Je vous en avais parlé dans mon précédent article et c’est vendredi que Canon a annoncé ce qui finalement n’était plus vraiment une surprise, un nouveau, que dis-je, deux nouveaux 5D avec un capteur de 50 millions de pixels.
Si je fais un petit billet sur le sujet, c’est que ce nouveau boîtier suscite bon nombre d’interrogations, entre ceux qui ont des étoiles dans les yeux de voir Canon enfin proposer un big méga pixel et ceux qui ont des craintes, les nombreuses discussions ne manquent pas d’animer la plupart des forums photo.
Nous allons dans un premier temps présenter l’appareil, avant un vrai test terrain qui sera publié fin juin début juillet, puis essayer de répondre à certaines affirmations, qui parfois sont juste et d’autres fois à côté de la plaque.
Canon EOS 5DS (R) :
Cela n’aurait échappé à personne que Canon ne propose pas un nouveau 5D, mais bien deux.
Je reviendrais un peu plus avant sur cette différence, mais je tenais tout de même à dire que ce duo me semble un peu étrange, un peu dans la même idée que le D800 et D800E, le premier à un filtre passe-bas et le second aussi … sauf, que la version R est annulé selon les terme de Canon.
La question se pose alors de savoir quel est l’intérêt de sortir deux modèles alors qu’il aurait été plus simple de se contenter d’un 5DS R avec au choix l’activation ou non du passe-bas, vu que contrairement au D800, dans les deux cas le filtre est là.
Pour éviter de se perdre dans la suite de ce billet, je vais donc parler du 5DS R sans faire de distinction entre les deux, sauf dans la partie qui parlera du passe-bas.
Un nouveau 5D ?
Oui, c’est bien un nouvel appareil, mais non, ce n’est pas une évolution du 5D MKIII.
En effet, avec les nouveautés annoncées le 6 février la gamme des reflex Canon couvre un très large panel, il y a en effet pas moins de 11 réflex différents au catalogue, 6 APS-C, qui partent de l’entrée de gamme au reflex pro et 5 pleins formats, du plus “simple”, le 6D au vaisseau amiral de la marque, le 1Dx.
On trouve de fait une offre très large et un choix, qui permet de trouver le reflex qui nous convient, du tout petit 100D au très complexe 1Dx, on a vraiment de quoi faire.
Mais ici, nous parlons des nouveaux 5D et de leur incroyable capteur CMOS de 50 millions de pixels.
Canon VS Nikon :
L’herbe est toujours plus verte chez le voisin, et la concurrence entre deux grandes marques prouve que parfois les constructeurs se doivent de passer un coup de peinture sur leur pelouse pour garder les clients du bon côté de la barrière.
Canon avec le 1Dx a réussi à répondre à Nikon dans les boîtier haut de gamme, mais pas mal de Canonistes regardaient avec envie le D810 de Nikon, successeur des D800 et D800E, il faut dire qu’avec ses 36 millions de pixels, il faisait clairement de l’œil à ceux qui rêvaient d’un boîtier rouge ultra-pixelisé.
Malheureusement, avant cette journée du 6 février, l’appareil qui avait le plus de pixels se contentait de 20 “petits” millions de pixels.
J’avoue que je n’ai jamais été fan de la course aux pixels, de fait, je trouvais que c’était une idée particulièrement intelligente de faire des capteurs avec un nombre “raisonnable” de photosites.
Mais la pression de la demande a fini d’avoir raison de la modération de Canon dans la montée en pixels de ses boîtiers.
La réponse du berger à la bergère est plutôt fracassante, en offrant 16 millions de pixels (soit l’équivalent du capteur du D4s) que leur plus “gros” boîtier en terme de résolution, Canon pousse Nikon à réagir rapidement, c’est d’autant plus vrai qu’un 7D MKII plutôt très bien réalisé fait de l’œil à pas mal de Nikonistes, qui attendent un futur D400.
C’est ce que j’appelle la saine concurrence!
Mais Canon semble viser plus loin, ils sont très clairement en train de draguer les photographes qui lorgnent sur le moyen format, en offrant une résolution équivalente aux PhaseOne IQ250, Hasselblad H5D-50c et Pentax 645Z.
Pourtant, cette énorme résolution est clairement quelque chose qui fait peur à bon nombre de photographes …
Est-ce que 50 millions de pixels c’est trop ?
La question est plus que légitime, en effet, plus on met de pixels sur un capteur, plus la lumière devra être “découpée” – ce qu’on appelle le pouvoir séparateur d’un objectif -, de façon fine par l’objectif pour en tirer le meilleur.
La crainte de beaucoup de photographes est de se retrouver avec des optiques qui ne tiennent pas la route face à ce que demande le capteur aux objectifs en terme de pouvoir séparateur.
J’avoue qu’avant de prendre un peu de recul, avant d’écrire cet article, j’avais également cette crainte, mais quand j’ai décidé de vous présenter ce billet, j’ai regardé les choses avec une vision plus objective et plus posée.
Il faut savoir que le Canon EOS 1Dx, l’appareil qui a la meilleure montée en hauts ISO de toute la gamme a des photosites de 6,9µm, ce qui lui permet d’afficher des images d’une qualité indécente même en très hauts ISO.
Les nouveaux 5DS ont quant à eux des photosites de de 4,14µm, la différence avec le 1Dx est notable, presque trois microns, mais prenons un peu de recul, le 7D Mark II et le 70D, qui ne posent aucun problème particulier aux objectifs de la marque rouge, ont des photosites plus petits que les 5DS, avec 4,1µm.
Certes, la différence est vraiment minime, mais il reste que cela ne pose pas le moindre problème, pour preuve, cette image “sample” réalisée avec le Canon EOS 5DS R et le Canon EF 70-200mm f/2,8 L IS USM II, si vous regardez l’image à 100% cliquez ICI on ne peut être que bluffé par la qualité des détails!
Pour garder un niveau de qualité d’image digne des meilleurs boîtiers pros, Canon a limité la montée en ISO, la plage standard va de 100 à 6’400 ISO, alors que l’extension permet “seulement” d’arriver à 12’800 ISO avec une valeur minimum à 50 ISO.
Alors, pour ce qui est de la capacité des objectifs à retranscrire le meilleur de ce nouveau capteur, il semble que ce ne soit pas un problème, bien au contraire!
Un des points qui inquiètent aussi les photographes, c’est le flou bougé dû à la taille des pixels et à la vibration engendrée par le miroir reflex.
En effet, comme la taille des photosites est vraiment très petite, la plus petite vibration provoque assez de mouvement pour donner une très légère impression de flou qui va un peu “tuer” le piqué général de l’image.
Avec 36 millions de pixels, le D800 y est sujet, et demande à s’adapter en doublant la vitesse de sécurité du flou bougé.
Il semblerait que Canon, conscient du problème, a tout particulièrement travaillé sur l’amorti du miroir pour minimiser au maximum cet effet.
Il faudra bien sûr vérifier tout ça sur un test terrain digne de ce nom.
Reste qu’avec un peu de recul, on peut envisager l’avenir avec un grand sourire, ce Canon sera capable de délivrer des images de très grande qualité.
Et pour y parvenir, Canon a mis toutes les chances de son côté, voyons ça en regardant un peu plus en détail …
Les spécifications de l’appareil :
S’il n’y avait pas le logo 5DS et 5DS R, il serait juste impossible de différencier ces deux appareils de leur frère le 5D MKIII.
En effet, l’aspect et l’ergonomie sont exactement les mêmes, rien ne les différencie réellement.
Il faut dire que c’était une vraie volonté de Canon de montrer que ces deux boîtiers n’étaient pas une évolution du 5D MKIII, mais bien deux boîtiers différents de la même famille que le 5D.
Autrement dit, il n’y aurait rien d’étonnant de voir arriver l’année prochaine un 5D MKIV.
D’ailleurs, ces deux 5DS reprennent beaucoup du 5D MKIII, mais apportent clairement des améliorations.
Deux digic 6 sont là pour assurer le travail énorme que demandent des fichiers de 50 millions de pixels couplés à une rafale de 5 images par seconde.
Autofocus et mesure lumière :
On notera que cette rafale est couplée à l’excellent système AF de Canon 61 capteur dont 41 sont en croix, que l’on retrouve sur le 1Dx et le 5D MKIII.
Pourtant, par rapport au 5D MKIII, il y a une amélioration, car à l’instar des 1Dx et 7D MKII, les 5Ds se voient munis d’un capteur RGB de 150’000 pixels et d’une mesure de lumière sur 252 zones avec reconnaissance des formes pour appuyer les performances de l’autofocus.
On en déduit donc que le système de mesure lumière est de fait très performant et tout comme le 7D Mark II il bénéficie du système Flicker qui permet une exposition constante lors des rafales, mêmes sous des lumières scintillantes telles que le néon.
Viseur et écran arrière :
On retrouve le superbe viseur du 5D Mark III avec un champ couvert de 100%, ce qui est le minimum pour ce type d’appareil.
De plus, pour notre plus grand plaisir, les 5DS (R) reprennent, comme sur le 7D Mark II, le système de l’écran LCD sur le viseur optique pour afficher de nombreuses données, comme un très bon niveau, la grille de composition et toutes les informations nécessaires.
L’écran arrière reste de très bonne qualité, avec un nouveau traitement pour un meilleur rendu au soleil, mais celui-ci sera à vérifier sur le terrain.
Par contre l’idée géniale, c’est la touche Q pour afficher l’écran de contrôle rapide comme sur tous les EOS, sauf que cette fois, cet écran est entièrement paramétrable.
On peut choisir ce qui va apparaitre et ainsi composer un écran de contrôle rapide selon ses besoins et envies, une option que j’espère retrouver sur tous les prochains boîtiers!
Un filtre passe-bas ou non :
Peut-être le savez-vous si vous avez lu mon test du Nikon D800(E), un filtre passe-bas est un élément, qui est placé devant le capteur pour éviter l’effet de moiré.
Le moiré est un effet d’aberration chromatique qui se produit lorsque l’on photographie un motif répétitif:
Le fait de pouvoir choisir d’enclencher ou non le filtre passe-bas reste une excellente idée. Ainsi, quand on est sur une sujet difficile où l’on veut assurer le coup, avoir le choix permet de se rassurer.
@EDIT – 12/02/15: Désolé, j’étais certainement un peu mal réveillé quand j’ai écris ce texte, le 5Ds R ne permet pas de choisir ou non d’enclencher le filtre passe-bas, qui part une astuce matériel “annule” son effet.
Car dans l’absolu, l’effet de moiré est bien plus rare qu’on ne l’imagine, par exemple, à part cette photo, je n’ai jamais eu à déplorer ce problème et ceci quel que soit l’appareil utilisé dépourvu de passe-bas.
La fiche technique :
Je ne vais pas aller beaucoup plus loin dans la présentation de ses nouveaux boîtiers, pour vous faire une meilleure idée de ce qui se cache sous leur capot, voici la fiche technique de ces deux boîtiers.
À noter que la seule différence, comme expliqué juste avant, entre la version R et la version de base, est l’action du filtre passe-bas, pour le reste, ils sont strictement identiques.
Fiche technique
- Capteur : plein format (24*36) de 50,6 Mpx
- Viseur: optique, 100%, grossissement 0,71x, dégagement oculaire 21 mm, quadrillage par surimpression
- Écran : TFT Clear View II, 8,11 cm (3,2 pouces), environ 1.040.000 points
- Mise au point : 61 collimateurs / 41 collimateurs AF de type croisé f/4, dont 5 collimateurs de type double croisé à f/2,8 et 1 collimateur de type croisé à f/8 -2 à 18 IL
- Mesures d’exposition : Capteur de mesure RVB + IR de 150.000 pixels
Système EOS iSA avec mesure sur 252 zones, pondérée centrale et spot. - Vitesse d’obturation : 1/8000 à 30 secondes synchro-X 1/250s
- Motorisation : 5 images par seconde
- Sensibilité ISO : 100 à 6400 ISO extensible à 50 à 12 800 ISO
- Mémoire : cartes mémoire SD et CompactFlash de type I (compatibles UDMA)
- vidéo : 1920 x 1080
- Dimensions : 152 × 116,4 × 76,4 mm
- Poids : 850g
Conclusion :
Ces deux boîtiers seront commercialisés fin juin, je vous présenterai donc un test courant juillet, histoire de peaufiner mes conclusions avec un boîtier de production.
Je pense que ce futur test va intéresser plus d’une personne et je serais très heureux de vous offrir un compte rendu qui se voudra le plus complet possible.
En attendant, si vous avez des questions, surtout, n’hésitez pas à me les poser, je me ferai un plaisir d’y répondre
Bon courage et bonnes photos!