Test terrain: Sigma 120-300mm f/2.8 DG EX OS HSM

Quand on fait de la photo, quand on se passionne pour cette pratique, il y a un objectif mythique, celui qui fait rêver tous ceux qui se sont un jour intéressés aux longues focales ultra-lumineuses, le fameux 300mm f/2,8 et ceci toutes marques confondues.

Alors quand Sigma nous propose un zoom 120-300mm f/2,8 avec stabilisation et en prime une protection tout temps (fortement améliorée sur la prochaine version) on ne peut qu’applaudir des deux mains.

Pourtant, dans la pensée collective des photographes, qui dit zoom dit manque de qualité, une fausse vérité, mais qui à la vie dure (voir ICI) et que ce Sigma pourrait encore une fois mettre à mal…

On peut malgré tout se demander si ce fameux Sigma est à la hauteur?

Mais quand on sait Monsieur Michel Denis Huot en personne en a deux et qu’il en dit ça:

Cette optique est vraiment excellente et par son “rang” présente un grand intérêt pour les photographes de bestioles

On peut affirmer que ce test terrain commence sous les meilleurs hospices pour cet objectif.

Maintenant, vous me connaissez bien et vous savez que mes tests se font loin des mires et autres courbes FTM, qui ont toutes leurs importances, mais qui ne donnent pas ce qui intéresse le plus le photographe, le comportement de l’objectif sur le terrain, face à de vrais sujets.

Je vous invite donc à prendre place, nous allons ensemble regarder ce que la bête donne sur le terrain!

Aspect et Ergonomie:

Le Sigma 120-300mm f/2,8 DG EX OS HSM est livré dans une housse de protection bien rembourrée qui protège parfaitement cette belle optique.

Quand on le sort de là, on se rend vite compte que la bête est impressionnante. C’est un bon gros objectif!

Sa construction est de très bonne qualité, très soignée, elle n’usurpe pas son titre: tout temps. Pour l’avoir utilisé sous une belle pluie de fin d’été je confirme qu’il n’a pas bronché.

Tou­te­fois, protégé ou non, il y a cer­taines pré­cau­tions d’usage à res­pec­ter, je vous invite à lire les quelques conseils que j’avais don­nés dans cet article: Un peu de neige…

Les finitions sont très bonnes et le tout semble plutôt robuste, ce qui se confirme sur le terrain.

L’impressionnant collier de pied très ergonomique est parfaitement placé et offre un très bon équilibre à l’ensemble. Un collier de pied bien solide pour supporter un poids plutôt imposant. Mais je vais reparler du poids juste un peu plus bas.

J’aurais pourtant bien aimé deux pas de vis, dont un grand pas, ce qui aurait été un vrai plus!

Je n’ai que deux regrets, mais qui seront corrigés sur la prochaine version.

1. Le par-soleil un poil trop court (2cm à mon sens).
2. Le fait qu’il n’y a pas de sélecteur de distance pour la mise au point.

Ceci étant dit, comme ces deux reproches seront corrigés sur la nouvelle version, ne nous attardons pas sur le sujet.

Sur le fut on trouve côte à côte une très large bague pour régler la focale, juste assez ferme pour un contrôle précis, elle permet une variation bien contrôlée, et une bague de mise au point un poil trop ferme à mon gout, mais qui va permettre un contrôle du point tout en douceur, surtout pour un followfocus quand on film. Je l’aurais tout de même vu un rien plus souple.

Le poids:

Si je fais une sous-rubrique uniquement pour le poids, c’est que sur cet objectif il a toute son importance.

Le Sigma 120-300mm f/2,8 DG EX OS HSM est un zoom comme l’indique clairement son nom. L’avantage indéniable c’est justement que l’on peut faire varier la focale de 120 à 300mm, comme on le verra plus en détail sur la partie consacrée au terrain.

Le revers de la médaille, c’est que pour faire un zoom, il faut agencer beaucoup de lentilles, et de fait, le poids augmente considérablement.

Le 120-300/2,8 s’utilise sans autre à main levée, mais ses 2,950 kg finissent part se faire sentir sur les bras au bout d’un moment. Selon l’habitude vous tiendrez entre une et deux heures avant que les faiblesses musculaires prennent le dessus. De fait, je vous conseille d’utiliser un trépied ou un monopode où l’engin se sentira bien plus à son aise.

Il reste malgré tout très maniable à main levée, très bien dessiné avec un bon équilibre, on pourra l’utiliser sans remords, surtout que son OS est très efficace, comme je vous en parlerais un peu plus tard.

Sur le terrain:

Canon EOS 1Dx | Sigma 120-300/2,8 OS | 235mm | f/3,5 | 1/200s | 320 ISO

Si habituellement un 300/2,8 est typé sport, nature, photo d’action en général, le Sigma 120-300/2,8 se trouve être très polyvalent, bien plus qu’on ne pourrait le penser, et on se surprend à l’utiliser dans des situations où on ne l’aurait pas imaginé à son aise.

J’ai par exemple beaucoup apprécié son rendu pour de la photo… portrait!

Il faut reconnaitre qu’on est loin de son utilisation de base, et pourtant, il est très à son aise.

On peut donc envisager d’utiliser cet objectif dans les situations les plus variées. D’autant plus que son rendu est exceptionnel avec un bokeh magnifique tout en douceur comme vous pouvez le constater sur les photos qui illustrent l’article.

Pour ce qui est de ses performances optiques, nous allons voir le sujet plus en détail avec sa…

Qualité d’image:

Le rendu du 120-300 est pour le moins exceptionnel, on à peine à croire qu’il s’agit d’un zoom tant les images fournient sont de bonnes qualités.

Parfois on finit même par oublier qu’il ne s’agit pas d’un fixe, et ceci quelle que soit la focale utilisée.

De plus, avec une mise au point minimum qui varie de 1,5m à 2,5m on peut même envisager de faire une sorte d’introduction à la proxi, surtout si on monte un converter sur l’engin.

Et le Sigma supporte plus que très bien les converter et offre des résultats ‘impressionnants avec un doubleur!

Pour vous faire une idée, voici une photo réalisée avec doubleur. Je vous laisse cliquer sur l’image ainsi vous pourrez voir un crop 100%

Canon EOS 1DMKIII | Sigma 120-300/2,8 OS + x2 | 600mm | f/5,6 | 1/800s | 250 ISO

Impressionnant n’est-ce pas! Et ceci à plein ouverture comme vous pouvez le voir sur les exif.

Le bestiau n’a vraiment pas à rougir de ces performances optiques, bien au contraire. Il va même jusqu’à chatouiller les moustaches de certains objectifs propriétaires de la même gamme.

Mais nous reparlerons de ça beaucoup plus en détail dans un article à paraitre très bientôt où seront confrontées de belles pièces. Pour vous faire envie:

Mais il vous faudra encore un peu de patience avant de voir cet article, pour le moment, revenons à notre test en cours.

Le Sigma 120-300 f/2,8 DG EX OS HSM est optiquement très performants, et on ne peut pas lui reprocher grand-chose.

Peut-être une petite tendance à vigneter à pleine ouverture, mais cela ne se voit que sur des fonds clairs et uniforme. Rien de très grave, mais surtout rien qui ne saurait être corrigé en post-production.

Pour le reste, presque aucune distorsion visible et il doit pousser l’engin très loin pour qu’il nous sorte des aberrations chromatiques qui se corrigent très facilement avec un programme comme LightRoom.

En jouant vraiment avec les difficultés, on a réussi, avec l’aide de mon ami David Zappala qui a pris la photo ci-dessous, à en faire ressortir quelques-unes que vous pourrez voir en cliquant sur l’image pour avoir le crop 100%:

Canon EOS 1Dx | Sigma 120-300/2,8 OS | 120mm | f/2,8 | 1/4000s | 100 ISO

On constatera qu’il faut des situations extrêmes et qu’elles restent très bien gérées.

Comme on a pu le constater, la qualité d’image est exceptionnelle, mais pour qu’un objectif soit vraiment au top, il faut que la mécanique suive.

Nous allons donc nous pencher sur…

La qualité de l’AF et du stabilisateur:

L’auto-focus HSM du 120-300/2,8 OS de Sigma est silencieux et surtout très rapide.

Pour ne rien gâcher à la fête; en plus d’être véloce, il est d’une précision chirurgicale; avec un appareil comme le 1Dx difficile d’avoir des déchets tant l’efficacité de l’ensemble donne des résultats aussi précis qu’une horloge Suisse.

Que ce soit des oiseaux en vol, un sportif qui fait du Wakboard, ou un bambin qui court, le 120-300 accroche la cible sans nous faire attendre.

Pour les besoins du test, j’ai voulu pousser l’objectif et le boitier qui l’accompagne pour les mettre en difficulté.

Pour ce faire, j’ai photographié une voiture roulant sur une route de campagne passant sous un très sympathique tunnel d’arbre.

La voiture roulait en sortie de virage, prise à 300mm et à 2’000 ISO pour une ouverture f/2,8 la vitesse affichée était de 1/80 de seconde et le tout… à main levée!

Si vous cliquez sur l’image vous pourrez admirer le crop 100%:

Je précise que l’image est brute de capteur, pas d’accentuation, et comme le démontre la photo, autant la qualité de l’AF dans des conditions difficiles est optimale, autant le stabilisateur d’image fonctionne de façon incroyablement efficace.

1/80s à main levée pour une focale de 300mm, autant dire que l’OS de Sigma est d’une efficacité troublante.

Quand on sait que la mécanique du nouveau joujou de Sigma a été entièrement revue, on peut s’attendre à avoir du lourd! J’ai hâte de tester la nouvelle mouture, Sigma Suisse, le message est passé !?

De façon plus sérieuse, que l’on soit dans sa configuration simple, ou avec le doubleur, autant l’AF que l’OS sont d’une efficacité redoutable et nous aident clairement pour la prise de vue.

Ceci est vrai même avec un capteur APS-C qui conjugué au Sigma 120-300/2,8 OS et un doubleur donne une focale résultante qui frôle les 1’000mm!

De l’excellent travail de la part de Sigma qui offre ici une qualité mécanique de très haut vol!

En parlant de mécanique, je suis obligé de parler d’un…

Sujet qui fâche:

Le Sigma 120-300mm f/2,8 DG EX OS HSM a été salué par tous les professionnels, c’est un objectif de très haut vol.

Sigma Suisse qui m’a prêté pour test cet objectif m’a fourni un exemplaire de série.

Il est important de le souligner, car on trouve sur les forums des retours d’utilisateurs mécontents qui ont dû retourner leur zoom au SAV pour certains problèmes mécanique.

De mon côté, mon exemplaire ne souffrait d’aucun souci de ce genre et était en parfaite condition de fonctionnement.

Après avoir parlé avec des responsables de Sigma Suisse, il semblerait que l’effet amplificateur des forums ait fonctionné de façon assez importante. Ils ont bien eu quelques retours en 2011 (moins de 4) et aucun en 2012.

Dans tous les cas, il est à noter que la nouvelle version arrive avec une mécanique revue en profondeur et une meilleure protection aux intempéries, tout ceci ne devrait plus qu’être un mauvais spectre du passé, mais je me devais tout de même de souligner l’info.

Conclusion:

Partager du temps avec un tel objectif vous rend vite accro à l’engin. Ce fut très difficile pour moi de le remettre dans son carton pour le retourner à Sigma Suisse.

Cet objectif au rapport qualité-prix juste incroyable est un outil à avoir dans son fourre-tout si on veut une très belle pièce d’optique construite avec rigueur et qualité.

Sigma a fait beaucoup de chemin entre le début des années 2’000 et maintenant, et le 120-300/2,8 OS est là pour témoigner de cette évolution.

Difficile de finir mieux cet article que de dire qu’il est certain que ce zoom va rejoindre mon matériel dès que la nouvelle version sera disponible.

En résumé, comme l’avait dit mon ami Cédric Girard dans son excellent test du même objectif (voir ICI) ce 120-300/2,8 OS est un “must have”.

Ce serait presque criminel de vous en priver!

Bon courage et très bonnes photos!

PS: Petit article en rapport avec ce billet à ne surtout pas rater: Découverte de la photo nature avec le Sigma 120-300mm f/2,8 DG EX OS HSM