La Boite à Photos : Packshot (fond blanc) sans matériel spécifique

La simplicité au service de la photo...

Trois bouts de ficelle :

nespresso-sans-studio

Faire de la photo est une passion qui parfois demande pas mal d’investissement, surtout du côté équipement.

Par exemple, comment faire un joli packshot d’un objet avec un joli fond blanc sans avoir de matériel studio ?

Vous pensez que c’est difficile, voire impossible !?

Détrompez-vous, on peut très bien s’en sortir de façon plutôt efficace, juste avec un peu d’imagination et de savoir-faire.

Comme je ne dis jamais de choses en l’air, je m’en vais de ce pas vous prouver que c’est possible avec une technique particulière et très simple à mettre en œuvre.

Pour vous en faire la démonstration, je vais simplement relever …

Un défi :

Je me suis imposé un petit défi très simple:

Réaliser un packshot style “pub” d’une cartouche Nespresso édition limitée de deux façons différentes…

Une fois avec du matériel professionnel, flashs studio, fond, réflecteurs…etc.,  puis l’autre fois avec un simple reflex d’entrée de gamme, sans aucun autre accessoire!

Pas de flash cobra, pas de lumière continue (spot ou autre) pas de fond studio, pas d’éclairage déporté…etc.

Que du matériel qui se trouve dans chaque maison, plus mon reflex d’entrée de gamme, le Canon EOS 550D fidèle au poste, auquel j’ai simplement ajouté un 50mm f/1,4 (car je n’ai pas l’objectif de base EF-S 18-55mm, qui aurait tout aussi bien fait l’affaire, nous verrons pourquoi plus bas dans l’article.)

aps-c-vs-mf

En face du petit Canon, un gros challenge (comme vous pouvez le constater sur l’image ci-dessus) puisque ce n’est pas moins qu’un moyen format PhaseOne 645DF + IQ180 avec un capteur presque 3 fois plus grand qui affiche pas moins de 80 millions de pixels, en prime appuyé par tout le matériel nécessaire à ce genre de prises de vue.

L’objectif utilisé sur le moyen format est un 120mm, ce qui correspond à peu de chose près au même angle de champs qu’un 50mm sur le 550D.

La photo faite au 550D (que vous pouvez voir plus haut, juste sous le titre “trois bouts de ficelle”) sera bien entendu comparée au résultat que donne le moyen format, (que nous verrons plus loin dans l’article) mais pour le moment, je vais vous montrer comment a été réalisé ce cliché, avec simplement un peu d’astuce et une pincée de post-production.

La prise de vue :

La grande difficulté de cette prise de vue fut de pallier au manque de matériel.

En effet, comment faire un éclairage “studio” sur un packshot quand on ne dispose que du flash intégré et de la lumière ambiante comme seules sources d’éclairages?

La première chose fut d’améliorer la qualité de la lumière émise par le flash pop-up. Je n’ai pas été chercher bien loin, une simple feuille de papier blanc disposée devant à fait l’affaire (voir l’illustration ci-dessous).

Ensuite, j’ai placé l’objet à photographier sur son support, un simple réflecteur fait maison avec une couverture de survie, mais toute surface réfléchissante, telle que miroir, plastique, verre, table basse…etc. aurait été tout aussi efficace.

J’ai placé le tout devant la porte-fenêtre de mon salon, le but étant d’utiliser la forte luminosité externe par rapport au “manque” de lumière à l’intérieur.

making-of

Le reste de l’opération, l’astuce du jour est de profiter de cette différence de luminosité pour surexposer le fond (la fenêtre d’où vient la lumière extérieure) tout en éclairant l’objet de façon idéale à l’aide du flash intégré.

Je me suis tout d’abord mis en mode “priorité ouverture” réglé à f/9 pour avoir une bonne PDC sur la tasse. J’ai fait une mesure spot sur le centre de la tasse (au niveau du logo N) j’ai ensuite appliqué une surexposition de 0,5IL.  Puis j’ai fait une photo pour constater l’influence de la lumière extérieure qui sert de fond blanc.

Le flash intégré a très bien fait son travail, les automatismes E-TTL on parfaitement dosé l’éclairage, compensant le manque de lumière de la pièce en exposant de façon très juste la tasse, mais à 100 ISO, l’arrière-plan n’était pas “cramé”, loin de là, on pouvait voir les détails de ce qui était dehors.

J’ai alors augmenté la vitesse ISO pour passer à 1’600, et une nouvelle photo “test” a été faite.

Là, c’était bien mieux ! L’arrière-plan était clairement blanc, tout ce que je voulais.

Je suis passé ensuite en mode M et j’ai reporté mes réglages, puis j’ai joué sur la vitesse d’obturation (qui n’a aucune influence sur le flash, mais qui a une grande influence sur la lumière qui vient de dehors). Ceci afin de “régler” finement le dosage de la surexposition de l’arrière-plan (la surex ne doit pas “déborder” et entourer d’un halo blanc le sujet principal).

Une fois le réglage et LA photo faits, je pouvais passer tranquillement au …

Post-traitement :

Avant tout, je tiens à m’excuser, car à la base il était prévu pour cette partie une vidéo qui expliquait point par point le post-traitement de l’image qui permet d’arriver à la photo finale.

Malheureusement, un problème de micro de dernière minute m’a tout simplement empêché de faire ce tutoriel.

Mais rassurez-vous, je vais tout de même vous donner une explication claire et, si vous avez des questions, n’hésitez pas.

Voici l’image brute, telle que sortie de l’appareil, transférée telle quelle de la carte à Lightroom (où j’ai joué un peu avec les tons clairs et foncés) puis ouvert dans Photoshop, où j’ai effectué un recadrage avant retouche:

psd-nespresso

En plus de l’image brute, j’ai également fait une capture d’écran des différents calques qui m’ont permis d’arriver à la photo finale (n’hésitez pas à cliquer sur l’image pour voir une version plus grande et plus lisible).

Je vais vous donner les explications de chaque étape.

Quand on utilise Photoshop (ou tout autre programme de retouche) il ne faut pas hésiter à être inventif, à  jouer avec les réglages, les différents calques, à revenir en arrière, à tenter des choses.

Je déconseille de lire l’explication que je vais donner comme une recette de cuisine, mais plus comme une façon de voir les choses.  Chaque photo étant unique, aucune recette « préfabriquée » ne pourra convenir de façon idéale à toutes les images !

Ceci étant dit, passons aux choses sérieuses…

Les différentes étapes du post-traitement :

  • Correction du trait: Comme on peut le voir, il y a une sorte de trait assez clair sur le reflet de la tasse, je l’ai corrigé avec le tampon, puis flou gaussien et pour finir un petit ajout de bruit pour garder l’apparence d’origine. J’ai lié le calque à un masque de fusion, pour “adoucir” les bords de la retouche avec un pinceau noir bord doux.
  • Décontamination rouge/rose : Si on regarde attentivement le haut de la tasse, on peut y voir des « reflets » rouges/roses (magenta) , j’ai donc appliqué un calque de réglage « teinte et saturation », avec la pipette je suis venu chercher les couleurs à décontaminer, et j’ai baissé la saturation en épargnant la capsule (en la peignant en noir sur le masque du fusion) traitée plus loin dans la retouche.
  • Niveaux : ici, une simple correction des niveaux, pour équilibrer la lumière.
  • Égalisation :  j’ai pris un calque de réglage courbe pour égaliser la luminosité de l’image. Pour « atténuer » l’impression de décalage entre les deux parties de la tasse, qui dans la réalité n’en forment qu’une, j’ai peint avec l’outil pinceau et un gris à 50%, sur le masque de fusion, la partie basse de la tasse pour qu’elle soit en harmonie avec le reste.
  • Arrière-plan : utiliser une fenêtre comme « fond blanc » est une bonne astuce, mais il manque un peu de « relief » à ce fond. Pour pallier à ça, j’ai pris une couleur bleu clair, puis un dégradé radial partant du bleu sélectionné au transparent, que j’ai appliqué à un calque séparé auquel j’ai ajouté un masque de fusion. J’ai ainsi, à l’aide de l’outil pinceau avec bord très doux, peint certaines zones pour corriger mon nouveau fond en décontaminant la tasse et la petite cuillière. En prime, le dégradé atténue de façon légère le reflet.
  • Capsule : j’ai ensuite utilisé deux calques de réglage uniquement pour la capsule.  Teinte et saturation pour harmoniser la colorimétrie sans perdre les traits bruns de la capsule. Puis j’ai utilisé le calque de réglage « niveau » pour harmoniser la luminosité de la capsule au reste de l’image. C’est toujours avec l’outil « pinceau » que j’ai appliqué de façon précise mes réglages, en “peignant” sur les différents masques de fusion.
  • Pour finir : suivant le même principe que pour les réglages précédents, j’ai retravaillé la luminosité, la courbe et le contraste afin d’obtenir une image qui soit la plus harmonieuse possible.

Pour vous faire plaisir, et grâce à Mega, je partage le PSD avec vous: Cliquez ICI

/!\ Attention le fichier fait 193 Mo /!\

Maintenant que vous connaissez la technique pour faire des packshot sur fond blanc et de l’éclairage de “qualité” avec un minimum de matériel, j’imagine que vous êtes curieux de savoir ce que donne la même photo réalisée …

En Studio :

La version studio de cette image a eu droit à un préparatif bien plus soigné.

Pour cette photo, j’ai joué dans le complexe, car ce genre de prise de vue provoque beaucoup de reflets de lumière, qui se caractérisent par des taches blanches pas très esthétiques.

Il font donc travailler avec un éclairage “doux” mais réglé avec soin, d’autant qu’ici il y a la réflexion du support à également gérer.

J’ai donc utilisé 4 flashs studio comme vous pouvez le voir ci-dessous :

LightingSetup

Deux flashs studio 600RX avec de larges softbox de 135 cm pour éclairer la face et une partie des côtés. J’ai compté sur l’effet “réflecteur du fond”. Une source sur le dessus (flash studio 600RX + softbox de 66*66cm) avec un angle de 180° pour bien éclairer la mousse. Et pour finir un flash studio 300RX qui vient éclairer le fond par l’arrière. Puis sous l’appareil est placé un réflecteur (que je n’ai pas pu mettre sur le plan d’éclairage par manque de place) pour ramener de la lumière sur le devant.

Le tout a été photographié avec l’appareil moyen format et  les réglages suivants:

Marque de l’appareil : Phase One 645DF
Modèle de l’appareil (dos numérique) : PhaseOne IQ180
Objectif : Mamiya MACRO 120mm f/4.0 D
Ouverture : f/14.0
Durée d’exposition :1/125 s
Équivalence ISO : 50

Comme vous pouvez le constater, beaucoup de moyens mis en œuvre pour cette version de l’image. L’avantage en plus de la qualité indéniable de la photo, c’est qu’il y a vraiment un minimum de post-traitement.

Je vous laisse découvrir cette fameuse photo…

Pour la photo, cliquez sur le plus

Il y a bien entendu clairement une différence entre les deux prises de vues. La qualité n’est pas la même, il faut bien le reconnaitre. Une astuce aide, mais ne fait pas de miracle non plus…

Pour autant, si vous n’aviez pas eu ce point de comparaison, il est certain que l’image de base vous aurait semblé très bien !? D’ailleurs, n’était-ce pas votre première impression ?

C’est pour cette raison que je n’ai pas montré la photo faite en studio tout de suite, pour que vous puissiez vous faire une idée “juste” avant de comparer.

On arrive bientôt à la conclusion de cet article, mais nous allons tout d’abord vous offrir une dizaine “d’astuces photo” proposée par Seb.F et votre serviteur!

Dix astuces photo :

À tout seigneur tout honneur, nous commencerons donc par celle de Seb.F, notre invité du jour…

Les astuces de Seb

  • 1 – Lire son manuel INTÉGRALEMENT

Pour maîtriser son outil sur le bout des doigts “sans réfléchir”

Exercice :

Lire son manuel…  Et le relire à chaque question / doute !!!

Pour vérifier la maîtrise,  enfermez-vous dans une pièce noire et changez un réglage donné (ISO, ouverture, mode de mise au point, … ). De la même manière, essayez de changer vos réglages en gardant l’oeil sur le viseur.

  • 2 – Comme un musicien, faire ses gammes RÉGULIÈREMENT

Pour s’absoudre de la technique aux moments clés.

Exercice :

Sortez faire des photos sur une base régulière (au moins une fois par semaine idéalement, voire plus si vous pouvez / voulez). Et surtout FIXEZ-VOUS un THÈME : un basique à revisiter par exemple (règle des tiers) et exploitez-le à fond le temps de la séance

  • 3 – Utiliser le principe de sérendipité au MAXIMUM

Pour booster sa créativité

Exercices :

Étudier les photos d’autres photographes (sérieusement j’entends), des peintures.

Lire des romans pour travailler l’imaginaire et la capacité de visualisation.

Être curieux, se cultiver dans beaucoup de domaines différents (et éloignés de la photo à première vue)

  • 4 – Se fixer TEMPORAIREMENT des contraintes

Pour progresser plus rapidement

Exercice(s) :

Sortez (ou trouvez sur la baie ou dans une foire) le plus vieux matériel photo argentique que vous pouvez trouver et faites quelques rouleaux ; en général c’est déjà suffisant comme contrainte (viseur atavique, pas de mesure de lumière intégrée, 4 réglages de vitesses d’obturation maximum…

Sinon, restez en numérique et fixez-vous le temps de la séance un réglage précis qui ne changera pas (ouverture faible ou au contraire importante, temps de pose, …).

Sinon encore, fixez-vous un thème pour la session et ne faites que des photos dans le thème : une couleur ou un chiffre donné, tout en noir et blanc, en format carré, …

  • 5 – Ralentir DRASTIQUEMENT dans sa prise de vue

Pour mieux choisir ses compositions

Exercice :

Prenez un chronographe et quand vous avez trouvé un sujet, déclenchez le chrono. Et réfléchissez 5 minutes complètes MINIMUM avant de sortir le matériel.
Pensez à la lumière, au point de vue, au cadrage…

Tournez autour du sujet, essayez des plongées/contre-plongées

Et surtout : définissez (ou essayez) vos réglages dans votre tête avant d’avoir touché votre matériel photo

Puis les miennes, plus … heu … Je vous laisse juge!

Les astuces de Darth

  • Toujours vérifier sa batterie avant de partir faire des photos…
    Rien de pire que d’être à sec après seulement 5 images!
  • Toujours vérifier ses réglages avant la prise de vue…
    Car même si on doit être rapide, rater une photo, car on était à 3’200 ISO en mode M à f/1,4 en plein soleil, c’est toujours difficile à accepter!
  • Toujours avoir un tissu en micro fibre sur soi…
    Car il sert à tout, nettoyer la lentille frontale de son appareil, les poussières sur le viseur, essuyer l’humidité sur le boitier, rendre propre vos lunettes de soleil…etc.
  • Toujours avoir un rouleau de Gaffer avec soi…
    Outils indispensables du photographe, sert aussi bien à protéger son appareil, qu’à fixer du matériel, à réparer son sac troué, à scotcher les mains de son modèle <-(private joke) … etc.
  • Ne jamais oublier qu’en photo, un peu d’astuce et d’imagination viennent à bout de la plupart des situations…
    La preuve en est cet article !

J’espère que ces “petites astuces” supplémentaires vous auront fait plaisir … et du coup notre amie Chopperrette pourra mettre un vu dans sa liste d’articles à faire !

Nous pouvons donc sereinement passer à la …

Conclusion :

Je vous ai proposé aujourd’hui une petite technique simple et très efficace pour faire face à un certain manque de matériel lors de la réalisation d’un packshot sur fond blanc.

Cette astuce est surtout là pour vous montrer qu’il ne faut pas se freiner ni baisser les bras à la première difficulté.

Si on réfléchit bien, si on prend le temps de penser et de préparer une image, on peut venir à bout de la plupart des situations.

Le matériel est une aide précieuse et un apport de confort et de qualité indéniable, mais on peut souvent compenser son absence par un peu de savoir-faire et quelques bonnes idées.

Donc, quel que soit le matériel que vous avez à disposition, ne vous privez jamais de faire des photos… Essayer ne coûte pas grand chose et apporte souvent de bonnes surprises !

Bon courage et bonnes photos !

À propos de l'auteur:

Il est beau, fort et musclé... Enfin, s'il n'est pas tout ça, il est passionné de photo, passion qu'il essaye de vous transmettre du mieux qu'il peut!

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