Avant de commencer cet article, je vous invite à lire les deux premières parties si ce n’est pas déjà fait.
Maintenant, que les bases du flash ne doivent plus vous poser de problèmes, nous pouvons donc entrer dans le vif du sujet.
Nous allons faire un petit tour dans le monde du flash Fill-in, un mode de fonctionnement qui n’aura plus de secrets pour vous et dont vous allez être fan!
Nous allons en premier lieu répondre à la question de base:
Qu’est-ce que le flash Fill-in ?
La version simple serait de dire, le Fill-in est le fait d’utiliser son flash en plein jour. Cette affirmation n’est pas tout à fait juste, la définition de Wikipedia me semble pas mal:
Le Fill-in est une technique photographique qui consiste à utiliser la lumière d’un flash en appoint à la lumière naturelle ambiante, pour éclaircir les parties d’une image qui serait autrement sous-exposée. Fill-in est un terme anglais qui signifie « appoint ».
Pourquoi utiliser le flash en plein jour ?
Quand je donne mes cours et que j’annonce à mes élèves que l’on va utiliser le flash en plein jour, ils me regardent tous avec de drôles de yeux. Les plus courageux me demandent pourquoi se servir du flash alors qu’il y a bien assez de lumière?
On peut dire que cette question n’est pas si dénuée de sens. En effet, nous avons tous l’habitude d’utiliser le flash pour compenser un manque de lumière, le faire alors qu’il y en a bien assez peut sembler saugrenue.
Pourtant, trop de lumière peut tuer la lumière. Je dirais même, une lumière trop dure peut être inesthétique, donner des ombres marquées et des zones cramées.
Pour vous faire cet article, je me suis donné mission de faire une balade en famille afin de vous montrer des images en situation réelle.
Vous pardonnerez donc l’esthétisme de ces photos qui est discutable (mais ce sont de très bons souvenirs).
Dans tous les cas, elles n’ont subi aucune retouche ni correction d’expo ou autre, elles sont brutes juste redimensionnées pour passer sur le blog.
Le flash en fill-in peut être utilisé dans toutes les situations, mais beaucoup vont vous expliquer que l’on utilise surtout cette technique pour se défaire des contre-jour.
Il est vrai que dans ce cas, c’est une arme redoutable.
Comme on peut le voir sur la photo ci-dessus, le premier plan est en partie dans l’ombre, alors que l’arrière-plan est très éclairé.
Ici, sans flash soit le sujet principal était sombre et l’arrière-plan bien exposé, soit l’arrière-plan trop clair (cramé) et le premier plan bien exposé.
Je vais vous présenter deux photos qui ont toutes les deux été réglées pour exposer correctement le ciel.
Une fois sans le flash:
Une fois avec le flash:
Je ne vous ai pas mis la version avec le ciel cramé pour deux raisons, la première, la petite puce n’a pas vraiment gardé la pose, et la seconde, c’est que le sujet principal bien exposé et le ciel cramé on connait tous.
Il y a aussi d’autres raisons d’utiliser le flash en plein jour, l’une d’elles est pour déboucher les ombres trop marquées.
Ici, mon angle de prise de vue m’a permis de complètement effacer les ombres sur le visage. Ce n’est pas toujours possible malheureusement.
Je vais vous montrer que même lorsque les ombres ne sont pas effacées, le débouchage peut sauver votre photo.
Sans flash
Avec flash
Ici, on voit clairement l’effet qu’a pu avoir le flash sur l’image. Les ombres sont débouchées, certaines effacées, d’autres encore présentes, mais on retrouve tous les détails du visage.
On comprend donc l’utilité du coup de flash.
Pour ce qui est des situations où l’on peut utiliser le flash en plein jour, le dernier grand intérêt est dans le cas ou la lumière est très égale, très plate (temps gris) pour donner un peu de pepse à l’image.
Dans ce cas, pas de contre-jour, pas d’ombres à déboucher, mais une lumière plate que l’on ravive avec un petit coup de flash.
Bon, vous allez me dire, c’est bien joli tout ça, mais non on veut savoir comment faire !
Comment mettre en œuvre le fill-in ?
Question technique il faut savoir qu’il y a plusieurs façons de procéder, et que dans tous les cas vous devrez en passer par des réglages plus ou moins fins.
Comme vous avez pu vous en rendre compte, il y a vraiment beaucoup de possibilités, et je pourrais dire qu’à chaque scène il convient d’avoir un réglage précis.
Il n’y a pas de formule toute faite qui pourrait parer à toutes les situations.
Mais allons-y étape par étape.
Première étape: la lumière de votre flash
Pour cet article, je n’ai absolument pas diffusé la lumière de mon flash, braqué sur mes sujets, rien n’était là pour adoucir sa lumière.
Pourtant, habituellement je mets un diffuseur sur mon flash pour soigner un peu cette lumière brutale.
Je vous conseille donc de le faire, dans la mesure où un simple mouchoir est efficace, autant en profiter.
Deuxième étape: intensité de la lumière de votre flash
On va voir deux notions essentielles lors de cette étape. La première c’est la synchro haute vitesse (HP).
Comme on est en plein jour, et souvent au soleil, la vitesse d’obturation sera certainement plus rapide que les possibilités de votre boitier d’être synchronisé avec le flash.
Pour comprendre la synchro au flash, je vais vous montrer une petite illustration :
Explication:
- Le premier rideau est complètement fermé et empêche la lumière d’imprimer le capteur.
- Le second rideau est ouvert.
- Lorsqu’on appuie sur le déclencheur, le premier rideau s’ouvre.
- Une fois le premier rideau complètement ouvert, le capteur est exposé en totalité.
- Une fois le temps d’exposition voulu atteint (en prenant en compte l’exposition partielle qui a eu lieu pendant la descente du premier et du second rideau …), le second rideau commence à descendre.
- Le second rideau est totalement fermé, l’exposition est terminée.
- Les deux rideaux remontent ensemble pour être prêts pour un nouveau cycle.
C’est durant cette durée que le flash doit agir quand il est en “synchro X” ce petit laps de temps où il doit envoyer l’éclaire.
Selon le boitier, cette synchro va de 1/100s pour les boitiers entrés de gamme à 1/300 de seconde pour les boitiers les plus performants.
Vous comprendrez donc que si nos vitesses sont au-dessus de ces valeurs (au-delà de la synchro X théorique de votre boitier) le flash ne peut plus fonctionner.
Pour contourner ce problème, les fabricants d’appareils ont inventé la synchronisation haute vitesse. Votre flash au lieu d’émettre un éclair vif et rapide, va fonctionner comme un stroboscope et émettre des milliers de petits coups de flash afin d’agir sur toute la durée de l’expo.
Par contre, le flash dans cette configuration devient bien moins puissant.
Maintenant qu’on sait pourquoi on va se mettre en flash HP, on va passer à la seconde étape, qui est celle de régler l’intensité du flash.
Le flash va délivrer une quantité de lumière précise calculée grâce aux automatismes TTL.
Cette quantité de lumière peut être modifiée de la même façon que l’on va corriger l’expo d’une photo en braktant. Pour savoir comment faire, je suis malheureusement obligé de vous renvoyer au mode d’emploi, puisque la méthode est différente pour chaque marque.
Pour savoir s’il faut diminuer ou augmenter la puissance de votre flash, pas de recette, il vous faudra malheureusement faire une photo test.
Mais en règle général, on diminue plus souvent que l’on augmente.
Troisième étape: Le réglage de votre boitier.
C’est ici que la plus grande partie du rendu de votre photo va se jouer.
En effet, la vitesse d’obturation va directement influencer le rendu de votre arrière-plan, alors que le flash lui exposera toujours de façon parfaite votre sujet (sauf si votre vitesse d’obturation induit une surexposition général).
Je vais vous livrer ici ma méthode, mais il en existe d’autres, je pense juste que celle-ci permet de garder un contrôle optimal de son image.
Si après lecture vous ne vous sentez pas à l’aise pour agir comme je vais le décrire, se mettre en priorité ouverture est aussi une bonne solution, moins précise, mais viable.
La première étape va être de faire une première mesure de lumière sur l’ensemble de la scène (sans se soucier du sujet principal). Pour ça, mettez-vous en priorité ouverture, choisissez l’ouverture qui vous convient, faite une mesure (avec la mesure multizone) notez les paramètres, passez en mode M, et reporter les réglages.
Maintenant, prenez en photo votre sujet.
Nous allons à présent faire varier la vitesse d’obturation, et magie …. Je vous laisse constater:
Cliquez sur une des images pour la faire apparaitre en grand
Comme vous pouvez le voir, le changement de vitesse n’influe pas sur l’exposition même du sujet (ou très peu) mais à une réelle incidence sur l’arrière-plan.
Ce qui va vous permettre de donner un style tout à fait particulier à vos images. Que ce soit naturel ou encore avec un effet un peu surnaturel (et sans HDR).
Je pense que l’on arrive au bout de cet épisode où j’espère avoir été complet.
Bon courage et bonne photo.