Qu’est-ce qu’un bon photographe ?
N’est-ce pas une question à laquelle il est difficile de répondre, même plus que difficile !?
J’ai posé cette question sur un groupe Facebook et j’ai eu plus de 250 réponses, et aucune n’a donné une définition, qui aurait pu trancher la question, aucune personne n’a su nous offrir LA définition de ce qu’est un bon photographe.
Si on n’a pas la définition absolue – car elle est difficile à trouver et difficile à trancher -, j’ai personnellement une vision de cette définition, qui est :
un bon photographe est celui, qui sait qu’il ne sait pas tout et qui peut toujours progresser
Ce qui est certain, quand on débute, c’est une affirmation, qui paraît logique, pour autant, quand tu deviens “meilleur”, quand tu arrives au niveau expert, cette affirmation est bien plus difficile à accepter.
En effet, plus son niveau devient important, plus les gens pensent qu’ils sont proches de savoir tout ce qu’il y a à savoir sur la photo.
Là, où se situe l’erreur, c’est que la technique ne stagne pas, même si les bases de la photo n’ont pas changé depuis son invention, il y a toujours de nouvelles approches et je ne parle ici que du côté technique, je ne parle pas de la vision artistique, que nous verrons après.
Commençons avec le côté technique …
Se remettre en cause :
La technique en photo ne se résume pas à savoir gérer le triangle d’exposition, c’est la base, mais cela ne fait clairement pas toute la photo.
Je pourrais donner des dizaines d’exemples, qui montrent qu’on est souvent obligé d’aller au-delà, et ceci dans chaque discipline.
Que ce soit les filés en sport, la gestion du flash studio en portrait, les filtres dégradés en paysage ou encore la gestion particulière de la PDC en macro, il existe des techniques, qui vont au-delà de ce qu’on doit savoir basiquement pour faire de la photo.
Et ici, je parle encore de la base même de la photo par spécialité.
Un photographe, qui verra une photo comme celle ci-dessus, il va peut-être se demander comment réussir à avoir un angle de champs aussi large et une PDC aussi courte ce qui correspond ici à un 21mm f/0,9 !
Et nous voilà entrés dans le monde de l’effet Brenizer, une technique particulière, qui permet d’avoir virtuellement des objectifs, qui n’existent pas en réalité, un peu plus d’info ICI.
Et des techniques particulières comme celle-ci, il en existe beaucoup.
Et là, on ne parle pas encore de ce qu’on pense savoir et qui est faux, car c’est surtout dans ce genre de situation qu’il faut accepter de se remettre en cause.
Parmi mes lecteurs – du moins les nouveaux, les anciens ayant déjà lu mes articles -, combien pensent que la taille du capteur a une influence sur la PDC, combien pensent qu’un objectif de 50mm se transforme par miracle en un 80mm sur un APS-C, combien pensent que l’expo à droite est quelque chose de bien, combien pensent qu’un Flashmètre est indispensable pour faire de bonne photo
Un bon photographe doit savoir accepter qu’il se trompe, qu’il fait des erreurs, qu’il a pensé juste ce qu’il prenait pour un fait, mais qui au final se trouve être faux ou du moins en partie incorrect.
Vouloir progresser c’est aussi accepter ses erreurs, et pas uniquement sur les points techniques …
Accepter la critique :
Accepter la critique, c’est une des pierres angulaires de la progression en photo et ceci quel que soit notre niveau, car n’oublions pas un fait important.
Il n’y a rien de pire que de stagner, penser qu’on est bien, sans jamais se remettre en question et finalement accepter notre production comme étant de qualité, sans prendre aucun recul.
Poser sa photo à la critique quel que soit son niveau est quelque chose d’impératif, pour avoir un regard neuf, un point de vue nouveau et nous permettre de nous améliorer.
Malheureusement, tous les “experts” ne sont pas de cet avis et on a l’impression qu’ils exposent leurs photos à la critique, uniquement dans le but d’avoir des compliments.
Combien de fois, j’ai donné mon avis sur des images et je me suis vu retourner des réponses du genre:
- C’était volontaire, je l’ai fait exprès.
- C’est mon point de vue d’artiste.
- Je ne suis pas d’accord avec ta critique, moi ça me plaît, c’est le principal.
- Vu mon niveau, tu peux me croire que c’est voulu!
- …etc.
Je ne dis pas que chaque fois qu’une critique est émise, elle est juste, je ne dis même pas que chaque fois que je fais une critique elle est juste et bien entendu, certains points que l’on peut juger comme négatifs, peuvent avoir été en effet volontaire. Le problème survient quand une même personne refuse TOUJOURS la critique et se trouve toujours une bonne excuse pour le résultat qu’il présente.
C’est en réalité plus pénalisant pour eux, que pour celui qui émet la critique et son niveau en photo ne devrait pas entrer en ligne de compte pour accepter ou non une critique, car on peut avoir un très bon niveau et pour autant ne pas avoir produit une image parfaite, cela ne veut pas dire que l’on est “nul”, cela veut dire qu’on peut ne pas avoir fait attention, ne pas avoir pensé à un détail ou ne pas avoir eu le recul nécessaire et le “coup d’œil” d’une personne externe.
Je blablate, je cause beaucoup, je donne des conseils, mais …
Est-ce que moi-même j’accepte la critique ?
C’est toujours simple de donner de bons conseils, de dire aux autres ce qu’ils doivent faire, mais on peut légitimement se demander si je suis mes propres conseils.
J’aurais de quoi me la jouer “grosse tête”, j’ai un des plus gros blogs francophones d’Europe, avec pas moins de 8’500 visiteurs uniques par jour (dont même pas 0,2% on prit la peine de me donner un Tips ...
C’est cool, mais vous pouvez vous demander si j’écoute les critiques.
Ceux qui me suivent sur Facebook et qui me croisent sur les différents groupes, ainsi que ceux qui sont sur les mêmes forums que moi, savent que la réponse est positive, mais je pense que la meilleure démonstration est là suivante.
Vous avez vu la photo, qui est en illustration de cet article.
C’est sûrement une de mes images préférées de l’année 2017, une photo que j’adore, chaque fois que je l’ai postée sur un forum ou un groupe, j’ai eu des retours très, très positifs dessus.
Je ne l’ai donc jamais vu comme une photo, qui pouvait être améliorée ou qui présentait des défauts.
Pour autant et malgré qu’en toute sincérité que je pensais que mon image était top, j’ai voulu avoir l’avis d’un vrai expert dans le domaine.
Non pas que l’avis des autres n’avait pas de valeur, mais pour le coup, ils allaient dans le même sens que moi.
J’ai donc posé ma photo à la critique auprès de Karl Taylor, certainement l’un des tout meilleur photographe de mode et photo products du monde à l’heure actuelle.
Ceux, qui connaissent ma photo, auront peut-être remarqué un petit changement, pour les autres, je vous invite à regarder cette vidéo (elle est en anglais, pour ceux qui auraient de la peine avec la langue de Shakespeare, ils peuvent activer les sous-titres en français):
Je vous rappelle pour ceux qui l’ignore, qu’il y a une nouvelle vidéo chaque jeudi sur ma chaine YouTube, abonnez-vous!
Karl a eu une vision différente de ma photo, plus de recul, un œil avisé et un conseil plus que précieux.
Ce qu’il a expliqué, qui semble si évident maintenant, n’avait été vu par personne et encore moins par moi-même.
Quand j’ai vu son explication, je ne me suis pas dit: “mais quel con, tout le monde a aimé ma photo, pourquoi lui y voit un problème”.
Au contraire, j’ai été vraiment heureux qu’il me permette d’améliorer mon image, qui est clairement meilleure maintenant.
Il m’a offert une critique constructive et j’en suis très satisfait, car je sais qu’on doit toujours se remettre en question et qu’on apprend toute sa vie.
Conclusion :
Quand je mets ma photo avec et sans retouche côte à côte, je me rends compte du gain obtenu et ce que ce petit conseil m’a apporté.
Vous avez le droit de ne pas être d’accord avec une critique, vous avez le droit de défendre votre point de vue esthétique ou technique si vous pensez avoir raison.
Pour autant, avant de sauter aux conclusions, que ce soit sur un point de vue technique ou sur une critique de l’une de vos images, prenez un peu de recul pour savoir si ce qu’on vous dit est juste.
Une fois que vous avez fait votre propre analyse, soit vous aurez raison et vous pourrez défendre votre point de vue avec de bons arguments, soit vous vous êtes trompé et l’admettre ne pourra que vous faire progresser.
Être un bon photographe, finalement c’est simple, c’est accepter qu’on ne sera jamais réellement un photographe “qui sait tout” …
Sur ce, bon courage et bonnes photos !