Darth's Blog

Photographier les oiseaux

Je suis tout particulièrement content d’écrire cet article sur la photo d’oiseau et ceci pour deux raisons.

La première, c’est bien entendu le fait que c’est par-dessus tout mon sujet photo préféré.

La deuxième, c’est que pas mal de mes lecteurs me réclament cet article depuis un bon moment.

Dans cet article, nous allons nous pencher sur la prise de vue d’oiseaux que l’on croise moins fréquemment que les moineaux, pigeons ou autres mouettes. À mes yeux ces derniers sont tout aussi intéressants que d’autres oiseaux (j’adore faire des photos de moineaux) mais comme on les trouve facilement, la seule difficulté va être de les sublimer.

C’est d’ailleurs un très bon terrain d’entrainement.

Si vous êtes totalement néophyte en matière de photographie d’oiseau, je vous invite à lire les deux articles ci-dessous avant de continuer celui-ci:

Et si on commençait simplement!
Oiseaux en vol

Maintenant que tout le monde est plus ou moins au même niveau, on va pouvoir commencer et entrer dans le vif du sujet.

La toute première chose à savoir quand on fait de la photo d’animaux sauvage, oiseaux compris, c’est que le Maitre mot est Patience!

Une fois gravé ça quelque part dans votre tête, tout devient plus simple.

Choisir notre future star

Pourquoi commencer par choisir l’oiseau qui va nous intéresser?

S’il est vrai qu’au court d’une balade en été (en campagne) on a loisir de croiser beaucoup d’espèces, quand il s’agit de les photographier tout devient plus difficile.

En photo le but étant de figer l’instant, il faut être sûr que l’on va pouvoir obtenir la photo désirée.

Venir avec son matériel photo et rentrer bredouille (ça vous arrivera dans tous les cas) c’est frustrant, surtout si la semaine d’avant vous avez croisé plein d’oiseaux lors de votre balade dominicale.

Ceci vient d’une méconnaissance des oiseaux et des espèces qui peuplent l’endroit de votre choix.

Si je vous conseille de choisir une seule espèce, ce n’est pas pour vous brider, mais pour vous donnez toutes les chances de réussir vos futures photos.

Avec le temps et l’expérience, vous pourrez élargir votre choix et gérer plusieurs espèces à la fois.

Et n’oublions pas le coup de chance, celui qui fait que vous vouliez la photo de tel oiseau et que ce jour précisément ce fut un autre qui était d’humeur à poser pour vous.

Comment choisir ?

Avant même d’envisager un choix, il faut savoir quelles sont les oiseaux qui vivent dans votre région. Quelles sont ceux qui ne restent qu’une partie de l’année, qu’elles sont les espèces résidentes…etc.

Pour avoir toutes ces infos, je dirais qu’internet est votre ami. Tout particulièrement les forums spécialisés nature où vous allez pouvoir poser les questions sur les oiseaux de votre région, je pense entre autres à l’excellent forum Image&Nature.

Il y a aussi de très bons guides ornithologiques et le site très connu www.oiseaux.net qui seront des guides précieux.

Maintenant que vous avez un large éventail, votre choix va devoir se porter sur l’oiseau qui vous correspondra le mieux.

Si vous êtes débutant et que vous n’avez qu’un compact, il est évident que choisir le faucon pèlerin sera une très mauvaise idée.

Ici, il n’y a que la logique qui va primer et le fait de bien connaitre vos capacités.

Malheureusement, votre matériel va compter pour beaucoup.

Si vous êtes l’heureux propriétaire d’un 800mm avec un boitier qui a un AF de course, il n’y a plus que vos capacités qui vont entrer en ligne de compte. Si malheureusement votre matériel est plus modeste, il va falloir compter avec et choisir des oiseaux qui ne poussent pas votre matériel dans ses derniers retranchements.

Bien entendu, cela ne veut pas dire que vous n’allez pas un jour ramener une photo d’une buse variable en pleine chasse, mais il est évident que cela va être plus difficile.

Au final, ici, il n’y a que vous qui puissiez à travers vos questions et recherches savoir qu’est-ce qui sera le plus adapté pour vous.

Le connaitre parfaitement

Une fois le choix de l’oiseau, qui va être la star de vos photos durant quelque temps, fait, il faut le connaitre le mieux possible.

C’est en réalité 95% de la réussite de votre photo qui dépend de la connaissance que vous avez de l’espèce.

Plus vous allez connaitre de détails, plus vos chances de l’approcher seront grandes.

J’avais fait il y a quelque temps un article sur les hérons cendrés voir ICI où j’expliquais les bases pour le photographier. Si vous n’avez pas encore lu, je vous invite à le faire.

Dans cet article sur les Hérons, je vous expliquais les bases de ce qu’il faut savoir sur cet oiseau pour le photographier. Comme vous pouvez le constater, je parle de son habitat, de sa vue, de son ouïe, de ce qu’il mange…etc.

Ce sont ce genre d’informations (et bien d’autres) qu’il est important d’avoir.

Il vous faut engranger un maximum d’infos sur l’espèce qui vous intéresse pour mettre toutes les chances de votre côté.

De plus, en cherchant ces informations, vous allez peut-être découvrir des réserves naturelles ou vous serez dans les meilleures conditions pour photographier. Certaines ont même des affûts permanents posés pour l’observation et la photographie.

Vous pouvez aussi trouver des “spots”, des endroits où l’oiseau qui vous intéresse se trouve facilement.

Soyons patients

Maintenant que vous êtes incollable sur votre oiseau (certainement devenu votre préféré) la première chose à faire n’est pas de courir prendre votre matériel photo en espérant lui tirer le portrait.

Il faut tout d’abord commencer par faire du repérage et de l’observation.

Pour cela, il faut aller à l’endroit où vous pensez trouver votre sujet. Prenez avec vous vos jumelles pour l’observation, et votre appareil photo, ne sait-on jamais.

Mais le but n’est pas de prendre des photos, mais bien d’observer l’oiseau.

Savoir géographiquement où il est, où il chasse, où il se repose, comprendre ses habitudes, son comportement et tous les détails qui pourront vous aider.

Il faut ensuite trouver l’endroit idéal où vous vous placerez pour vos futures photos.

Selon la méfiance et intelligence de l’oiseau choisi, il faudra peut-être l’habitué à votre affût (on parlera de l’affût plus bas) et à la présence des différents éléments qui composeront celui-ci.

Il ne faut pas hésiter à faire du repérage plusieurs jours de suite.

Plus votre préparation sera grande, plus vous aurez de patience, plus vos chances de faire de bonnes photos vont augmenter.

Vos Vêtements

Que vous photographiez en billebaude ou en affût, et même lors de vos repérages vos vêtements ont une grande importance.

Beaucoup d’oiseaux ont une très bonne vue et peuvent vous repérer de loin. Il faut donc, essayer le plus possible de se camoufler.

Attention, bien que c’est le must, je ne vous dis pas d’en arriver à la ghillie suit testé par notre cher Cédric.G sur son fameux blog Aube-Nature, mais tout de même d’avoir un minimum de camouflage.

Souvent s’habiller foncé est un très bon début, mais on peut trouver des vêtements de camouflage très facilement et bon marché dans les surplus militaires.

Plus vous serez discret, plus votre approche sera simple.

L’affût

Voilà un sujet qui mériterait un article à lui tout seul, voir même plusieurs articles tellement il y a de chose à dire.

Il y a toutes sortes d’affûts, ceux construits en “dure” mis à disposition gratuitement ou moyennant monnaie Les Affûts payants et pour finir ceux que l’on peut transporter qui part de la simple couverture de camouflage bricolée (souvent attachée aux branchages pour fabriquer “l’abri”) jusqu’aux luxueuses “tentes” plusieurs places et même des affûts flottants.

Autant dire qu’il y en a pour tous les goûts, toutes les pratiques et toutes les bourses.

Vous aurez compris que sa fonction est de vous placer à un endroit stratégique pour attendre votre “cible” sans que celle-ci vous voie.

Ce qui implique plusieurs choses selon la méfiance de l’oiseau.

Le placer plusieurs jours avant afin qu’il s’habitue à sa présence, entrer sans que l’oiseau ne vous voie…etc.

Le mieux encore une fois est de prendre conseil sur les forums auprès de spécialiste qui seront certainement heureux de vous donner quelques bons conseils et astuces.

C’est bien entendu les informations que vous aurez récoltées sur l’oiseau, comme le lieu où il se trouve, sa “timidité”, ses réactions, etc, qui vont permettre de déterminer s’il faut un affût ou si une simple randonnée photographique (billebaude) peut s’avérer suffisante.

Le matériel

Comme vous le savez, depuis plus de deux ans que j’écris sur ce blog mon but premier est de vous donner des astuces sans vous faire dépenser d’argent (ou très peu) et en vous contentant de votre matériel.

Malheureusement, quand on touche à la photo animalière très vite deux besoins se font ressentir.

  1. Une longue focale, idéalement au-dessus de 300mm pour les oiseaux.
  2. Un Auto Focus vraiment performant (surtout pour les oiseaux en vol).

Ce sont ces deux éléments qui vont vite devenir indispensable si vous vous passionnez pour la photo d’oiseau (et animalière en général).

Bien entendu, on peut toujours essayer de se passer de ces deux atouts, mais selon les oiseaux cela devient très vite difficile pour ne pas dire impossible.

Malheureusement, plus le boitier est rapide et plus la focale est longue, plus le tout coûte cher.

Avant de vendre sa voiture ou ses enfants pour financer l’achat d’un 600mm F/4, vous pouvez tout à fait débuter avec un 70-300 qui vous permettra de vous débrouiller dans bien des situations.

Un objectif du genre sera aussi suffisant pour vous faire une idée sur la photo d’oiseau et savoir s’il devient indispensable pour vous de viser du matériel plus performant.

Les seuls appareils qui seront vraiment mis à mal seront les compacts et les bridges dont l’autofocus aura toutes les peines du monde à se montrer à la hauteur.

Sinon, à moins de n’avoir que des objectifs en dessous de 200mm, on peut s’arranger pour tirer de belles images.

Il faut aussi penser à prendre un trépied (ou un monopode).

Le trépied est indispensable pour l’affût, attendre des heureux avec l’appareil sur les genoux n’est pas vraiment envisageable.

Le monopode quant à lui se trouve être fort pratique en billebaude (surtout avec des objectifs lourds).

Pour finir, n’oubliez pas une bonne paire de jumelles, de la boisson, de quoi grignoter….etc.

N’oubliez pas qu’il est interdit de laisser vos déchets sur place.

Bien entendu, pas besoin de vous rappeler les choses évidentes, comme de bien charger votre batterie, ne pas oublier votre carte mémoire…etc.

Le moment de photographier

Maintenant que vous êtes prêt, que vous savez tout ce que vous avez à savoir sur l’oiseau, que vous avez préparé votre expédition, que vous avez tout le matériel et les “à côté” nécessaire, vous voilà sur le point de prendre vos premières images.

Je ne vais pas vous redonner les bases de la photo, donc, il va falloir travailler sur vos acquis en faisant attention aux choses habituelles.

Faites attention à vos réglages, il serait dommage de rater une photo, car la veille vous avez photographié une fête et que vous êtes à 6’400 iso en mode M régler à F/32 pour 1/10s.

Vérifiez donc bien que vos réglages soient optimums pour la situation où vous vous trouvez.

Attention à certains plumages qui peuvent être de vrai piège pour l’expo, comme les oiseaux foncés ou très clairs.

Pour le reste, ne vous précipitez pas, prenez le temps de cadrer et de réfléchir à votre photo.

Rien de pire que de rentrer et se rendre compter qu’avec un peu plus d’attention on aurait pu compenser ce contre-jour avec une bonne mesure spot, on attendre un peu que l’oiseau ce déplace pour ne pas avoir cette branche qui passe devant l’oiseau, j’en passe et des meilleurs.

Il  va donc falloir compter sur votre expérience.

Si vous êtes un expert dans un autre domaine de la photo, je pense que cette partie ne sera pas la plus difficile pour vous.

En vole ou au repos?

Quand on débute avec ce genre de photos d’oiseau, on espère tous faire une photo de notre espèce préférée en vol.

Pourtant, même pour ceux qui ont de la pratique, c’est difficile.

En effet, il faut suivre l’oiseau lors de son déplacement, garder la mise au point sur lui…etc.

Autant dire que l’on cumule les difficultés.

Pour autant, il ne faut pas baisser les bras. Encore une fois, la connaissance de l’oiseau sera votre atout.

Connaitre son vol, savoir comment il agit avant de s’envoler, comment il se nourrit (eh oui, cela peut vous indiquer quand et comment il va s’envoler)…etc.

Je dirais qu’à choisir, mieux vaut une belle photo d’un oiseau statique, qu’une photo ratée d’un oiseau en vol.

À vous de savoir si les circonstances vous permettent de faire ce genre d’image.

Conclusion

En écrivant cet article, je me suis rendu compte que je n’ai fait que survoler le sujet.

En réalité, j’aurais pu donner encore bien plus de détails, aller encore plus loin dans les conseilles, mais cet article approche les 2’500 mots, ce qui en fait un des plus longs que j’ai écrits sur ce blog.

Je dirais même qu’il serait aisé d’écrire un livre complet sur le sujet!

Alors, si vous pensez qu’il vous manque des infos, que vous avez des questions à poser, n’hésitez pas.

Je terminerais en vous disant, attention, on prend très vite gout à la photo animalière, tout particulièrement à celle d’oiseau!

Je vous dis donc, bon courage et bonne photo!

PS: Pour les curieux, le nom des oiseaux présents dans l’article dans l’ordre d’apparition:

  1. Buse Variable
  2. Vanneau Huppé
  3. Héron Cendré (à la tombé de la nuit)
  4. Bernache
  5. Milan Royal
  6. Héron Cendré