Nouveau venu dans le monde merveilleux des concepteurs d’objectif, Irix, société suisso-coréenne, nous a gratifié récemment d’un 15mm f/2.4, disponible en 2 versions : la Blackstone et la Firefly.
Le présent test concernera la version Firefly, qui est, pour résumer, la version « light ».
Sur le papier, Irix nous promet du piqué et un minimum de distorsion pour un UGA. Cela fait maintenant 2 bons mois que je possède cet objectif. Je l’ai emmené au Québec, dans les campagnes, dans les villes et même en séance portrait.
Voyons donc si Irix a tenu ses promesses.
Aspect et ergonomie
Le 15mm de chez Irix se décline en 2 versions : la Blackstone et la Firefly. Cette dernière est plus légère d’environ 80 grammes que sa sœur tout terrain. Si la construction optique est identique, la construction externe diffère : la Blackstone est tropicalisée, construite en aluminium-magnesium, finition anti-griffe sur le fut, il y a du métal anodisé sur la base mise au point, etc.
La Firefly, qui nous concerne ici, utilise un alliage allégé et sa bague de mise au point est recouverte d’un antidérapant.
Comme le but de ce test n’est pas de vous faire rentrer dans les détails techniques poussés de ces objectifs, je vous renvoie sur le site d’Irix, où vous trouverez toutes les données de ces objectifs : http://fr.irixlens.com/
En pratique, j’ai trouvé la prise en main plutôt bonne. Quand on prend cet objectif en main, on sent bien qu’Irix n’a pas lésiné sur la qualité de fabrication, il inspire la confiance et parait résistant (vous constaterez plus loin, que ce n’est pas qu’une apparence). Monté sur mon Nikon D810 muni de son grip, l’équilibre est très bon, ce qui nous permet d’avoir un confort d’utilisation plutôt très agréable à l’usage.
Dans les aspects pratiques, les ingénieurs suisses d’Irix ont pensé à munir la corolle plastique entourant la lentille centrale de son UGA d’un pas-de-vis, ce qui permet de lui adjoindre un filtre vissant (95mm de diamètre), chose assez rare pour être soulignées. Dans le même ordre d’idée, la pare-soleil est muni d’une petit trappe s’ouvrant sur le bord du filtre de façon à pouvoir faire tourner un polarisant tout en gardant le pare-soleil en place. Il y a aussi possibilité de mettre des petits filtres en gélatine à l’arrière de l’objectif.
Le crash-test
Comme je vous l’ai dit plus haut, l’Irix parait solide à la prise. Étant perfectionniste, je lui ai fait subir un crash-test…. Bon ok, j’ai glissé sur de la mousse sur des rochers au bord du Saint-Laurent et l’objectif s’est sacrifié en évitant à mon boitier de se fracasser contre lesdits rochers.
Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessus, quand on retrouve son objectif dans cet état, on peut être légitiment pessimiste sur la suite des prises de vue. Cependant, par acquit de conscience, j’ai remboité le tout et là, surprise, pas le moindre problème optique ou de mise au point, il fonctionne toujours comme si il n’y avait rien eu. En rentrant à l’appartement, j’ai recollé les pièces comme j’ai pu, l’aspect cosmétique en a pris un coup (mais au moins ma version est maintenant unique) mais j’ai continué à prendre des photos sans problème le reste de mes vacances. Il y a d’ailleurs quelques photos d’illustration qui ont été prisé après ce petit accident. Essayez de les retrouver !
Et comme je l’ai précisé, j’ai la version Firefly, censée être moins résistante que la version Blackstone. Voila donc un très très bon point pour l’Irix.
Sur le terrain:
Comme dit précédemment, l’objectif monté sur mon D810 + grip donne un ensemble qui malgré son poids total reste très bien équilibré, ce qui fait que c’est un plaisir de l’utiliser, y compris sur de longue période.
Il s’agit d’un objectif à mise au point manuelle. J’avais une légère crainte sur ce point, ayant toujours eu des autofocus.
Cependant, les nombreux repères (infini, hyperfocale) présents sur le fût vous facilitent la tâche, ce qui fait que dès mes premières photos, la MAP m’a semblé totalement naturelle. De plus, une petite bague vous permet de bloquer votre bague de mise au point. De cette façon, votre objectif est immédiatement utilisable si vous désirez l’utiliser en mode « street photo ». L’ouverture, elle, se pilote depuis le boitier.
La bague de MAP est un peu raide à l’usage mais cela ne présente pas vraiment un problème en utilisation courante, et elle vous permet des mises au point précises et efficaces à main levée. Dès que vous utilisez votre objectif sur trépied, un petit coup de Live View pour vérifier votre mise au point et à moins de vraiment le faire exprès, elle sera toujours parfaite.
Un autre avantage de cet objectif est son ouverture à f/2.4, ce qui s’avère bien utile quand vous décidez de l’utiliser en portrait, en intérieur bien sombre ou en astrophoto (je n’ai malheureusement pas encore eu l’occasion de le tester dans ce domaine, mais je ne doute pas que les aficionados du genre vont se pencher sur le cas de ce 15mm).
En utilisation portrait évidement, vous n’obtiendrez pas un bookeh equivalent à un 85 1.2 mais cela vous permettra d’obtenir des fonds flous, ce qui pour un 15mm n’est pas si courant et bien agréable à l’usage.
Avoir une ouverture a f/2.4, c’est bien, mais est-ce vraiment utilisable ? Absolument, dès la pleine ouverture, le piqué est au rendez-vous au centre et sur une bonne partie de l’image. Il faut vraiment aller chercher dans les coins pour qu’il commence à manquer. Et encore, si on le compare avec ces confrères reconnus et bien plus chers, il n’a vraiment pas à rougir sur ce point, que du contraire.
Irix nous a promis également un minimum de distorsion. Et encore une fois, il ne s’agit pas de publicité mensongère. Comparé à d’autres objectifs du même type, les distorsions sont vraiment mineures et relativement facilement corrigeables en post-production. Pourquoi le « relativement facilement » ? Parce qu’à l’heure où j’écris ces lignes, ni Lightroom ou Capture One ne reconnaissent l’objectif et vous devrez donc rectifier ce que vous désirez manuellement.
Une autre avantage du peu de distorsion, c’est qu’il ne m’a pas été très compliqué d’assembler 2 images pour faire un mini-pano
Comme à P.O., ça pique déjà très bien, je vous laisse imaginer ce que ça donne dès que vous commencez à fermer votre diaphragme. Sans doute que les férus du pixel peeping et autres photographes-laborantins trouveront des manques par-ci par-là, mais honnêtement, en vision normale de vos photos, le piqué proposé par cet objectif n’aura rien à envier à ce qui se fait de mieux sur le marché.
Les contrastes obtenus sont très bons et la gestion de couleurs est au niveau. C’est simple, j’avais des fois l’impression d’avoir un filtre polarisant monté sur l’objectif.
Un autre point sur lequel l’Irix se débrouille très bien, c’est la gestion des flares. Sur les UGA, cela pose souvent un problème. Je dois avouer qu’avec l’utilisation que j’en ai eu, il faut vraiment aller dans des positions de soleil extrêmes pour voir apparaître des flares gênants.
Rajoutez une distance de mise au point minimum de 28cm et vous aurez vraiment une multitude possibilités pour vous amuser
Conclusion
L’Irix 15mm est mon premier UGA et honnêtement c’est un achat que je ne regrette pas une seconde !
Cet objectif vous offre le piqué et le peu de distorsion promis par les ingénieurs d’Irix tout en restant très facile d’utilisation et en y ajoutant une robustesse et une fiabilité supérieur à vos attentes.
D’autant plus qu’il y a encore un point sur lequel je n’ai pas attiré votre attention : son prix.
Comptez environ 430 Euros pour une version Firefly et 200 de plus pour la version Blackstone.
Pour ce prix-là, vous aurez un objectif vous fournissant des résultats équivalents à des objectifs valant plusieurs fois son prix.
Si vous cherchez un UGA, n’hésitez plus, foncez !