Darth's Blog

Test terrain: Nikon Df

Quand Nikon a officiellement annoncé l’arrivée du Df, cela faisait déjà un moment que la rumeur enflait sur cet appareil et son style résolument rétro.

Il circulait des photos, des vidéos teaser pour faire gonfler le buzz, et il faut reconnaitre que l’idée a très bien fonctionné, la mayonnaise pris,  les forums se sont enflammés et les spéculations ont été bon train.

Puis Nikon a lancé la bombe et a fini par annoncer ce que tout le monde avait déduit ou presque.

Ils nous offraient un retour à l’essentiel, “la pure photographie” avec un appareil qui rend hommage au noble F qui a été tant apprécié des photographes à son époque.

La promesse était belle, et beaucoup ont rêvé d’un NikonF version numérique.

Pré-Test :

Je reconnais bien volontiers que sur le papier le NikonDf m’a réellement séduit.

Je me voyais déjà aller fouiller dans mes vieilles reliques photo pour faire revivre de vieux objectifs avec cette version numérique d’un appareil mythique.

J’aime l’idée d’une surface sensible numérique dans le corps d’un appareil argentique où tout est réduit à l’essentiel. J’avoue que ça me fait rêver, et je dois reconnaitre que sur l’idée, Nikon a réellement réussi à me séduire.

Fiche technique

  • Capteur : plein format (24*36) de 16,2 Mpx (le même que le D4)
  • Viseur:  optique, 100%, grossissement 0,7x, quadrillage par surimpression
  • Écran : LCD 8 cm et 921 000 points
  • Mise au point : détection de phase TTL, Multi-CAM 4’800FX, 39 points AF (avec 9 capteurs en croix)
  • En mode visée sur écran : AF par détection de contraste.
  • Mesures d’exposition : mesure de l’exposition TTL à l’aide du capteur RVB 2’016 photosites. Matricielle 3D II, pondérée centrale et spot.
  • Vitesse d’obturation : 1/4000 à 30 secondes synchro-X 1/200s
  • Motorisation : 5 images par seconde
  • Sensibilité ISO : 100 à 12’800 ISO extensible à 50 à 204’800 ISO
  • Mémoire : cartes mémoires SD
  • vidéo : NON
  • Alimentation : Li-ion EN-EL14a
  • Connexion : Connecteur HDMI mini (Type C), USB, télécommande
  • Dimensions : 143,5 x 110 x 66,5 mm
  • Poids : 710 g

Le principe même est vraiment quelque chose de fort pour un passionné de photo qui en plus aime les vieux appareils, et c’est le cas de votre serviteur.

Au-delà de la présentation, de la mise en scène, est-ce que cet appareil est aussi séduisant sur le terrain que sur le papier?

C’est ce que nous allons tout de suite voir ensemble.

Ergonomie:

Le NikonDf est un appareil particulier dans la gamme.

En effet, en reprenant une ergonomie tirée directement d’un vieil appareil, l’approche pour le réglage est différente de ce qu’on trouve habituellement dans la gamme Nikon.

Quand on regarde les photos ci-dessus, on voit que la plupart des réglages se font à l’aide de molette, dans le même esprit que l’antique Nikon F.

Sur la partie gauche de l’appareil, un double barillet, sur la partie inférieure on règle les valeurs ISO, et sur la partie supérieure la correction d’exposition.

Du côté droit, on retrouve tout d’abord un double barillet, avec sur le dessus le réglage de la vitesse en valeur pleine, puis un cran 1/3, dont je reparlerai un peu plus loin.

La partie inférieure du barillet permet de régler l’entrainement, rafale, rafale lente, retardateur…etc.

À côté, on trouve le déclencheur avec la couronne qui permet d’allumer et d’éteindre l’appareil, puis tout à droite se trouve le barillet qui contrôle le mode de prise de vu, P, S, A, M.

Si de devant et sur le dessus, l’illusion fonctionne, le dos de l’appareil ne laisse plus aucun doute sur sa modernité, on y retrouve tous les boutons habituels et le grand écran couleur très agréable et bien défini.

L’ergonomie à première vue semble très bien, et j’avoue que sur le moment c’est réellement le ressenti que j’ai eu, c’est à l’usage que ça s’est un peu gâté …

Mais nous verrons ça plus loin.

Le viseur:

Comme vous le savez, j’attache une importance toute particulière au viseur qui pour moi est l’un des instruments les plus indispensables d’un bon appareil.

Ici le viseur 100% est clair, très précis et agréable à l’œil.

Toutes les infos nécessaires à la prise de vues sont là, tout ce qu’il faut sans fioriture, on ne demandait pas plus.

Un viseur clair et agréable, un vrai savoir-faire de Nikon qui m’a toujours surpris en bien pour la qualité de leur visée.

Par contre, un regret, le dégagement oculaire un peu court pour les porteurs de lunettes.

Prise en main:

La partie prise en main ici va être un peu particulière. En effet, il faut garder à l’esprit que c’est un appareil qui se veut rétro et qui selon Nikon nous fait retrouver les valeurs et la simplicité des appareils d’antan.

C’est surtout sur ce point que j’ai les plus grandes doléances, en effet, peut-être qu’à force de me faire des idées, de m’imaginer l’appareil, je me suis construit le reflex que j’aurais aimé avoir, mon jugement est peut-être un peu biaisé par une certaine déception !?

Mais il y a plusieurs choses qui m’ont perturbé sur le terrain et dans l’aspect en général. La première chose, bien que le Df soit en métal, son revêtement plastique lui donne une allure terriblement cheap, c’est encore plus flagrant avec la finition silver, ce qui est dommage, surtout quand on le compare à son vénérable ancêtre le NikonF.

C’est un point encore passable, bien que dommage, mais il y a d’autres petits détails comme le barillet qui contrôle la vitesse. Vous êtes en priorité vitesse, et vous faites donc varier la fameuse vitesse sur le barillet, logique. Mais si vous voulez les tiers de valeurs, il va falloir placer le barillet sur le sigle 1/3 et contrôler la vitesse depuis la molette avant. Quel dommage, on perd tout l’intérêt du contrôle depuis le barillet. Pourquoi ne pas avoir donné la gestion des 1/3 depuis la molette arrière?

Autre point étonnant, le fait de devoir soulever le barillet de mode pour en changer le réglage, ce qui n’est pas super pratique. De même, pourquoi avoir placé la carte SD dans le logement batterie sous l’appareil? Et pourquoi une molette avant aussi fine sur laquelle on glisse facilement et qui nous oblige à passer devant la boucle de la courroie, ce qui a tendance à scier un peu le doigt.

Dernier point noir, promis, après c’est bien plus positif, pourquoi faire un objectif rétro uniquement dans le style, et ne pas avoir profité du fait pour offrir le contrôle de l’ouverture depuis l’objectif ? En mode M ou priorité ouverture on contrôle depuis la bague, en mode priorité vitesse, l’appareil reprend le contrôle. Je sais que c’est possible, les objectifs Cinéma du concurrent direct fonctionnent ainsi.

Pour le reste, et mis à part ces quelques points de frustrations, qui n’en seront peut-être pas pour d’autres que moi, l’appareil est très agréable à utiliser, on a un très bel engin entre les mains qu’on a beaucoup de plaisir à utiliser.

Je me suis bien amusé avec, et son ergonomie générale est très bien pensée, facile d’utilisation, et très agréable. Du très bon travail dans l’ensemble.

Point fort, avoir pensé à l’adaptateur pour le déclencheur souple, superbe idée !

Bon point aussi pour les boutons de sécurité qui empêchent les barillets de tourner par accident.

Sur le terrain, c’est un plaisir, et avouons que le regard étonné des passants fait également plaisir à l’ego.

Côté technique:

Pour revenir aux choses positives, malgré son poids “plume” et sa compacité (qui reste supérieur à son ancêtre), le NikonDf est très bien construit et affiche fièrement une “construction tout-temps”. S’il n’encaisse pas aussi bien une intempérie que son grand frère le D4, de qui il a hérité son capteur, il sera capable de supporter une petite pluie sans problème.

Question obturateur, le NikonDf reprend celui du D600 et affiche une longévité estimée à 150’000 déclenchements, ce qui est pas mal du tout.

Pour les performances, c’est 1/4000 s qui sera la vitesse d’obturation la plus rapide et une synchro-X à 1/200.

Cela peut sembler léger comparé au 1/8000 s de ses grands frères D800 et D4, mais en réalité, sauf cas particulier, il reste assez rare que l’on ait besoin de vitesse supérieure à 1/4000 s, puis rien de choquant sachant qu’on parle d’un boîtier qui se veut rétro

Les fans de photos à pleine ouverture en plein soleil vous diront le contraire, mais ils restent des exceptions.

Question motorisation, le Df n’est pas ridicule avec ses 5 images par seconde, ce qui est très bien surtout qu’il tient la cadence. Très bon point.

Il faut dire que le capteur du D4 aide de ce côté, ses très très bons pixels sont en quantité modérée.

La qualité d’image:

Nikon Df | Nikkor 85mm f/1,4 | f/1,4 | 1/500s | 4’000 ISO

Ici, on ne peut s’attendre qu’à du très haut vol, car le Df embarque l’exceptionnel capteur du NikonD4 dont la qualité n’est plus à démontrer!

Plusieurs choses rentrent en ligne de compte pour offrir la meilleure qualité d’image qui soit dans toutes les situations possibles.

  • La qualité de l’exposition.
  • La qualité de l’AF et son suivi.
  • La qualité des images fournies et la gestion de la montée en ISO.

Nous allons donc détailler ces trois points en regardant les réactions du NikonDf loin des labos de test, mais bien sûr le terrain. Commençons par…

La qualité d’exposition:

Nikon Df | Nikkor 85/1,4 | Pano 5 photos | f/6.3 | 1/640s | 320 ISO

Que dire sur l’expo ?

Pas grand-chose, sinon qu’elle est toujours juste. Ici le travail de Nikon a été exceptionnel !

Le Df expose juste et profite de toutes les qualités du CMOS du D4 et sa capacité dynamique pour nous sortir de toutes les situations, même les plus difficiles.

On peut se reposer sur cet appareil qui saura exposer juste quelle que soit la luminosité et à l’instar de son grand-frère le D4, la seule limite qu’il aura sera celle de la “physique” autrement dit, la capacité du capteur à encaisser une grande différence de luminosité.

Mais sauf cas extrême comme de forts contre-jours ou autres amusements du genre, le Df vous délivrera des images impeccables.

Si vous décidez de prendre vos photos en RAW (ce que je vous conseille) l’encodage sur 16 bits vous donnera la possibilité d’aller encore chercher des informations dans les ombres et les hautes lumières.

Le NikonDf n’a rien à envier à ses cousins et autres grands frères du côté de l’expo, il est tout simplement impeccable !

L’autofocus et piqué :

Nikon Df | Nikkor 85mm f/1.4 | f/1.4 | 1/200s | 1’600 ISO

L’autofocus et le piqué sont des points clefs de la photo. Il faut dire que l’un va rarement sans l’autre.

Avoir un piqué extraordinaire, mais un AF qui ne suit pas, va donner des images de mauvaises qualités. Cette affirmation fonctionnant dans les deux sens.

LeNikonDf a un AF performant et de bonne qualité. Ce ne sont pas non plus les foudres de guerre qu’on trouve avec les D4 ou autre D800, puisqu’il partage ce module avec celui du D600 qui reste bien plus limité, mais la philosophie de ce boîtier n’est pas la photo d’action.

Sur le papier c’est 39 collimateurs qui seront là pour vous épauler. Configurable en 9, 21 ou 39 points actifs, vous pourrez choisir les réglages bien connus des Nikonistes, soit: AF-A, AF-S et AF-C, puis choisir la qualité du suivi, du simple capteur au suivi 3D.

Nikon n’a plus à faire ses preuves quant à la qualité de leur AF, et ici le Df ne déçoit pas. Très bon, réactif, il saura faire le point dans la plupart des situations.

Quand il commence à faire sombre, l’AF ressent quelques difficultés et parfois met un peu de temps. Mais rien d’anormal ici.

Ce qui est plus décevant, le NikonDf à l’instar du NikonD600, souffre d’une répartition des collimateurs trop étroite pour un format 24*36mm.

Ici, pas moyen d’aller faire le point sur un sujet excentré sans décadrer, la répartition des collimateurs étant vraiment trop au centre.

Passons au piqué des images, car c’est ici la vraie bonne nouvelle.

Profitant des capacités du superbe capteur du NikonD4, le Df offre un piqué hors pair qui saura satisfaire les plus difficiles d’entre nous, une qualité exceptionnelle pour un capteur d’exception.

Que dire de plus si ce n’est: bravo Nikon pour ce superbe boulot !

C’est d’autant plus à souligner que ce reflex est aussi très à son aise sur…

La gestion de la montée en ISO:

Nikon Df | Nikkor 85mm f/1.4 | f/16 | 3s | 12’800 ISO

Si vous êtes l’un de mes fidèles lecteurs, vous savez très bien que cela fait un moment que j’ai pris parti de ne plus faire une série de photo à chaque valeur ISO pour vous les présenter.

Je pense simplement que prendre un objet en augmentant la valeur ISO n’est pas un compte rendu juste de la réalité du terrain!

En effet, un éclairage qui donne un 1/20 de seconde à f/5,6 pour 100 ISO, donnera 1/5’000 de seconde à la même ouverture pour 25’600 ISO, ce qui est loin d’être la situation lumineuse la plus catastrophique. De fait, le fichier présenté ne souffrira que très peu du manque de lumière, ce qui sur le terrain est bien différent. En règle générale, on utilise de telles valeurs pour pallier un manque de luminosité.

Quand on regarde la photo d’illustration de ce sous-chapitre, la fameuse maison blanche en Lego que vous allez croiser très souvent dans mes tests, on voit qu’elle a été prise à 3 secondes, à une ouverture de f/16 pour 12’800 ISO, ce qui pour une ouverture de f/2,8 correspond à un temps d’expo de 1/5 de seconde ! Autant dire qu’ici la valeur ISO élevée était un vrai besoin.

Si vous Cliquez ICI pour voir le crop 100%, vous vous rendrez compte du superbe travail de Nikon qui délivre un fichier vraiment très propre, le capteur du D4 est vraiment exceptionnel de ce côté-là, rien à dire !

De base le NikonDf à une échelle ISO comprise entre 100 et 6’400 ISO, que l’on peut pousser de 50 à 204’800 ISO.

Dans la pratique je conseille toujours de rester dans les valeurs de base d’un appareil, gardant le “supplément” pour dépannage seulement.

En bref, Nikon a fait un très beau travail et on pourra utiliser sans remords ses fichiers jusqu’à 6’400 ISO, avec un peu de travail en post-traitement à 12’800 ISO et 25’600 ISO. Comme expliqué plus haut, je garderais par contre pour des cas exceptionnels les valeurs supplémentaires.

Conclusion:

Nikon Df | Nikkor 14-24/2,8 | 24mm | f/2,8 | 1/4’000s | 640 ISO

 Ma conclusion ne sera pas très longue, et va aller à l’essentiel.

Nikon a eu une superbe idée, et croyez-le ou non, mais je me voyais déjà acheter cet appareil pour faire revivre les vieilles optiques de la marque jaune.

Un boîtier rétro, un boitier qui va à l’essentiel, je ne suis pas le seul que ça fait rêver.

Sur le papier, le NikonDf c’est un rêve, un superbe châssis qui a en son cœur le meilleur de la technologie Nikon.

C’était un peu la promesse, c’était un peu mon désir…

Dans l’ensemble, il tient ses promesses, le look est définitivement rétro, la qualité de l’image est exceptionnelle, l’appareil en lui même est très bon, un superbe reflex. Si on oublie la promesse d’un retour aux vraies valeurs de la photo, on peut même dire que c’est une belle réussite.

Pourtant, Nikon a bien mis en avant le côté rétro :

Les puristes et les amateurs de design vont adorer le Nikon Df avec son design vintage inspiré des appareils photo
argentiques 24×36 mm emblématiques de Nikon. Véritable exception, cet appareil photo au style rétro contraste
vivement avec l’uniformité des reflex numériques modernes

Nikon DfCommuniqué de presse Nikon

C’est pourtant là où je vois le plus gros problème, l’idée était là, la volonté était là, mais le produit final avec les petits points noirs que j’ai relevés plus haut offre bien un look rétro, mais la comparaison s’arrête là, on ne retrouve pas la magie d’un vieux boîtier qui aurait comme surface sensible un capteur moderne.

On peut comprendre que Nikon ait voulu mettre toutes les modernités dans son appareil à l’apparence rétro, et si c’est cette idée-là qui avait été mise en avant, je pense que mon discours serait différent.

Pourtant, ils n’ont pas mis la vidéo, le WiFi, pour le respect de l’idée “pure photographie”.

Alors?

L’appareil est très bien, avec une qualité d’image exceptionnelle même aux plus hautes valeurs ISO, il a un look terrible, et dans l’ensemble il se comporte très bien. Un très bon appareil.

Je ne suis pas déçu des performances de l’engin, mais de son ergonomie qui n’est pas en rapport avec son look, et pour la promesse d’un retour aux sources de la photo qui n’est pas réellement là à mon sens.

Faut-il vous l’offrir? Si vous êtes moins attaché au côté “pure photographie” que moi, si son look vous plait vraiment, et si vous cherchez la qualité d’image d’un D4 sans en payer le prix fort, alors, c’est l’appareil idéal !

Si vous êtes comme moi, vous allez espérer qu’un jour une marque nous offre un numérique qui soit 100% pure photographie, qui à la limite demande un réarmement pour déclencher, le concept et l’idée du Df mais jusqu’au bout !