La photo Low Key

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Voilà un sujet photo tout à fait particulier et qui génère beaucoup d’idées reçues, qui pour la plupart sont fausses.

Avant même de commencer à vous expliquer comment faire pour obtenir un portrait en Low Key, je me dois de vous donner la définition exacte de ce style particulier en n’oubliant pas de balayer au passage les fausses informations que vous aurez pu entendre ou lire !

Car malheureusement, comme pour le High Key quand on cherche des infos sur le sujet on tombe sur des choses franchement farfelues et pour la plupart erronées !

À l’heure actuelle, si l’on tape les mots clefs : “Photo Low Key” dans Google les liens que l’on trouve sur la première page donnent tous de fausses informations !

Mais voyons ça plus en détail.

Avant d’entrer clairement dans le vif du sujet, il faut préciser que ce que nous allons voir aujourd’hui est de la photo typiquement studio.

Cela ne change pas fondamentalement les choses, mais ça implique de votre part un soin particulier sur toutes les facettes de la prise de vue. Car ici, pas de lumière extérieure, pas de chose ou d’élément non contrôlé, tout ce qui fera votre photo viendra de vous. De la lumière à la pose du modèle, le tout devra être pensé et réfléchi à l’avance.

Ne vous lancez pas dans une séance studio, si vous n’avez pas déjà une bonne idée de ce que vous voulez obtenir !

Sans ça vous serez certainement déçu d’un résultat aléatoire dans un contexte où l’on est sensé contrôler presque tous les éléments.

Qu’est-ce que le Low Key :

Voici ce qui semble être la meilleure définition du Low Key :

Image dont la tonalité prédominante se situe dans les valeurs sombres.

Pourtant, quand on cherche sur internet, presque la totalité des sites vont vous donner comme définition quelque chose du genre :

Le low-key, c’est un style d’éclairage dans lequel seule une partie de l’image est éclairée. Le reste est laissé dans l’ombre.

En réalité, un Low Key se définit par la prédominance de tons foncés, et non pas par le type d’éclairage.

Beaucoup pensent que le Low Key est un clair obscur, sauf que si le style clair obscur est un Low Key, tous les low Key ne sont pas des clairs obscurs.

… Difficile n’est-ce pas ?

Ne cherchez pas trop à vous compliquer la vie, gardez simplement en tête que le Low Key est une image à prédominance sombre, qui peut comporter toutes sortes de tons, tant que la majorité de ceux-ci sont dans le sombre.

Pour vous faire une meilleure idée, l’image d’illustration est un Low Key, tout comme l’image ci-dessous :

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Comment obtenir un Low Key ?

Comme on vient de le voir, ce style demande de travailler dans les tons sombres, on va donc privilégier les fonds foncés.

Ce n’est pas obligatoire qu’ils soient noirs, mais pour débuter ce sera plus simple d’utiliser un fond noir.

Je vous rassure, pas besoin de dépenser des fortunes, un simple drap accroché à un mur et le tour est joué !

Où cela devient plus délicat, c’est pour l’éclairage de la scène.

La plupart des sites vont vous expliquer qu’un seul flash sera largement suffisant.

Pondérons ces propos en disant : C’est possible avec un flash, mais difficile, plusieurs sources lumineuses seront plus efficace.

Par exemple, voici le plan d’éclairage de la photo qui se trouve juste au-dessus :


Deux flashs studio avec softbox (pour adoucir la lumière) et deux réflecteurs pour éclairer le sujet, ainsi qu’un flash cobra derrière le modèle pour éclairer le fond.

On voit que cette photo a demandé un peu plus qu’un seul flash…

Mais, je vous rassure, je n’ai pas changé d’habitude, je vais vous expliquer comment faire au plus simple.

Nous verrons également comment procéder avec des éclairages plus complexes.

L’exposition (Flashmètre) :

L’expo est un des points clefs, il va falloir y faire particulièrement attention.

En premier lieu, quand on fait du studio, on essaye toujours de travailler avec les valeurs iso les plus basses et surtout en RAW pour garder le maximum d’info et ainsi avoir un contrôle absolu de l’expo quand le moment sera venu de développer vos images.

Pour mesurer parfaitement votre expo, l’idéal serait bien entendu d’utiliser un flashmètre.

Grâce à lui on peut faire des mesures fines et précises de la lumière incidente (celle qui vient sur le sujet, et non pas celle reflétée par le sujet, comme le ferait la cellule de votre reflex) sur des points donnés, aussi bien sur le modèle que sur le fond.

Malheureusement, pour la plupart d’entre eux, mes lecteurs ne possèdent pas un tel instrument, il faudra donc faire sans.

Dans ce cas, le mieux reste encore de shooter le boitier branché sur un ordinateur portable pour vérifier le résultat en direct sur un écran de bonne qualité.

Dans tous les cas, plus vous serez soigneux avec votre exposition, meilleur sera le rendu.

Travailler en mode M :

En studio, quand on utilise des flashs, on se doit de travailler en mode manuel.

En effet, après avoir trouvé la meilleure exposition, il faut impérativement garder les mêmes valeurs.

  1. On trouve l’ouverture qui convient pour la PDC que l’on désire.
  2. On trouve la vitesse d’obturation simplement en ce plaçant à la synchro-X de votre appareil.
  3. On reporte ces valeurs en mode M et on ne bouge plus !

Étant donné que ce sont les flashs qui fournissent la lumière en quantité désirée, la vitesse d’obturation n’a que peu d’importance. Quant à l’ouverture, elle ne doit être réglée qu’en fonction de la profondeur de champ !

Le maitre mot en studio reste donc le mode manuel !

L’intensité des flashs et la lumière ambiante :

Avec les flashs cobras modernes, l’intensité de ceux-ci se règle automatiquement selon la scène et la lumière ambiante.

De ce fait, et pour avoir un contrôle parfait de l’éclairage, il faudra impérativement régler vos flashs cobras manuellement.

La question ne se pose pas avec les flashs studio, dont on règle forcément l’intensité soi-même.

Une des grandes inquiétudes de ceux qui commencent le studio, c’est de savoir qu’elle sera l’influence de la lumière ambiante qui existe déjà dans la pièce.

Vous pouvez vous rassurer à ce sujet, car à moins d’éclairer votre pièce avec un spot de 5’000 Watts, cette lumière sera toujours plus faible que celle produite par vos flashs.

Pour vous en convaincre, il vous suffira, une fois que tous vos réglages boitier et flash seront faits, de déclencher votre appareil sans flash.

Si la photo est noire ou presque, c’est que la lumière ambiante n’aura pas de conséquence sur votre image.

Avec un seul flash Cobra :

Pour obtenir un Low Key de qualité, le principe de base est d’utiliser la lumière pour modeler le portrait.

Le placement des sources et leur intensité sont primordiaux et peuvent tout changer.

Avec un seul flash, on va devoir un peu ruser et utiliser un accessoire magique, le réflecteur !

Pas besoin d’en acheter un, on va le fabriquer maison de façon très simple.

On a besoin que le réflecteur soit grand, au moins 80*60cm. Pour le fabriquer on va prendre un carton d’emballage (du type qu’on utilise pour envoyer des colis), l’aplatir et y mettre du papier alu que l’on va maintenir avec du ruban adhésif.

Et nous voilà avec un réflecteur de très bonne qualité pour lequel on n’aura dépensé presque rien.

Il y a bien entendu des dizaines d’autres façons de fabriquer un réflecteur maison, à vous de voir si vous avez, ou si vous trouvez de meilleures idées.

Maintenant que l’on a notre réflecteur, nous pouvons penser à nous occuper de notre flash.

La première difficulté va être de faire le maximum pour éviter d’éclairer le fond.

Si vous mettez votre flash en direction de votre sujet, qui est lui-même placé devant votre fond noir, celui-ci, éclairé par le flash, va vite devenir un fond gris, aussi noir soit-il à l’origine !

Pour éviter cela, nous allons essayer d’orienter la lumière de notre flash afin qu’elle ne touche pas, ou presque pas, le fond.


Le plan d’éclairage ci-dessus n’est pas à prendre au pied de la lettre. Il est ici pour vous orienter dans le placement de votre matériel.

Comme on peut le voir, le but est d’éclairer le sujet, et non pas le fond.

Le flash cobra (qu’il faudra impérativement diffuser, par exemple à l’aide d’un mouchoir en papier) ici placé à un peu moins de 45° par rapport à l’objectif, est orienté de façon à éclairer le côté gauche du modèle ainsi que le réflecteur, qui lui va renvoyer une partie de la lumière sur le côté droit du sujet, qui sans ça aurait été trop dans l’ombre.

À vous de chercher les meilleurs emplacements, réglages et autres, pour obtenir un éclairage qui vous convient.

N’hésitez pas à changer la position du réflecteur, l’orientation du flash, sa puissance, de déplacer votre modèle, afin d’obtenir ce vous désirez.

Petite précision, si vous avez un appareil tel que le 600D ou autre 7D (de même chez Nikon) qui gère les flashs à distance depuis leur flash pop-up, n’hésitez pas à vous offrir de la liberté et déportez le flash !

Multiflash (Cobra et Studio) :

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Si vous avez la chance d’avoir plusieurs flashs cobras, ou encore des flashs de studio, vous pourrez cette fois modeler la lumière avec beaucoup plus de finesse.

Ici, on va garder simplement le même principe que pour le flash unique, mais en ajustant chaque source pour qu’elle opère de façon précise et qu’elle joue un rôle dans la composition et le rendu final.

Chaque scène étant particulière, chaque portrait étant unique, il faut travailler sa lumière en fonction de vos attentes.

Comme il y a des dizaines et des dizaines de façons de modifier une lumière, comme il y a une infinité de possibilités de placer ses flashs par rapport au fond et au sujet… etc, on peut dire qu’il n’y a pas vraiment de recette toute faite.

Il suffit de garder la même façon de penser que pour le flash unique.

Cela peut sembler simpliste de ma part de dire que l’on garde le même principe, mais c’est pourtant bien la façon de procéder.

  • Ne pas directement éclairer le fond avec les flashs qui éclairent le sujet (cela doit se faire à part dans le Low Key si on désire autre chose qu’un fond noir).
  • Modeler la lumière en additionnant les différentes sources (avec flash, diffuseur, parapluie, softbox, réflecteur… etc.)
  • Bien vérifier son expo pour rester dans des valeurs sombre sur la majorité de l’image (ce qui n’interdit pas les tons clairs tant qu’ils ne prédominent pas).

Pour vous faire une idée, je vous mets ci-dessous le plan d’éclairage de la photo d’illustration, ainsi qu’une photo du “Making-off“.

Comme vous pouvez le constater, j’ai gardé le même principe de base. La disposition des éclairages change par rapport aux autres plans d’éclairages présentés dans cet article, mais il est toujours dans le même esprit.

Il ne faut pas hésiter à faire preuve d’imagination pour obtenir ce que l’on veut au final.

Par exemple, on peut remarquer sur la photo d’illustration de l’article que le bas de l’image, là où l’on voit le t-shirt rouge de la petite fille, est légèrement plus foncé.

Ceci n’a pas été obtenu en post-traitement, mais en jouant sur la vitesse de synchro de mon boitier.

En effet, ma synchro X est limitée à 1/300 de seconde. J’ai donc réglé la vitesse sur 1/320 de seconde pour que le rideau de l’obturateur assombrisse très légèrement le bas de l’image.

On peut aussi voir sur la photo du making-off que le fond est constitué d’un simple drap noir et que mon réflecteur est fait maison.

Un peu d’astuce est un gros plus pour obtenir ce que l’on désire.

Post-traitement :

Quand vous avez pris toutes vos photos, n’oubliez jamais qu’elles ne sont pas encore développées, et qu’il leur faudra passer par la moulinette d’un programme pour en tirer le meilleur.

Plus vous aurez été appliqué à la prise de vue, moins vous aurez de travail en post-traitement.

Les choses que vous devrez corriger devraient se résumer à cela :

  • Petite retouche des imperfections de la peau (mais un bon éclairage ainsi qu’un bon maquillage devraient très largement limiter cette partie) toutefois, voici le lien d’un tuto que j’avais fait sur le sujet : Tuto Photoshop rendre la peau plus nette
  • Contrôle de la balance des blancs pour avoir une température couleur qui correspond à l’idée que vous vous faites de votre image.
  • Contrôle de la colorimétrie, du contraste et de l’accentuation.
  • Ajustement très léger de l’expo (surtout si elle n’a pas été calculée avec un flashmètre).

Normalement, si vous avez bien suivi mes conseils, vous ne devriez pas avoir plus de choses à faire.

Conclusion :

Si vous êtes arrivé au bout de cet article un peu intense, je ne peux que vous féliciter.

J’espère surtout qu’il vous aura donné l’envie de vous essayer au studio, plus particulièrement au style Low Key.

Malheureusement, mon article est naturellement loin d’être exhaustif, bien que j’aie essayé d’être le plus complet possible.

Si vous avez donc des questions, des besoins de précisions, ou même des astuces et méthodes auxquels je n’aurais pas pensé, n’hésitez pas à m’en faire part dans les commentaires.

Sur ce, je vous dis bon courage et bonnes photos !

 

À propos de l'auteur:

Il est beau, fort et musclé... Enfin, s'il n'est pas tout ça, il est passionné de photo, passion qu'il essaye de vous transmettre du mieux qu'il peut!

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  1. […] petit auto portrait, car ça faisait un bout de temps que je n’en avais pas fait, et depuis l’article de mon ami Franky sur le low key, je voulais essayer cette technique que je n’ai jamais trop travaillé. Allez […]

  2. […] La photo Low Key Un bon gros pavé de Franky, qui comme à son habitude nous sort un didacticiel très bien fait et compréhensible ! En plus, il y a des astuces pour réussir sa photo low-key avec peu de matériel… Que demande le peuple ? (ah on me glisse dans l’oreillette : « high key ! high key ! ») Franky, si tu passes par là […]

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