J’ai eu l’occasion de rencontrer Paul Marnef, dirigeant de l’agence de presse Isopix. Il a eu la gentillesse de prendre un peu de son temps pour m’accorder une petite interview au sujet de son métier, du marché de la photo de presse ainsi que des débouchés possibles pour les photographes.
Voici donc un petit aperçu de la réalité de terrain du milieu.
Paul, pourrais-tu te présenter ainsi que la société que tu diriges ?
Je suis photographe de formation et travaille dans le secteur des agences photos depuis 1980, où j’ai commencé ma carrière en tant que reporter-photographe dans une agence. ISOPIX est une agence de presse photo. Elle a été créée en 1984. Je suis un des fondateurs et toujours un des dirigeants. Par ailleurs, les hasards de la vie m’ont conduit a également être dirigeant d’agences françaises telles que : SIPA PRESS (Directeur Général) STARFACE (gérant), AKAMEDIA VIDEO (gérant).
Dans les grandes lignes et pour que tout le monde comprenne bien, qu’est-ce qu’une agence de presse ? Comment ça fonctionne ? Quels sont ses marchés possibles ?
Les activités d’une agence de presse photo sont les suivantes :
– Produire des images sur l’actualité (Belge, en ce qui nous concerne).
– Produire des images d’illustration.
– Distribuer ces images en Belgique (aux quotidiens, magazines, télévisions, et différents site web).
– Distribuer ces mêmes images à l’étranger au travers d’un réseau d’agents.
– Distribuer en Belgique des images produites par des agences photo étrangères. En ce qui nous concerne, il s’agit par exemple des agences : Associated Press, Sipa Press, Starface, Splash News, Broadimage, Rex Shutterstock, Camera Press, August, X17, etc..
– Assurer des commandes pour des magazines (il peut s’agir de chefs d’entreprises, de personnalités du show business, etc…).
– Effectuer des commandes pour des entreprises.
– Fournir des prestations de services pour le compte de clients institutionnels (reportages, édition, retouches, impression, mise en ligne, etc..). Nous travaillons par exemple pour le Parlement européen, le Comité économique et social européen, le Conseil des ministres européen, mais aussi pour des universités belges.
Comment est-ce qu’une agence se fournit en images ?
En ce qui concerne l’étranger, la question a été abordée partiellement au point précédent.
En Belgique nous travaillons à la fois avec des photographes salariés mais aussi avec une série de photographes freelances.
La démocratisation de la photo dans le grand public a-t-elle changé la façon dont les agences de presse travaillent ?
Oui et non. Certains reportages ne sont plus confiés à des professionnels et sont effectués en interne. Cela a entraîné une concurrence sur les prix qui a mené à une paupérisation d’une partie de la profession. Cependant il faudra toujours des bons professionnels pour assurer certains reportages en particulier pour la couverture d’événements politiques, royaux, etc.
L’évolution du matériel impacte-t-elle le marché des agences ?
Ce qui a essentiellement impacté le marché des agences a été Internet. Certaines agences ont su saisir l’opportunité d’avoir un marché globalisé : Getty Images, Corbis (qui appartenait à Bill Gates, a cependant disparu faute d’une vraie vision stratégique) et plus Shutterstock et Adobe. La concurrence est maintenant devenue mondiale.
Que doit faire un photographe pour intégrer ou travailler pour une agence de presse ?
Il doit être bon, motivé, travailleur, s’accrocher, ne pas hésiter à contacter les agences (mais au bon moment). Il doit disposer de matériel d’un niveau professionnel : appareil, flash ainsi que deux ou trois zooms. Aujourd’hui un photographe sortant de l’école a très, très peu de chances d’être engagé par une agence. Il doit donc commencer comme freelance.
Ceci dit, nous cherchons toujours des talents et quand les gens sont bons et motivés, qu’ils ont su faire leurs preuves, nous leur donnons une chance. Par exemple nous avons récemment donné sa chance à une jeune photographe, Daïna LE LARDIC, qui est entre autres devenue la photographe du Président du Parlement européen.
Comment vois-tu l’avenir de la profession ?
Je fais un constat assez simple. D’une part la taille des clients des agences photos (éditeurs et entreprises) a considérablement augmenté (par fusions et acquisitions). Ces mêmes clients se sont professionnalisés et ce à une vitesse plus importante que les agences photos qui n’ont pas compris l’intérêt de se regrouper.
Les agences photo connaissent, au niveau mondial, un phénomène de consolidation ; à savoir la disparition de nombreux acteurs, souvent les plus petits. Ce phénomène de consolidation n’est pas encore arrivé à son terme.
En ce qui concerne la Belgique, les acteurs n’ont pas encore tous pris conscience de la problématique. Cependant la consolidation est inévitable, ainsi que la disparition très prochaine de l’un ou l’autre acteur.
Un dernier conseil pour tous les photographes qui te lisent et envisage une carrière professionnelle dans ce milieu ?
Si un photographe aime ce métier, il doit s’accrocher, travailler, regarder ce que font les meilleurs autour de lui, apprendre et se tenir informé de tout ce qui relève des nouvelles techniques.
Un grand merci, Paul, pour ton temps et pour toutes ces précieuses réponses qui ne manqueront pas d’éclairer nos lecteurs.
Pour vous faire une idée des contenus disponibles dans une agence de presse, vous pouvez visiter ces 2 liens:
Agence Isopix: http://www.isopix.be/
Portofolio Corporate: https://corporate.isopix.be/
Preums
Article intéressant comme toujours
Je ne connaissais pas ce Mr, n’y cette agence de presse. Il a était sympa de donner un interview Le métier de la photo à bien changé, même pour les agences de presse.
A la fin de la puberté, je voulais être reporter-photo pour AFP mais la vie en à décidé autrement. C’est en partie grâce au métier de photo-reporter que j’aime faire des photos de mariage.
Voila un sujet peu habituel dans les blogs. Très sympa.
Merci