Il y a quelque temps de cela, je me baladais sur la toile quand ma route a croisé celle de Michael à travers son blog spécialisé dans le flash.
Le flash, ce petit objet si pratique et qui souvent fait peur, le flash qui à tant de secrets, le flash que l’on aimerait tous maitriser, mais qui nous torture parfois.
En arrivant sur le blog de Michael, j’ai découvert le Graal, LE site qu’il faut connaitre si l’on veut comprendre les tenants et les aboutissants de la photo au flash.
J’ai découvert le Maître ES flash, qui en plus d’avoir une connaissance impressionnante sur le sujet, c’est nous expliquer tout ça avec beaucoup de simplicité et de façon limpide, on comprend tout ce qu’il nous explique !
Je me suis donc dit que ce serait une très bonne idée de vous faire découvrir Michael à travers une petite interview:
Darth: En premiers lieux merci d’avoir accepté cette interview.
Michael: Merci à toi de m’offrir cette belle occasion de parler de la passion qui m’anime !
Darth: Avant tout, pour les lecteurs qui ne te connaitraient pas, pourrais-tu nous faire une petite présentation ?
Michael: Et bien je me prénomme Michael, ou Mycael pour la signature photo (un pseudo qui vient tout simplement de mon pseudo flickr, « Michael » étant forcément déjà pris !). Je suis de Nancy dans le nord-est de la France. J’ai 25 ans et je termine des études dans l’électronique et la compression vidéo.
Darth: La question classique, comment es-tu venu à la photo?
Michael: La photo, ou plutôt l’image en général me passionne depuis mes 10 ans. J’ai d’ailleurs commencé la photo à cette époque et en argentique. Je m’intéressais à l’astronomie et j’avais un petit télescope jusqu’au jour où m’est venue l’idée de partager avec d’autres ce que je voyais. Étant donné que peu de gens aiment rester des heures dehors par de froides nuits d’hiver, j’ai décidé de passer à la photo pour montrer ce que je voyais. C’est seulement après avoir couru des mois après une bague adaptatrice (une bague T, si mes souvenirs sont bons …) que j’ai pu commencer à tirer quelques clichés. À ce propos, j’ai fait je ne sais plus combien de boutiques photo (aujourd’hui, avec internet, j’aurais nettement moi de mal à mettre la main sur ce genre de chose !) … jusqu’à ce que je rentre dans une boutique miteuse tenue par ce qui ressemblait plus à une sorcière qu’à un être humain et sans trop y croire, elle m’a dégoté cette fameuse bague T de derrière les fagots ! Vu l’ambiance de la boutique photo, je me demande si la bague n’est pas enchantée … je devrais peut-être l’essayer pour voir si je deviens invisible … Hum, désolé, je m’égare !!
Ensuite, avec les études, j’ai plus ou moins abandonné le domaine tout en restant attiré par la photo. Je n’en prenais plus, mais je me suis mis à acheter de temps en temps les Chasseurs d’images et autres Réponses photo. Et puis en 2007, premier compact numérique qui disposait des mêmes modes qu’on trouve sur un reflex (j’avais même droit aux images en RAW grâce à une extension du firmware, le CHDK pour les Canon …). Je me suis amusé un temps et je suis passé au reflex en décembre 2008. Début 2009, un club photo ouvre sur Nancy et je décide de le rejoindre. La suite est dans la question suivante ! ;-)
Darth: Qu’est-ce qui t’a poussé à te spécialiser dans la photo au flash?
Michael: C’est donc en février 2009 que je me suis inscrit dans le club photo de Nancy [Collimateurs] (www.collimateurs.net). À l’époque, je me cherchais beaucoup photographiquement, je prenais un peu tout et n’importe quoi sans être réellement satisfait de ce que je faisais. C’était sans compter sur une rencontre, un ou deux mois après, avec Andy Parant (andyparant.com), un ami montagnard d’un des fondateurs du club. Quelques-uns de ses clichés ont suffi à me convaincre. Le flash permet d’obtenir des ambiances particulières, impossibles en lumière naturelle … j’aimais ces ambiances, j’allai faire du flash !!
Darth: Est-ce que tu utilises un flash pour 100% de tes photos, ou t’arrive-t-il de faire sans?
Michael: ça m’arrive de faire des photos sans… quand le sujet est hors de portée du flash (en cette période de 14 juillet, je pense naturellement à un feu d’artifice). Sinon, le minimum, c’est en flash on-camera (placé sur la griffe porte-flash de l’appareil) en mode indirect. J’ai été faire quelques images dans une serre tropicale ce dimanche : quand bien même le lieu était très lumineux, j’ai utilisé le flash, en rebond sur de grandes plantes, le sol, les murs … La flash apporte une lumière, une dimension supplémentaire (même si c’est parfois très léger) et offre un rendu différent de la lumière naturelle pure. Même en plein jour, c’est mon précieux allié !
Darth: Tu as un blog internet (voir ICI) et en plus un iBook, est-ce que tu n’envisagerais pas de publier une édition papier? Si oui, où en est ce projet?
Michael: Une édition papier n’est pas prévue pour le moment. L’ebook est fait pour ceux qui prennent le blog en cours. Dans le blog, il n’y a pas une évolution très logique dans les articles, ce qui peut dérouter le débutant et le nouvel arrivant sur le blog. L’ebook permet d’avoir les bonnes bases pour s’y retrouver ensuite sur le blog.
La seule possibilité d’édition que j’envisage pour le moment est d’en faire un livre sous Blurb (ou quelque chose du genre) et de publier le livre électronique gratuitement. Ceux qui voudraient une version papier n’auraient que les frais d’impression. Je suis pour l’échange libre, gratuit, accessible à tous. Beaucoup de ce que je raconte provient à la base de sites internet d’autres amateurs (ou professionnels). J’y ajoute simplement ma petite expérience. C’est au final de cette façon que tout le monde s’enrichit culturellement (enfin, ça frise l’utopie là !)
Darth: D’un point de vue technique, est-ce que tu utilises un matériel spécifique pour la photo au flash?
Michael: J’ai envie de dire oui et non … Oui, parce que, bien sûr, il faut un ou plusieurs flashes pour faire de la photo au flash. Et non, parce que n’importe quel appareil reflex fait l’affaire. Je pourrais même pousser encore en parlant de n’importe quel appareil photo (compact par exemple) si tant est qu’il soit équipé d’un flash interne, car ce flash peut très bien être utilisé pour en déclencher d’autres. J’ai écrit un article à ce sujet d’ailleurs. Il est tout de même évident que ceux qui veulent aller plus loin doivent investir un peu. Mais si on est à l’affut de bon plan, on peut s’en tirer pour pas trop cher. Les équipements de chez gadget infinity par exemple, très bon marché, sont très bien pour s’initier !
Darth: La photo au flash fait toujours peur aux débutants,et même souvent aux amateurs, quelles seraient les conseils que tu pourrais donner pour les “rassurer”?
Michael: Pourquoi la photo au flash fait peur aux débutants ? Parce que le flash intégré, le premier flash qu’on utilise dans sa vie de photographe, n’est absolument pas représentatif de ce qu’on peut obtenir avec un flash externe. Disons-le : le rendu est souvent très moche ! Sujets blafards, arrière-plans très sombres. Même s’il y a quelques méthodes pour améliorer ce rendu, ce n’est jamais la panacée !
Il y a essentiellement 3 raisons qui font que les photos au flash intégré sont mauvaises :
- Le flash est direct : le sujet prend l’éclair en pleine poire.
- Le flash est très petit : la lumière est très directionnelle et donc très dure, provoquant des ombres disgracieuses.
- Le flash est très blanc contrairement aux lumières nocturnes qui sont souvent orangées (on parle de lumière tungstène)
Difficile de donner de bons conseils en quelques lignes ! Mais je vais me risquer à résumer quelques points :
- Pour éviter le flash direct, on peut dévier le faisceau du flash pour le renvoyer sur un mur ou un plafond avec un objet plat et blanc (pour l’anecdote, lors d’un repas entre amis, je n’avais qu’un dessous de plat blanc à disposition et il m’a été bien utile, sinon une simple feuille de papier pliée en 2 ou 4 marche bien aussi). Ainsi, on obtient une lumière indirecte.
- On peut essayer de diffuser la lumière du flash, soit en dirigeant le faisceau ailleurs comme dans le point ci-dessus, soit en utilisant une feuille de calque devant le flash ou en utilisant les bouts de plastiques miracles vendus à prix d’or dans le commerce et qui n’ont pas grand-chose de miraculeux en fin de compte !
- Pour éviter d’avoir un flash trop blanc, on peut utiliser ce qu’on appelle une gélatine, de couleur orange pour réchauffer un peu la lumière et surtout la mettre en accord avec la lumière ambiante. Personnellement, j’ai imprimé ces gels sur une feuille de transparent pour rétroprojecteur … et ça marche très bien en plus d’avoir un rapport qualité/prix imbattable ! ;-)
Mais bien sûr, rien de remplacera l’utilisation d’un flash cobra. Certes un petit investissement, mais dés qu’on sait le maîtriser un peu, les résultats sont au rendez-vous !
Darth: Quels sont les précautions à prendre, les astuces à ne pas oublier, les petits trucs de l’expert?
Michael: Quelques trucs à retenir :
- Jamais de flash direct quand le flash est sur l’appareil (monté sur un pied en mode déporté, on peut se le permettre dans certaines situations).
- Toujours faire rebondir l’éclair sur un mur ou un plafond. Vous êtes en extérieur ? Un bout de tissu, un pull clair …(le flash indirect en extérieur est le sujet d’un de mes prochains articles…)
- Lors de la prise de vue, pour schématiser : Ouverture et sensibilité permettent de modifier l’expo du sujet flashé alors que le temps de pose permet de jouer sur l’exposition de l’arrière-plan. C’est vrai en mode manuel ; en mode TTL, on est un peu plus libre, l’expo du sujet étant faite pour nous par l’appareil et le flash, on se contente de jouer sur le temps de pose (n’hésite pas à renvoyer tes lecteurs sur mon blog pour quelques exemples, car dit comme ça … j’imagine que c’est flou, très flou !)
Darth: Est-ce qu’il y a des sujets qui se prêtent mieux que d’autre à ce type de photo ?
Michael: Personnellement, j’aime le portrait. Et je pense que c’est finalement le domaine par excellence du flash. Sinon, il y a également le packshot ou l’art d’éclairer des objets pour les mettre en valeur et en faire une bonne publicité ! Mais en y réfléchissant, tous les domaines s’y prêtent dès lors qu’on maîtrise un peu le flash : macro, concert, animaux … Il est par contre évident qu’on peut laisser son flash à la maison si on sort en randonnée pour faire des photos de paysage. Quoique le flash déporté offrant une grande souplesse, on peut imaginer éclairer un arbre à quelques dizaines de mètres de l’appareil … Je pense que finalement, tout est possible ! ;-)
Darth: Est-ce qu’il faut des connaissances spécifiques ? (quand on voit les formules de ton site, on se pose la question).
Michael: Je crois qu’il y a deux façons d’aborder le flash. Une façon très expérimentale : on shoote et re-shoote, on rate et re-rate …ça prend du temps, mais on fini par comprendre comment se servir d’un flash et avec l’expérience, on vient à maitriser la bête. La seconde approche est plus théorique, plus abstraite également et nécessite quelques bases mathématiques (sans toutefois aller au-delà des notions de puissance et de racine carrée…) : on cherche déjà à comprendre quelques notions de propagation de la lumière, les bases de l’exposition de l’appareil. Ensuite, on teste : si ça marche, on sait pourquoi, si ça ne marche pas, on peut également savoir pourquoi. De toute façon, il faut privilégier la technique d’apprentissage qui nous convient, j’ai choisi la mienne, mais je suis loin de dire que c’est la meilleure. C’est également celle que je propose, même si je tends de plus en plus vers des choses expérimentales (que j’aime parfois démontrer en m’appuyant sur quelques formules théoriques). Il faut quand même rassurer les allergiques aux maths, on peut tout à fait comprendre le flash en zappant les pompeuses parties calculatoires !
Darth: Est-ce obligatoire selon toi d’avoir plusieurs flashs ?
Michael: Tout dépend de nos ambitions, des images que l’on souhaite réaliser. J’ai quatre flashes à ma disposition, pourtant, majoritairement, je n’en utilise qu’un. En fait, après avoir longuement privilégié le flash déporté en tout manuel avec deux, trois voire quatre flashes, je reviens et redécouvre quelque chose de bien plus simple : du flash on-camera indirecte en TTL.
Darth: As-tu lu des livres sur le sujet, si oui, lesquels nous conseillerais-tu ?
Michael: Internet reste une grande source d’information pour moi. Mais j’ai quand même deux livres sur le sujet : Hot Shoe Diaries de Joe McNally et On-Camera Flash Techniques for Digital Wedding and Portrait Photography de Neil Van Niekerk (mes deux idoles photographiques !! ;-). Ces livres sont malheureusement en anglais, je ne crois pas qu’il en existe une traduction française. A ce jour, je ne connais pas de bons livres en français sur le flash …
Darth: Est-ce que tes images on droit à un post traitement spécifique, ou tout vient vraiment de l’éclairage ?
Michael: Bien sûr, il y a toujours un peu de posttraitement. Plus ou moins selon les cas. Ceci dit, il est vrai que c’est l’éclairage qui constitue l’essentiel de l’image. On ne rattrape jamais la prise de vue avec du posttraitement. Il faut également bien imaginer le final de la photo. Ne pas se lancer dans quelque chose sans trop savoir où aller, je pense que c’est la meilleure façon de se planter, aussi bien dans l’éclairage à la prise de vue que dans le post traitement. Pour l’instant, je n’ai rien inventé dans le post-traitement, je cherche encore mon style … Et je n’ai pas honte de dire que j’aime bien essayer d’imiter ! Par exemple, ce que font Joel Grimes et Joey Lawrence.
Darth: Est-ce que tu continues à explorer de nouvelles idées, de nouvelles techniques inédites ?
Michael: Je suis en constante évolution, je fais toujours beaucoup d’essais, parfois c’est heureux, mais souvent, ça ne l’est pas ! Je crois qu’au début (personnellement, j’en suis toujours au début, même si ça commence à venir !), il vaut mieux s’en tenir à des positionnements de flashes classiques (en s’inspirant d’ultra classiques comme présentés ici : http://www.professionalphotography101.com/portrait_lighting/index.html). Une fois qu’on maîtrise bien tout ça, avec l’expérience, j’imagine qu’on peut devenir original !
Darth: Quels sont les photographes que tu admires ?
Michael: J’aime la photographie moderne, bien éclairée, bien travaillée, bien posttraitée. En fait, j’aime la photo à vocation publicitaire, voire faite pour des affiches de cinéma. À ce titre, je suis fan des photographes anglo-saxons Joe McNally, Neil Van Niekerk, Joey Lawrence, Joel Grimes. J’allais oublier David Hobby !
Darth: Qu’elle est ta photo préférée, de ta production et d’un autre photographe ?
Michael: Je n’ai pas réellement de photo préférée dans ma production personnelle. D’une part parce que je suis un insatisfait chronique dans ce domaine, et d’autre part, parce que si je les ai publiées c’est que j’y trouve tout de même un intérêt, mais différent sur chaque image. Ceci dit, les photos que j’ai fournies pour illustrer l’article sont celles qui me plaisent le plus…
Pour celle d’un autre photographe, j’aime beaucoup les productions très strobistiennes de Joe McNally, en particulier une qui s’appelle « Creepy guy in alley » qu’on retrouve dans son livre et sur son blog. Il y en a plein d’autres également qui collent avec une ambiance de film, des clichés très colorés, bien mis en scène.
Darth: Que peut-on te souhaiter pour ton avenir photographique ?
Michael: Un peu plus de temps libre pour pratiquer et partager ! Je suis souvent obligé à mon grand regret de refuser des propositions de shoot venant de modèles amateurs par manque de temps. Le travail, c’est tout de même chronophage !! ;-)
Darth: Un dernier mot ?
Michael: J’espère avoir été intéressant, avoir donné envie à certains récalcitrants du flash de revenir sur leurs préjugés et d’aller un peu plus explorer le domaine et enfin, avoir réchauffé les débutants frileux ! Je reste bien sûr à disposition pour toute info complémentaire, au travers de la page contact de mon blog (même si visiblement, il y a beaucoup de demandes qui ne m’arrivent pas par ce biais : il faut que je remédie à ça d’ailleurs) ou d’une façon plus sûre sur Twitter (DeclicAndCo) ou Facebook (Michael Guarisco).
Darth: Encore une fois merci de m’avoir accordé un peu de temps pour cette interview.
Michael: Tout le plaisir était pour moi !
J’espère que vous avez pris autant de plaisir à lire cette interview que j’ai eu à la mener.
Et cela ne m’étonnerait qu’à moitié que vous ayez envie de faire quelques photos au flash, là, tout de suite !
Bon courage et bonne photo …. avec ou sans flash !