journée.

Pré-Test :

Le Canon EOS 70D n’est pas comme on peut le pense la 7^ème évolution des boîtiers à deux chiffres de la marque rouge.

En effet, le premier représentant de la série est bel et bien le Canon EOS D30 suivi par le D60 puis le 10D, le premier boîtier à avoir mis le D après les chiffres qui désignent le type de l’appareil, et au final toutes les évolutions jusqu’au 70D actuel qui est donc la 9^e mise à jour de cette gamme d’appareils.

Pour le plaisir, une petite photo de 13 ans d’évolution numérique, impressionnant!

On voit à la fiche technique que le Canon EOS 70D est un appareil taillé pour le terrain, un vrai boîtier expert/pro qui a un très beau pédigrée. Obturateur à 1/8000 s, rafale à 7 images par seconde sur 65 vues et sur 16 vues en RAW, ce qui au passage est une petite gifle au Nikon D7100 qui avec ses 6 images par seconde n’arrive pas à aligner plus que 6 images avant de caler. À ce jeu-là, le Canon fait très largement mieux !

Il est aussi muni de plusieurs joints toriques pour une étanchéité renforcée, qui lui apporteront une très bonne résistance aux éléments, pluie, poussière …etc. Si on ne peut pas dire qu’il dispose de la même qualité de protection que son grand frère le Canon EOS 1Dx il peut fièrement afficher une protection digne du Canon EOS 1N appareil photo argentique mythique et connu pour sa résistance aux éléments !

Ergonomie :

L’ergonomie est le plus souvent un point fort chez Canon et le 70D ne change pas la tradition, le travail ergonomique a été fait avec beaucoup de soin.

L’ergonomie du Canon EOS 70D est très proche de celle du Canon EOS 6D (voir le test ICI), on retrouve le même principe de disposition des commandes.

Part rapport au 6D on voit l’apparition d’un nouveau bouton sur le haut du capot qui permet de choisir le nombre de collimateurs qui vont aider à la mise au point, un peu comme le bouton M-fn sur le 1Dx et le 5D Mark III.

Pour le reste, même si je m’habitue au multi-contrôleur en centre de la roue codeuse, j’avoue qu’un mini joystick aurait été à mon avis plus aisé. D’autant plus que je vise avec l’œil gauche, et que de fait, chaque fois que je veux changer un collimateur, je me retrouve avec le pouce dans l’œil droit.

Les menus sont toujours aussi efficaces dans leur ergonomie générale, rangés de façon logique, sans jamais qu’une liste ne se déroule plus que ce qui peut être affiché.

Avec en prime l’écran tactile, on finit par piloter son appareil avec une simplicité telle que cela vient à me manquer quand j’utilise mon 1Dx …

Encore une fois, Canon démontre qu’ils sont vraiment à l’écoute des photographes en nous livrant un appareil avec une ergonomie presque parfaite.

Le viseur :

Mon amour des beaux viseurs n’est plus un secret, tout le monde sait maintenant l’importance que j’attache à cette partie de l’appareil photo qui pour moi est une des plus importantes.

Ici, passé la déception de ne pas avoir un viseur 100%, on est surpris en bien par le fait que c’est un grand viseur bien agréable où se trouvent toutes les infos nécessaires.

On peut à loisir choisir d’appeler la grille de composition, et on peut même afficher le niveau directement dans le viseur. Malheureusement, celui-ci n’ayant que trois positions, le moindre petit mouvement le fait bouger, et de fait, il devient très difficile de mettre l’appareil pile à l’horizontale ou à la verticale. L’idée est bonne, mais l’outil dans sa configuration actuelle est difficilement utilisable.

Pour le reste, c’est un bon viseur, clair, assez grand et qui permet même aux utilisateurs de lunettes de s’en servir sans problème !

La prise en main:

Comme expliqué dans le chapitre sur l’ergonomie, le Canon EOS 70D est très bien pensé et sa prise en main sur le terrain est vraiment agréable.

Plus petit que le 7D sa prise en main reste malgré tout très bonne. La poignée très bien dessinée offre une bonne préhension. Le revêtement du grip et des autres zones est de bonne qualité, très bien collé, c’est fait pour durer un bon moment.

Les commandes tombent naturellement sous les doigts et il devient facile de le piloter l’œil au viseur, on reste dans la logique d’ergonomie Canon où tout se fait très naturellement.

Si vous vous offrez le grip vertical, vous aurez encore une meilleure prise en main, avec toutes les commandes doublées en position portrait.

Le menu rapide que l’on atteint avec la touche “Q” devient l’arme ultime grâce à l’écran tactile, un vrai plus qui aide vraiment sur le terrain.

Comme expliqué plus haut, je suis vite devenu fan de l’écran tactile que je voyais comme un gadget  mais qui à l’usage me semble être un outil très performant et utile.

La qualité d’image :

Avant d’entrer directement dans le vif du sujet, il faut savoir que le Canon EOS 70D inaugure un tout nouveau type de capteur pour le format APS-C. Fini le fameux CMOS de 18 millions de pixels qui a équipé tous les appareils de la gamme depuis le 60D, en passant par le 7D jusqu’au 700D.

Après un peu plus de trois ans de bons et loyaux services, ce fameux CMOS est remplacé par le tout dernier né de Canon. Un capteur de 20,2 millions de pixels, qui en soi et à première vue ne change pas spécialement les choses … sauf que Canon a eu la bonne idée d’inventer le “Dual pixel” et cette astuce dont je vous parlerais plus avant un peu plus loin, va simplement révolutionner l’AF en vidéo ou avec le Liveview !

Mais revenons à nos moutons…

Vous commencez à avoir l’habitude maintenant, je teste la qualité d’image en tenant compte de trois points bien précis.

Ce sont toujours les mêmes, car ce sont vraiment ces points qui définissent la qualité de l’image au final.

Et ces différents points, qui rentrent en ligne de compte pour offrir la meilleure qualité d’image qui soit dans toutes les situations possibles, sont :

Nous allons donc détailler tout ça, afin de connaître la qualité d’image que délivre notre cher 70D

Commençons par…

La qualité d’exposition :

Canon EOS 70D | EF 70-200mm f/2,8 L IS USM II |170mm | f/7,1 | 1/800s | 800ISO

Comme d’habitude, Canon a fait ici un très bon travail.

Il faut dire, même si je me répète un peu, à l’heure actuelle, il est réellement difficile de prendre un boîtier à défaut. Sur les reflex on est toujours proche du sans-faute, et ceci quelle que soit la marque. Le Canon EOS 70D ne déroge pas à cette règle.

Car oui ! Le Canon EOS 70D est capable d’offrir une bonne exposition dans presque toutes les situations !

Oui, sur le terrain, cela donne une exposition que l’on a peine à prendre en défaut. Que l’on soit en contre-jour, à la tombée de la nuit, en lumière artificielle ou naturelle… etc.

Pas moyen de vraiment la piéger, ou alors seulement en la poussant vraiment dans ses derniers retranchements… Et là encore, ce n’est pas l’exposition même qui déclare forfait, mais la dynamique du capteur qui ne peut physiquement plus tenir la route.

Sans compter que des outils tels que la correction de luminosité sont plutôt efficaces pour aider à gérer au mieux les scènes difficiles.

Oui, vous pourrez vous reposer sur la qualité de son exposition !

Autofocus et piqué :

Le Canon EOS 70D joue clairement dans la cour des grands. Avec un autofocus sur 19 points en croix, Canon voulait montrer que le petit à de la ressource, et c’est bel et bien le cas !

Autant dire que l’AF du 70D est ultra réactif, avec un très bon suivi (que l’on peut paramétrer dans la même idée que ceux du 1Dx et du 5D MKIII) qui le place directement dans la catégorie des boîtiers ultra à leur aise pour la photo d’action, d’autant plus que sa rafale de 7 images par seconde tient vraiment la route.

Question AF “traditionnel” Canon a sorti le grand jeu ! Si l’on n’est pas au niveau des deux stars de la marque (les Canon 1DX et 5D MKIII), il est clairement l’appareil APS-C le plus efficace du catalogue question AF !

Mais là où Canon a fait très fort, c’est avec l’autofocus en Liveview et en vidéo:

Cette petite vidéo de démonstration tournée par mon ami et assistant Daniel M. démontre de façon assez concrète les qualités du nouvel AF que Canon a mis en place sur son 70D.

Pour bien comprendre l’importance de la chose, il faut savoir que très souvent on reprochait à Canon un manque cruel du côté des capacités de l’AF en liveview et en vidéo.

Les principaux reproches étaient qu’il n’y avait pas de suivi et que la lenteur incroyable de la mise au point auto rendait le tout inutilisable en photo d’action ou pire encore en vidéo.

Le problème de la mise au point faite le miroir relevé, soit, directement sur le capteur, est que le processus travaille en comparaison des zones de contraste. Ce qui demande pas mal de ressources et surtout la mise en œuvre est passablement lente, bien loin de ce que peut faire un module autofocus traditionnel.

En effet, il n’existe rien de plus efficace que la mise au point par détection de phase, celle que tous les reflex utilisent quand on fait nos photos l’œil au viseur.

Le principe de la détection de phase est assez simple, on prend un rayon lumineux que l’on coupe en deux. On observe alors le décalage entre les deux rayons, et l’on corrige la mise au point pour qu’il n’y ait plus de décalage et que les deux rayons ne forment plus qu’un seul point. Cela fonctionne exactement de la même façon que les anciens reflex et leur mise au point manuelle facilitée grâce au stigmomètre.

Et bien figurez vous que Canon a réussi l’incroyable exploit de faire un AF à détection de phase directement sur le capteur!

Comme on peut le voir sur l’illustration ci-dessus, chaque photodiode est séparée en deux. Quand la lumière arrive sur une microlentille, le rayon est divisé, une partie arrive sur la photodiode A et une autre sur la photodiode B.

Si la mise au point n’est pas faite, les deux rayons de lumière sont décalés, l’appareil va alors activer l’AF en tenant compte du décalage pour ramener les deux rayons lumineux sur le même point, ainsi l’image sera nette.

Il faut reconnaitre que l’idée est vraiment géniale et permet un AF aussi réactionnel en liveview/vidéo qu’en visée optique, ce qui est une grande première et une très belle avancée !

La mise au point est si rapide en liveview que lors du passage en vidéo elle est ralentie pour avoir des transitions plus fluides et agréables à l’œil.

Du très très beau travail qui va rendre heureux plus d’une personne.

La gestion de la montée en ISO :

Canon EOS 70D | EF 24-70mm f/2,8 L USM | 59mm | f/6,3| 1/40s | 12’800ISO

Comme vous le savez maintenant, si vous êtes un habitué, cela fait un moment que j’ai pris le parti de ne plus faire une série de photos à chaque valeur ISO pour vous les présenter.

Je pense simplement que prendre un objet en augmentant la valeur ISO n’est pas un compte rendu juste de la réalité du terrain !

En effet, un éclairage qui donne un 1/20 de seconde à f/5,6 pour 100 ISO, donnera 1/5’000 de seconde à la même ouverture pour 25’600 ISO, ce qui est loin d’être la situation lumineuse la plus catastrophique. De fait, le fichier présenté ne souffrira que très peu du manque de lumière, ce qui sur le terrain est bien différent. En règle générale, on utilise de telles valeurs pour pallier un manque de luminosité.

Quand on regarde la photo d’illustration de ce chapitre, on voit qu’elle a été prise à 1/40 de seconde, à une ouverture de f/6.3 pour 12’800 ISO.

Comme on peut le constater si vous cliquez ICI pour voir le crop 100% de cette belle Maison-Blanche en Lego (que j’ai monté avec mes petits doigts), le fichier est propre !

Sur ce point Canon montre vraiment son savoir-faire et sa maîtrise de la gestion du bruit numérique.

Le Canon EOS 70D a une plage ISO qui s’étend de 100 à 12 800 ISO avec une position étendue à 25 600 ISO, je conseillerais de rester à 6 400 ISO, valeur qui est encore exploitable, de réserver 12 800 ISO en cas de besoin, sachant que pour être imprimé il faudra un peu de travail, et enfin de garder la valeur plus élevée uniquement pour du dépannage.

En résumé, malgré l’ajout de pixel, le Canon EOS 70D offre malgré tout des fichiers très très propres, et c’est une belle réussite.

Mais le 70D à d’autres tours dans son sac, comme…

Les petits plus du 70D :

Canon EOS 70D | EF 200-400mm f/4 L IS USM | 400mm | f/4| 1/3’000s | 100ISO

Le Canon EOS 70D à l’instar du 6D et autres 700D embarque avec lui quelques petites options plutôt sympathiques.

Celle que je préfère et qui pour moi est plus qu’un gadget reste sans aucun doute le WiFi.

Celui-ci nous permet de piloter notre appareil photo depuis un smartphone ou une tablette. Quand on a pris une photo, on peut directement la partager, et il faut avouer que c’est agréable.

Par exemple, samedi ma sœur m’a demandé que l’on fasse une photo pour notre cousin en Italie qui fêtait son anniversaire.

J’ai mis l’appareil sur le trépied, branché le WiFi, je suis retourné me placer à côté de ma sœur et mon frère.

On a pu ainsi déclencher la photo au bon moment, car nous avions le retour, puis immédiatement l’envoyer à notre cousin.

C’est un exemple très “familial”, mais que l’on rencontre souvent. Combien de fois on regrette de ne pas pouvoir agir ainsi ?

Mais le WiFi n’est pas utile uniquement pour le “social”, par exemple, l’oiseau qui est sur la photo d’illustration a été pris à l’aide du déclenchement à distance rendu possible grâce au WiFi. J’ai installé le matériel sur un trépied, couvert le tout avec une couverture de survie, et j’ai simplement attendu loin du spot que l’oiseau arrive et j’ai déclenché depuis mon iPad.

Et ce ne sont là que deux présentations parmi beaucoup d’autres.

Pour le reste des “gadgets”…

L’option qui m’a fait douter pendant longtemps est l’écran tactile (que l’on retrouve également sur les 100D, 650D et 700D). Il faut reconnaitre qu’on peut se demander si c’est vraiment utile, jusqu’au moment où on y goûte et qu’on se demande comment on va s’en passer !

Pour des réglages c’est très rapide et très simple à mettre en œuvre, c’est un vrai must, plus besoin de jouer avec les différentes molettes, tout se commande depuis l’écran.

Cette option n’est pas indispensable, mais devient vite nécessaire. À tel point que lorsque Canon m’a demandé ce que j’aimerais sur le futur flagship de la marque, j’ai dit: “un écran tactile” …

Nous trouvons aussi en plus des modes scènes habituels, des modes scènes intelligents, et certains sont très efficaces. Les deux qui m’ont marqué sont :

• La fonction HDR auto
• Photo de nuit à main levée

Ces deux options fonctionnent sur le même principe, l’appareil prend trois photos à la suite, puis mouline pour en faire le montage.

Dans le cas du HDR pour avoir une plus grande dynamique tout en gardant un aspect très réaliste.

Dans le cas de la photo de nuit, pour avoir une scène avec le moins de bruit possible et une bonne exposition sur toute la photo.

On va dire que ces options sont très efficaces, je ne regrette qu’un point, c’est que les fichiers délivrés soient uniquement en JPEG, pas moyen d’obtenir les RAW ou du moins une version PNG ou TIFF du résultat final.

Dans tous les cas, ce sont des petits plus qui raviront les moins experts en photo, ou ceux qui ont besoin de sauver une situation, je pense surtout à la photo de nuit.

Pour ma part, je préfère prendre un vrai HDR, et pour la photo de nuit à main levée, l’idée est très bonne même pour ma pratique, mais le résultat uniquement en JPEG m’empêche d’imaginer une utilisation sérieuse de cette option.

Conclusion :

Canon EOS 70D | EF 70-200mm f/2,8 L IS USM II |135mm | f/2,8 | 1/40s | 250ISO

Le Canon EOS 70D a fait beaucoup parler de lui. Tout le monde prédisait une sortie du 7D MKII, et c’est un 70D survitaminé qui a vu le jour.

Après plusieurs mois d’utilisation, ce que je peux en dire, c’est que cet appareil saura faire oublier le 7D dont il reprend beaucoup de spécificités tout en en améliorant d’autres.

Il est clair que sur certains points le 70D est un peu en retrait, par exemple la vitesse de la rafale qui passe de 8 à 7 images par seconde.

Mais sur la plupart des points, on peut dire qu’il joue dans la même cour, bien que sa dénomination à deux chiffre le sorte d’office de la catégorie des boîtiers “pro” de la gamme et le voie amputé de certaines spécificités réservées au boîtier plus haut de gamme comme le viseur 100%.

Une très grosse rumeur dit qu’un 7D MKII devrait être annoncé en janvier. Pour ma part, bien que je ne sois pas dans le secret des dieux, j’imagine mal une nouvelle version de cet appareil.

D’autant plus, qu’il sera difficile de faire beaucoup mieux que le 70D qui a tout de même beaucoup d’arguments pour lui.

Je dirai pour finir, que si vous hésitez à le prendre, car vous venez d’un appareil à 3 chiffres, du style 600D, ou que vous voulez faire évoluer votre 60D, n’hésitez pas, vous allez vraiment vous retrouver dans un autre monde, et cet achat ne pourra que vous satisfaire.

Si vous êtes propriétaire d’un 7D, et que vous hésitez, attendez début janvier, car bien que je ne sois pas du tout convaincu par la sortie d’une nouvelle mouture pour cet appareil mythique, nous dirons que nous ne sommes plus à quelques semaines près… Ensuite, vous pourrez vous offrir le 70D le cœur léger.

Dans tous les cas, je ne peux que vous conseiller ce boîtier séduisant, le meilleur APS-C du moment toutes marques confondues !