Voilà un article, qui risque de vous faire plaisir, car pas mal de mes lecteurs l’attendaient.
En effet, depuis que Sony est sortie son capteur CMOS moyen format que l’on retrouve sur trois appareils de trois marques différentes:
- Phase One IQ250
- Hasselblad 50C
- Pentax 645Z
La question se posait de savoir comment les trois marques allaient tirer le meilleur de ce capteur spécial, car le premier moyen format CMOS du marché.
Nous avons déjà vu ce que donnait la version Hasseblad avec le test terrain du H5D-50c, nous allons donc voir, maintenant, ce qu’en a fait PhaseOne.
Pré-test :
L’idée de tester le Phase One me faisait plus que plaisir, j’ai organisé les choses avec soin pour le pousser dans ses derniers retranchements.
L’avantage, pas besoin de vraiment me pencher sur le boîtier, le 645Df+ est un boîtier avec lequel je suis familier, que je connais très bien, je connais ses capacités, ses qualités comme ses défauts.
Du coup, j’ai pu me concentrer uniquement sur la qualité du capteur, pour voir comment Phase One en a tiré le meilleur.
C’est donc avec des idées bien précises que je me suis lancé dans ce test.
Si vous voulez un avis sur le boitier 645Df+ je vous invite à lire mon article sur le IQ260.
Dos numérique IQ250 :
Quand on regarde le IQ250, il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de le différencier des autres dos de la gamme IQ2, pourtant, dans l’antre de la bête, quelques petites choses changent.
Dans les points inchangés, on trouve bien sûr l’excellent système de navigation dans les menus grâce à l’écran tactile.
C’est un confort indéniable, qui offre une belle ergonomie une astuce parfaite pour se faciliter la vie et faire nos réglages rapidement.
C’est d’autant plus vrai, que des options de prises de vue se règlent directement depuis le dos, par exemple la valeur ISO.
C’est d’ailleurs dans le réglage de la valeur ISO que l’on notera le premier changement, en effet, fini l’option qui divise la taille du capteur par 4 pour offrir une meilleure montée en ISO.
Maintenant, toutes les valeurs sont valables avec la totalité des pixels, on peut sans autre régler son appareil sur 6’400 ISO et profiter de la pleine résolution du capteur.
Il faut dire que l’idée de joindre les pixels par quatre sur le CCD des IQ280 et 260, était plutôt bien pensée pour limiter la montée du bruit sur ce type de capteur, qui n’aime pas trop être poussé.
Avec le CMOS, plus besoin de ça, car il accepte bien mieux la montée en ISO, comme on le verra dans le chapitre sur la qualité d’image.
Premièrement, du fait que nous avons affaire à un CMOS, on peut maintenant avoir le LiveView, il suffit de sélectionner l’icône en forme de caméra dans le menu, et voilà que l’on a accès à la visée directe que bon nombre de photographes vont grandement apprécier.
Petit plus que nous étions beaucoup à attendre.
Qualité d’image :
La grande question pour moi était de savoir si Phase One arriverait à tirer une meilleure image de ce CMOS que ce que pouvaient nous présenter nos amis de Hasselblad.
Pour imager un peu la chose – les puristes me pardonneront -, je vais faire l’analogie suivante:
Un CMOS est comme une voiture, elle peut avoir toutes les qualités voulues, si le pilote n’est pas bon, il n’en tirera rien. De même, si l’électronique et le soutien informatique, qui doivent tirer le meilleur du capteur, ne sont pas à la hauteur, on n’obtiendra pas le meilleur de l’image.
Je voulais donc savoir comment PhaseOne allait s’en sortir avec ce capteur CMOS commun à trois marques et j’avoue qu’au fond de moi j’espérais déceler une nette différence, histoire de pouvoir dire que l’un des deux était plus doué.
Cette introduction démontre que ce ne fut pas le cas, il est clair que les deux marques n’ont pas pris le même chemin, on sent de légères différences, mais pas qualitatives, les fichiers délivrés par l’un et l’autre restent du même niveau.
J’ai toujours un peu de peine avec le rendu CMOS, comme expliqué dans le test du Hasseblad, ce n’est pas un problème de qualité d’image, qui est elle au rendez-vous, mais bien un rendu typé CMOS.
L’effet m’a semblé moins fort sur le IQ250, en fait il reste bien ce rendu CMOS, mais l’effet me semble un peu plus atténué, on retrouve plus les sensations offertes par le CCD, mais la nuance est minime.
Ensuite, comme dit plus haut, cela n’influe pas sur la qualité générale de l’image, qui elle reste exceptionnelle à tous points de vue, avec le vrai avantage de la souplesse qu’offre le CMOS et sa très belle …
Montée en ISO
PhaseOne IQ250 | 80mm | f/8| 1/800s | 1’600 ISO
Je pourrais presque faire un copier-coller du même chapitre écrit pour le 50C de Hasselblad, même capteur et même capacité à monter en ISO de très belle façon pour un moyen format.
Un peu comme pour la qualité d’image, la gestion de la montée en ISO par la marque peut donner une vraie différence qualitative, la qualité du matériel utilisé pour la fabrication du dos, la gestion de l’électronique, le soin apporté aux répartitions de chaleur …etc, sont autant d’éléments qui vont influencer le résultat final.
Ici, on est dans le très haut du panier, PhaseOne rend une copie impeccable et si on couple nos fichiers à Capture One, on obtient des photos encore exploitables à 3’200 ISO, je réserverais les 6’400 ISO pour de “l’urgence”.
Dynamique d’image :
Il faut savoir que le fournisseur de ce capteur est Sony, et qu’ils ont une très bonne réputation quant à la dynamique de leurs CMOS, et ceci, quel que soit le format.
Sur le terrain, cette très bonne capacité à encaisser les grandes différences de luminosité s’est avérée réelle et, bien entendu, particulièrement utile.
La photo d’illustration de ce sous-chapitre aurait été clairement difficile à obtenir avec un appareil plus standard, ici, j’ai volontairement poussé le IQ250 sur un sujet loin d’être simple.
Un contre-jour avec une grande différence de luminosité entre la zone la plus claire et la plus foncée, un paysage légèrement brumeux où l’appareil devait restituer un maximum d’informations.
Quand on voit le résultat, on ne peut être que séduit.
Ergonomie :
Dans l’ensemble, l’ergonomie reste la même que sur la série de dos IQ2, la nuance vient du fait qu’ici, on a affaire à un CMOS, ce qui va nous autoriser à faire du liveview, et là, c’est un vrai liveview pas simplement 10 images par seconde, ce qui permet de peaufiner tous ces réglages et son cadrage de façon très simple.
Pour le reste, on est exactement dans la même philosophie que les autres dos IQ, écran tactile qui permet de contrôler tous les paramètres du bout des doigts et de façon aisée.
C’est de plus un tactile multitouche, ce qui offre plusieurs possibilités, comme de zoomer dans l’image avec deux doigts.
Pour les sorties en hiver avec gants, on peut bien sûr piloter l’engin à l’aide des 4 gros boutons que l’on trouve sur le côté de l’écran.
Conclusion :
Difficile de tester le IQ250 sans avoir une pensée pour son concurrent direct avec lequel il partage le même capteur CMOS.
L’envie de comparer est là, mais il faut raison garder, les deux systèmes partagent un même capteur, la façon de l’exploiter est un peu différente, ce qui donne des fichiers qui ne sont pas exactement les mêmes, mais qui sont d’une qualité extra.
Ici, Phase One a su tirer le meilleur de ce capteur, l’électronique du dos est clairement au service du CMOS pour nous offrir des images de haut vol.
Reste, que je suis toujours un peu étonné, chamboulé par le rendu du CMOS, qui est particulier.
L’avenir du moyen format va passer par cette technologie, Phase One, Hasselblad et même Leica se sont lancés dans la course.
Mon souhait est de retrouver cette sensation particulière que j’avais avec le CCD sur le CMOS, bien plus polyvalent, mais avec un rendu que j’apprécie un peu moins.
L’avenir nous le dira …
Bon courage et bonnes photos !